Les enquêtes d’Hercule Foireaux (23)

-         Monsieur, Foireaux, puisque je vous dis, que j'ai des perruches dans mon jardin ! Je n'suis pas folle quand même ?

-         Soit, mais je vous signale, nonobstant, que la perruche n'est pas un oiseau européen de notre belle France. Comment êtes-vous certaines que ce sont des perruches ?

-         Elles sont vertes !

-         Les Martiens aussi !

-         C'n'est pas le même vert, là c'est le vert perruche !

-         Alors, je note : « Des perruches, pas des Martiens.» Très bien, ça m'arrange, car je viens juste de sortir d'une enquête épineuse avec des Martiens, pas commodes les bestioles ! Donc restons factuelle, combien de perruches ?

-         Deux ! Une petite et une grande, mais de la même taille ! Surtout la petite.

-         Je note : « Deux perruches identiquement différentes. » Restons factuelle, portez-vous des lunettes, Madame Volebas ?

-         Oui ! Dans mon sac pour ne pas me marquer l'arête du nez.

-         Ah toujours cette coquetterie féminine des vieillardes ! Et votre sac, il les a vus aussi ces perruches ?

-         Tout à fait, mieux que moi, puisqu'il a mes lunettes !

-         Logique en effet ! Les a-t-il identifiés les perruches, votre sac ?

-         Non ! Il regardait ailleurs.

-         C'est fâcheux ! Y aurait-il, d'autres témoins qui les auraient vues, des voisins, peut-être ?

-         Je ne parle pas aux voisins, tous des cons !

-         Vous avez bien raison, on n'est jamais trop prudent ! Avez-vous un chat ?

-         Oui et non !

-         Mais encore !

-         J'ai un chat, mais je ne m'en sers pas, car je ne sais pas le faire marcher.

-         Très bien, je note : « Un chat qui ne marche pas. » Votre chat statique, il les regarde les perruches ?

-         Bien sûr ! Tout le temps, il voudrait les manger, pardi, mazette !

-         Logique, se lèche-t-il les babines ?

-         Pas remarqué, ça, les babines ? Sans lunettes, c'n'est pas facile, non plus!

-         Evidemment, je comprends. Très bien, je vais donc procéder à l'arrestation des deux jardiniers que vous avez embauchés pour tailler vos rosiers !

-         Merci, inspecteur, vous m'enlevez une épine du pied du caillou que j'ai dans ma godasse de chaussure.

-         C'est mon job, ma p'tite dame, Allez Bonne Année, Bonne San… enfin vous m'avez compris !

-         Pardon ?  Vous pouvez répeter, je n'entends pas très bien, des oreilles !

-         Je disais ! Vous pouvez me régler en espèce, en cash ou en liquide, au gré de votre convenance.

-         Je vais mettre mes lunettes pour vous faire un chèque. Où les ai-je encore mises ces lunettes ?

-         Votre sac !

-         Pardon ?

-         DANS VOTRE SAC !

-         Oh, mais vous n'y pensez pas, je n'ai jamais de sac, j'aurais trop peur de me le faire voler !

Voilà, c'est fini, l'histoire ne dit pas si Hercule fut payé, par contre les deux jardiniers furent décapités au coupe-haie.