Les élections dangereuses 8/12
Olivier Bay
Paris, 28 avril 2027
La berline d'Édouard de Franc s'arrêta devant le siège de son Parti. Bon nombre d'admirateurs l'attendaient. Le service de sécurité avait été obligé de mettre en place des barrières de police pour maintenir la foule.
Au fond de la banquette arrière, le candidat proche de la cinquantaine ne s'emballait pas :
— Cette mise en scène est ridicule, Robin ! J'aurai préféré quelque chose de moins ostentatoire, s'énerva-t-il.
Le jeune conseiller Robin Duval avait pris l'habitude de ce genre de remarques et préférait éluder :
— Vous êtes devenu une star de cinéma, répondit-il avec une pointe d'humour. Vous allez devenir l'homme le plus important de l'État.
— Ne dites pas cela ! Les jeux ne sont pas encore faits.
Le chauffeur fit le tour de la voiture pour ouvrir la porte arrière droite afin de laisser sortir le candidat. Des cris de joie s'échappèrent de la foule. Il s'approcha avec dédain de certains d'entre eux. Après un bref signe de main, il signa deux autographes, au moyen d'un stylo que lui avait tendu un de ces fans. Il s'éloigna immédiatement, en oubliant de rendre le stylo à son propriétaire.
Les deux hommes entrèrent dans le hall.
— Quel est mon programme de la journée ? fit Édouard de Franc, d'un ton sec.
Robin répondit du tac au tac :
— Marc Girard vous attend pour établir le plan de bataille.
— Je le recevrai à mon bureau à dix heures !
Il accéléra le pas vers une de ses assistantes en laissant son conseiller sur place :
— Allez jouer ailleurs ! finit-il par conclure.
Le candidat aimait travailler en comité restreint. Cela lui permettait d'être bien compris de ses lieutenants. Il évitait par la même occasion d'être en position de faiblesse face à un adversaire qui chercherait à braver son autorité.
— Les résultats sont bien meilleurs que nous l'espérions, fit l'homme à la droite d'Édouard de Franc. Nos adversaires sont en train de paniquer.
— Il n'y a pas de quoi crier victoire, mon cher Marcus !
— Vous ne pouvez plus perdre Monsieur ! Beaucoup d'élus se rallient à nous.
— Oh que si ! Et ce n'est pas quelques opportunistes ou élus d'extrême gauche qui vont suffire à me rassurer.
— Restez bien sur vos gardes ! Il nous faut éviter le moindre faux pas pendant quinze jours. Nos adversaires vont essayer de nous conduire vers des sujets polémiques.
— Vous nous connaissez…
— Justement ! C'est-ce qui m'inquiète ! Vous ne faites pas toujours dans la mesure. (se tournant vers Marc Girard) J'aimerais que tu cadres bien les élus de ton fief du Poitou. Je ne veux plus qu'ils parlent de notre programme économique.
Marc allait protester, mais fut interrompu :
— Je ne veux pas que l'un d'entre eux nous ruine la campagne. Nous avons déjà eu du mal à réparer leur dernière connerie.
— Vous parlez de la confrontation face à Gregory Ramone ? demanda le conseiller Duval.
Marc Girard regarda ce dernier de travers, pendant que le candidat poursuivait :
— C'est bien cela ! Vous pouvez vous réjouir d'avoir eu de la veine de ne pas être tombé sur le meilleur d'entre eux, ce jour-là.
— À ce propos, quelles sont les directives concernant Julie Marin ?
— Je m'occupe de cette merdeuse. C'est une sacrée adversaire, mais j'en fais mon affaire. Elle ne me fait pas peur… à moi, signifia-t-il en insistant sur les derniers mots.
Le candidat fit une légère pause.
— Bon ! Tout est dit ! Vous savez ce que vous avez à faire. Laissez-les nous attaquer. À la vue des scandales judiciaires, ils se décrédibiliseront par eux-mêmes. Je vous demande seulement d'éviter les propos malheureux et tout se passera bien. Faites passer le message à nos troupes !
— Et si cela ne suffisait pas, nous jouerons les victimes comme nous savons si bien le faire, ajouta le jeune conseiller.
Édouard de Franc acquiesça :
— Vous apprenez bien votre leçon, Robin.
Ces dernières paroles furent suivies d'un geste de la main, pressant les deux hommes de sortir :
— Vous pouvez vous en aller, maintenant ! J'ai un coup de fil urgent à passer.
Le président James Drake était affalé dans son siège en cuir de son bureau à la Shield Foundation. Il prenait son café pendant la lecture du bilan comptable de son entreprise. Il était mal à l'aise, il avait des aigreurs. Le chiffre d'affaires était mauvais ? Non ! Seulement le café. Suite à une panne de sa machine à expresso, sa secrétaire avait du aller en chercher un de toute urgence, dans une des machines à café des employés. Il en venait à regretter son café colombien préféré qui l'accompagnait avec douceur tout le long de la journée. Il pouvait en dire de même des jolis chiffres qu'il voyait dans la paperasse qu'il feuilletait. Des jolis pourcentages de progression à deux chiffres. Cela en devenait même insolent face au marasme économique du moment. Sa société était dans la sécurité informatique et le succès de l'une de ses branches d'activités, la radio-identification, lui offrait de très belles perspectives de croissance. Elle faisait partie des rares acteurs économiques en état de grâce. Bon nombre d'investisseurs savaient se montrer généreux pour faire fructifier leur patrimoine en son sien. Ce qu'il l'aidait à propulser sa société en tête du CAC 40, loin derrières les autres valeurs.
Le président fut interrompu dans sa rêverie par la sonnerie de son téléphone :
— Oui ! fit-il agacé.
— Bonjour ! répondit sèchement son interlocuteur. Si je vous emmerde, vous le dites ?
James se redressa de son siège piqué au vif. Il reconnaissait parfaitement cette voix. Elle lui glaçait le sang à chaque fois, bien que cette personne soit un associé et non un adversaire.
— Veuillez m'excuser, Monsieur, je ne savais pas que c'était vous.
— Gardez vos excuses pour vous ! J'ai besoin de vous aujourd'hui.
Le ton de son interlocuteur ne laissait à James Drake aucune échappatoire. Cela sonnait comme un ordre. Il tenta une petite manœuvre de résistance :
— Cela ne peut pas attendre ? Je dois voir des investisseurs importants à Hong Kong.
— J'en ai rien à foutre. Il faut qu'on se voit.
— Mais…
— Dois-je vous rappeler qui vous a mis là où vous êtes ?
— Non ! fit-il penaud.
— Pouvons-nous nous voir dans vos locaux ?
— Après la fermeture de l'entreprise ?
— Bien évidemment ! répliqua son interlocuteur sans ménagement.
— Je vous ferais passer par la sortie de secours habituelle. Appelez-moi quand vous y êtes.
L'homme au bout du fil raccrocha en oubliant les formules de politesse.
Crédit Photo : Cedrennes / CC BY-SA 2.0
bon...ben j'ai toujours pas lu ! j'attends les vacances mais je pense que je vais dire tout pareil que Ade et Emilie !
· Il y a plus de 9 ans ·erge
Tout ce que je peux dire c'est que vous allez adorer détester l'homme :-) Enfin! Quand vous l'aurez lu :-p
· Il y a plus de 9 ans ·Olivier Bay
Je dis tout pareil que Ade.
· Il y a plus de 9 ans ·carouille
Tout ce que je peux dire c'est que vous allez adorer le détester :-)
· Il y a plus de 9 ans ·Olivier Bay
Ambiguïté séduisante :)
· Il y a plus de 9 ans ·carouille
Mais qui est cet homme??? suspens, suspens.....La suiiittte vite vite !! ;-)
· Il y a plus de 9 ans ·ade
Tout ce que je peux dire c'est que vous allez adorer le détester :-)
· Il y a plus de 9 ans ·Olivier Bay
Mystère mystère mais j'ai mon idée ;-)
· Il y a plus de 9 ans ·ade