Les gens de la mer -3-

aile68

Prêter sa chambre aux amis des parents, du point de vue des jumeaux c'est hyper embêtant, on abandonne ses BD, ses cassettes, son grand bazar, pour se retrouver dans le canapé-lit du salon. Faut pas faire de bruit, arrêter les rires au-delà de minuit, bref se transformer en statue le temps d'une nuit. Bien que courte, celle-ci leur paraît interminable, et il fait plus chaud que d'habitude parce que le ventilo est réservé pour les amis. Du coup à cinq heures du mat', Alain et Francesco se lèvent et vont finir leur nuit dans le hamac du jardin pour l'un, et dans un transat pour l'autre. N'empêche il fait bien bon à l'extérieur! Il fait même frisquet, les plaids sont les bienvenus. Entre la lumière blafarde de l'aube et le soleil pas tout à fait levé, on se croirait dans un film d'horreur avant le massacre à la tronçonneuse. Véronique qui a entendu la "discrétion" des jumeaux ne tarde pas à les rejoindre, attention une dispute va bientôt commencer comme lorsque ils étaient petits! Les jumeaux sont en plein âge bête, et ne tolèrent que rarement leur soeur aînée sauf si celle-ci leur peut être utile, c'est-à-dire rarement! Aussi lui réservent-ils un accueil plutôt "grincheux" et "bougon", à savoir qu'ils sont en train de muer. Imaginez donc la scène...

"Qu'est-ce que vous faites ici, vous êtes fous, ça caille! s'exclame Véro.

- Eh t'as pas vu nos plaids, patate!

- Ils vont être tout humides!

- Mais avec le soleil qu'il va faire ça sêchera vite! répond un des garçons avec l'air de celui pour qui tout est résolu facilement, en moins de deux.

- Evidemment après c'est pas vous qui perdez une heure à enlever l'herbe! dit Véro.

- C'est pas toi non plus, alors de quoi tu te plains? dit Alain.

- Oh! Et puis je vais me recoucher, tiens! répond Véro en rentrant dans la maison.

- C'est ça, on te retient pas!" dit Francesco.

Subir les sarcasmes de deux frères plus jeunes, n'est déjà pas chose aisée, mais quand ceux-ci sont liés par une complicité génitale, ça relève de la torture quotidienne. Bien contents de se retrouver seuls, Alain et Francesco ricanent entre eux de leur aînée qu'ils ont l'habitude de tourner en bourrique. Ce sont vraiment de sales gosses, mais Véro a la fâcheuse habitude de tendre le bâton pour se faire battre. C'est vrai aussi avec ses parents, quoique depuis sa majorité Véronique a tendance à moins foncer  dans le mur quand elle voit rouge.

(à suivre)

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