Les Enfants de la Haine

Juliet

De toutes nos enfances emplies de rêves,
il n'est jamais resté qu'une survivante,
et Dieu sait que jamais il n'y eut de trêve
à sa foi jusqu'à cette journée suivante...


J'ai tant attendu le seul véritable je t'aime
capable de donner les blessures au passé.
Mais le coeur fendu je ne sais plus ce que je sème
que le regret de cette tendre vie trépassée.

Et j'ai tant voulu croire en Dieu
pour ne plus voir avec mes yeux,
jusqu'à ce que la haine enlève mes oeillères
et enlève tout le sens à nos vies d'hier.


Au nom de quel amour avez-vous parié
sur la valeur de la vie de la mariée ?
J'ai connu ce coeur qu'une main fermée empale ;
je l'ai vu rougir derrière une peau si pâle.

J'ai oublié les mots qui germaient dans mon innocence ;
la terre de la lucidité s'est révélée morte et aride.
J'ai relié les maux entre eux dans mon voeu de vengeance, l'amertume et l'acidité d'un amour volé par les avides.

Vous qui ne saviez jamais que voir le monde de haut,
vous vous croyiez semblables à des Anges ;
mais c'est en regardant en face tout ce qui est beau
que l'on se voit offrir ce qui nous change.

J'ai imaginé longtemps pouvoir vous laisser rire
mais vos éclats de voix sont des éclats de verre ;
et dans le corps de Juliette ils l'ont laissée mourir,
Alors maintenant regardez mon coeur ouvert !


J'ai marché dans le sang de nos enfances
pour laisser sur la terre les traces de vos crimes,
mais je prie à genoux que vos engeances
ne soient jamais abandonnées aux chasseurs de primes.


A vous qui dansez sans aucune crainte du futur,
qui ne voyez jamais l'amour que comme un détail,
je jette l'opprobre pour avoir donné en pâture
ces vies dénaturées pour en faire du bétail.


Et puisque Juliette est remise aux mains des cieux
alors que votre volonté maintenant soit faite.
Je m'envole sans ailes et demain ses yeux
auront pardonné ma lâcheté et ma défaite.


Que le Diable un jour vous rende vos âmes
pour le dégoût qu'elles lui auront inspiré,
que votre laideur meure dans les flammes
et qu'elles sèchent les larmes désespérées.


Même si par votre faute il est trop tard,
au fond de moi j'ai pitié de vous, bâtards ;
car même si l'Enfer s'envole en miettes,
vous ne reverrez plus jamais Juliette.





(écrit le 19 septembre 2016)

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