Les enquêtes d’Hercule Foireaux (11)

-         Je ne comprends pas ce que je fais ici, enfin, je suis un fils de bonne famille.

-         T'entends Hercule, il s'en vante en plus, le petit con !

-         Mon père est le notaire du village, vous devriez le savoir, messiers ?

-         De quoi ! Des menaces ? Prends ça, ordure ! Je vais t'apprendre, moi, à insulter la marée chaussée, déchaussée de chevaux.

Hercule – Calme toi, Maurice, arrête de lui péter les dents ! Ce jeune n'a rien fait, on s'est trompé de suspect. Il ne correspond en rien à la description.

Maurice – C'est à voir, je lis : « individu maghrébine, mais en noir mat verni » … Tout à fait le type de notre blondinet, gominé, parfumé… « Habillé, d'un blouson de cuir noir type perfecto à clous rouillés et chaînes graissées »… Regarde Hercule, ces vêtements de luxe sont pratiquement neufs, il est évident qu'il vient de se changer aux Galeries Lafoiryette, aux rayons Golden Boy. Pour moi, c'est lui !

Hercule – Je continue ta lecture : « le suspect est lourdement armé »… Je te rappelle qu'on n'a trouvé aucune arme quand on l'a interpellé.

Maurice – Comme tu peux être naïf, mon pauvre Hercule ! Il est évident, qu'il a avalé tout son arsenal, quand il nous a vus débouler avec nos gros sabots de péquenots en bois, enfin les sabots en bois, pas les péquenots, tout de même ! Merde !

Hercule – Je te rappelle, qu'on lui a fait un lavage d'estomac après sa tentative de suicide et qu'il n'y avait pas de métal dans l'estomac !

Maurice – Il a dû les chier avant, pardi !

Hercule – Bon, un dernier point qui me fait légèrement douter. Tous les témoins sont unanimes pour dire : « qu'il avait une sale balafre de l'œil droit à l'oreille gauche et une autre ou la même, mais en plus moche, du menton jusqu'au cul via l'oreille droite. » Or, notre  jeune dandy est indemne, à se demander s'il se rase déjà ?

Maurice – Soit professionnel, Hercule ne te laisse pas aveugler par des apparences fallacieuses. Notre jeune ami est fortuné, il a eu tout  le loisir de se refaire faire la plastique faciale.

Hercule – La vache ! Tu parles vachement bien, à c't'heure !

Maurice – Non ! C'est pas de moi, c'est une citation que j'ai reprise de chaussette ou de volet dans « Spirou chez les nudistes ». Bon allez ! Tout est dit ! On ne va pas y passer la nuit, quand même, d'autant plus qu'il n'est pas encore midi ! Pour moi c'est lui ! Ça ne fait aucun doute ! Qu'est-ce que t'en dis ?

Hercule – Je n'ai jamais été contre les convictions d'un bon flic. Sans l'intuition et l'inculpation que serait le travail de police, une simple machine sans âme, non ! L'instigation, pardon, l'investigation, policière est bien plus subtile que cela, non de crénom de crématorium de merde, pardon ! Donc ! Ceci pour dire que je te suis, enfin du verbe suivre, à cent pour cent, Maurice ! Si tu sens intimement que c'est lui, le pourri, pour moi j'en suis, enfin du verbe être, à cent pour cent aussi, donc cela ferait deux cents pour cent de certitudes, ça commence à faire pas mal de pourcentage de probabilités pour éviter la bavure.

Maurice – Attends je le sens d'ici, tu ne sens pas cette odeur de pourriture dans la pièce ! Ça c'est le flaire du limier de chasse !

Le prévenu – C'est du Gaultier !

Maurice - Ta gueule, ordure de pourriture à la confiture, la cuillère en argent encore coincée dans les dents !

Le Prévenu – Communiste !

Maurice – Eh Arthur, t'entends ça ! Il est con l'autre ! Il me prend pour le commissaire !

Arthur – Justement, en parlant de commissaire, il vient de m'appeler pour nous prévenir que le suspect s'était livré de lui-même à la justice et qu'il ne fallait, en aucun cas, toucher au fils du notaire qui est aussi le maire de la ville et l'amant intime du préfet.

Maurice – Dit Arthur, tu as gardé un exemplaire du manuel : Gestion de la circulation sur la voie publique pour les nuls ?