Les illusions qui s'envolent laissent leur place à d'autres illusions...

Après cet événement, je m'attendais à une répercussion. Mais je n'avais plus peur! Pour moi, Tony avait fait preuve de sa médiocrité, et c'était tout ce qui comptait...
Je sortais donc de l'établissement et la copine de Tony vînt me voir directement. Elle me demanda si j'étais content de moi. Je répondis par l'affirmative. Elle me traita de tous les noms, de "nul", de "minable", de "loser"... Tony était promis à un grand avenir, lui...
Bien que déçu, sur le coup, de sa réaction, je ne me démontais pas. Je préférais être tout ce qu'elle disait de moi qu'être comme Tony. Certes, il aurait probablement une meilleure réussite sociale que la mienne, mais ça ne retirait rien au fait que c'était un pauvre type brutal, condescendant, et haineux. Je n'avais rien à dire de plus.
Et je laissais cette pauvre créature idolâtre devant le lycée. Dire que j'avais cru "l'aimer", dans ma grande solitude... On n'avait visiblement pas le même destin, ni les mêmes desseins. Elle ne m'adresserait plus jamais la parole. Mes illusions la concernant s'étaient enfuies avec ses remarques haineuses, emportées par le vent...
Je rejoignais mes nouveaux amis au "sanctuaire". Je n'y restais pas longtemps cette fois-ci, mais là, j'étais content. Des gens avec qui j'avais des accointances, qui m'apprenaient des choses. Une autre "famille" en quelque sorte...
Vingt-cinq ans après, je ne les ai pas perdus de vue, même si de l'eau a coulé sous les ponts. Il furent déterminants dans ma construction intellectuelle et culturelle. Je ne les en remercierai jamais assez...

(Fin)