Les Interdites

lorebleue

Blanche vient d'enterrer sa mère Louison. Ses enfants sont réunis dans la maison familiale pour l'occasion. En rangeant les affaires de sa mère, Blanche découvre un secret de famille.

Ma mémoire l'a figée dans la beauté de ses vingt-cinq ans. J'ai gardé les maux de ventre. Nos adieux vibrants dans nos gorges muettes.

C'était le dix-huit juillet 1958. J'avais 19 ans. Je t'avais mise au monde il y a vingt-quatre mois. Je quittais le manoir de La Huchette. Tu étais dans mes bras et mes larmes inondaient ton visage.

Blanche, j'ai aimé cette femme. Elle s'appelait Constance.

J'ouvre ce cahier jauni par l'impatience des mots car le courage de te confier notre histoire m'a manqué. Je me suis réfugiée toute ma vie dans le secret de mon amour pour cette femme.

Je te demande pardon. Je t'ai volé ton enfance. Ta vérité. Les mots sont restésaphonespour te dire ces années interdites; l'hypocrisie de cette société bourgeoise, ces années 50 qui m'obligèrent à me terrer ma vie entière dans le mensonge.

Elle a rangé le bureau le lendemain de l'enterrement. Sans doute, aurait-elle dû laisser Marie-Jeanne, sa tante, emballer les papiers de sa mère qui emplissaient les tiroirs et jonchaient le sol. Ils auraient fini à la cave jusqu'au jour où ses enfants les auraient exhumés. Seulement, le cahier trépignait de lui dévoiler son histoire.

En soulevant le rabat du secrétaire usé par les années, elle extrait une photo et un cahier d'écolier aux lignes bleues lavande. C'est d'abord la photo qui retient son attention, pâle, presque effacée par le temps. Deux jeunes femmes tiennent chacune une fillette par la main. Blanche croit reconnaître à gauche sa mère, très jeune, un visage souriant relevé par un chignon sauvage, des mèches folles, blondes, secouées par le vent, fixées par le photographe sur l'une de ses joues. Elle est affublée d'une blouse sur une robe à manches longues, une de ces robes de bonne qu'on portait au dix-neuvième siècle. A côté d'elle se trouve une jeune fille à l'allure aristocrate, droite, très belle avec sa coiffure tressée, des perles au cou et un visage de reine. Ses yeux s'arrêtent sur la fillette, celle qui tient la main de sa mère. Sans aucun doute, c'est elle. Elle n'a pas plus de deux ans. Et l'autre fillette qui est-ce ? Sans doute une petite camarade. La femme au cou altier qui retient sa main serait la patronne de Louison ? Sa mère lui avait évoqué ses ménages dans sa jeunesse. La complicité entre ces femmes est frappante. C'est étrange de poser avec son employeuse songe Blanche. Son père est sans doute l'auteur de la photo. Il est mort à ses trois ans. Blanche aimerait se souvenir des traits de son visage, ne plus se cogner à un fantôme dans ses rêves agités. Elle observe longtemps ces quatre personnages. Il y a une ressemblance frappante entre sa mère et elle, mais en regardant de plus près, l'autre fillette lui semble familière, dommage que la moitié de son visage soit effacée, comme si la photographie avait souffert d'un frottement régulier. Blanche finit par poser le cliché sur la table et ouvrir le cahier. En feuilletant négligemment les pages, elle découvre un récit, des lignes écrites par sa mère. Jusqu'alors, celle-ci rédigeait des lettres administratives ou des cartes postales.

Elle se jette sur les premières pages. Les mots de la déflagration. Blanche détourne son regard du mot mensonge imprégné sur sa rétine. Une douleur lui vrille les tempes. L'émotion afflue. Son cœur palpite. Mais c'est trop tard, elle a lu ces lignes qui lui en promettent d'autres. Un instant, la peur l'empêche de continuer. Quelques secondes la retiennent, car elle le sait maintenant, elle lira tout, jusqu'aux dernières lignes de cette écriture fine dans ce cahier à la couverture blanchie du temps de son enfance.

Le cahier en main, elle rejoint la chambre maternelle scellée des silences tragiques. Son destin lui appartient désormais, à l'aube de ses soixante ans, elle, Blanche Clavel, fille de Louison Marie, paysanne d'origine normande et de Roger Clavel, ouvrier typographe.

Le vaste lit accueille ses membres endoloris. Elle s'allonge fébrile, le cœur encore palpitant, la bouche sèche et déjà une colère blanche contre cette femme qui lui vole son histoire, sa naissance, son existence sordide.

Le manoir m'est apparu au bout d'un chemin parsemé de branches de noisetiers qui cinglaient mon visage et m'obligeaient à ralentir. Au bout de quelques mètres, l'ombre froide disparut au profit d'une lumière blanche qui m'obligea à accommoder mon regard. Je découvris une majestueuse grille en fer forgé m'invitant à suivre une allée bordée de sapins centenaires. Au loin, la propriété se manifesta, fière, me priant d'admirer ses colombages. Je ne voulais craindre la beauté du site mais ma condition m'incitait à la modestie et j'avançais d'un pas hésitant, l'échine courbée, signe distinctif de mes origines paysannes. Mon arrivée au seuil de ma nouvelle demeure, face à mes nouveaux maîtres, transpirait de déférence.

C'est la gouvernante qui m'accueillit. Elle me dévisagea et m'invita à patienter dans le vestibule. Madame viendrait me chercher sous peu. Elle conversait avec son jardinier dans la roseraie pour les préparatifs de la Saint-Jean. Cette fête célébrait chaque année le solstice d'été au manoir de La Hachette et son propriétaire y conviait les notables du village. Car Antoine de La Varende, aristocrate ruiné, exerçait son ascendant en toute occasion sur les habitants de son fief aux portes de Deauville. La " Saint-Jean " lui offrait chaque année l'occasion de s'accaparer les bonnes grâces des biens nés et de ses créanciers en particulier. Ce jour-là, chacun était invité au banquet à boire le cidre et les vins de l'année et à manger copieusement les cochons grillés marinant depuis le matin dans leurs jus de pommes sures. On dansait et chantait jusqu'à l'aube dans le champ attenant aux dépendances où un grand feu de joie brûlait les frimas de l'hiver et enterrait les rancœurs intestines pour quelques heures. Même le curé, pour l'occasion, occultait ses devoirs sacrés, et niait l'atmosphère grivoise qui s'emparait des convives en début de nuit ; des couples illégitimes se formant dans les bosquets et les champs alentours. Le Maître en peloton de ligne.

Ce qui me frappa d'abord, c'était sa jeunesse. Nous semblions avoir le même âge. Son visage était d'une beauté renversante, un front haut et fier au-dessus d'un regard d'une douceur singulière. Un teint de porcelaine. Elle était aussi brune que j'étais blonde et des boucles auburn illuminaient sa nuque altière et ses yeux turquoise. Elle me fit penser à une danseuse étoile avec ses longues jambes finissant sur des chevilles enveloppées de rubans dans des ballerines satinées. Sa robe cintrée avantageait sa taille fine et sa poitrine, petite, semblait ferme comme deux reinettes de Caux. Quand elle me dévisagea avec un sourire mutin, je sentis mon cœur s'accélérer et j'en éprouvai une gêne violente qui me fit baisser la tête. Elle dégageait un charme ravageur et en cet instant, je ressentis une onde m'envahir, un chavirement jusqu'alors inconnu à l'aune de mes dix-sept ans. Cette attirance violente, je la rejetterai des hommes. Définitivement. Seule cette femme s'imposa comme une certitude. Un déchirement déjà. Une honte insondable.

J'ai su plus tard que Constance partagea ce trouble, mais comme elle avait été éduquée pour taire ses sentiments, elle le refoula et affirma son rang en m'invitant à visiter la demeure avant que je ne m'attelle à nettoyer l'argenterie qui devait rutiler pour la fête.

Le manoir de La Huchette appartenait à la famille d'Antoine de La Varende, le mari de Constance, depuis sa construction au dix-septième siècle. Aujourd'hui il ne représentait plus qu'un ensemble de vingt hectares de terres, et des dépendances de mille mètres carrés habitables.

Au rez de chaussée, un hall d'entrée distribuait de part et d'autre un salon flanqué d'une grande cheminée, une grande salle à manger avec une table pouvant recevoir au moins cinquante convives, un séjour avec une autre cheminée, une cuisine immense toute équipée de cuisinières en cuivre et inox rutilants, une arrière cuisine et une petite pièce d'eau. A l'étage, un très beau couloir s'ouvrait sur quatre chambres chacune équipée d'une salle de bain. Au second, une mezzanine, encore une salle de bain, deux chambres et deux greniers. L'un des greniers était aménagé en trois chambres pour les domestiques et je partagerai l'une d'elles avec Solange la gouvernante, Richard le jardinier, en occupait une autre. Puis Constance m'invita à découvrir les dépendances, plusieurs bâtiments en colombages renfermant les écuries et une salle de jeux pour Monsieur, féru de billard et de jeux de cartes. J'appris vite que cette garçonnière faisait office d'exutoire sexuel pour les appétits intarissables de Monsieur quand Madame se rendait à Angers pour visiter sa famille.

On était en 1956 et les événements d'Algérie battaient leur plein. Monsieur suivait les informations à la radio, son jeune frère avait combattait dans les Aurès et il savait que cette destination était l'une des plus meurtrières. Lui, était trop âgé, à plus de quarante ans pour servir son pays. C'était un aristocrate respecté et il négociait de belles villas Deauvillaises pour de richissimes parisiens qui envahissaient la côte de juin à septembre, traînant leurs désœuvrements à l'hippodrome et au casino. C'était un joueur invétéré et chaque samedi soir il fréquentait la salle de jeux où il tentait sa chance à la roulette. Il empruntait régulièrement de l'argent à sa sœur qui avait fait fortune dans la mode à Paris et côtoyait les stars de cinéma qui écriraient l'histoire de la Nouvelle Vague. Le Maître partait régulièrement la rejoindre dans ses folles sauteries des beaux quartiers. En attendant, Constance semblait indifférente aux activités de son mari car je sus tôt qu'un seul désir l'obsédait. Avoir un enfant.

C'est Solange qui me le rapporta un matin alors que nous époussetions les lustres des salons, car elle répandait sans cesse des rumeurs sur les Maîtres, surtout sur Madame qu'elle jalousait ouvertement, ce qui m'en fît une ennemie naturelle dès mon entrée au manoir. Ce matin-là, donc, elle me fit part du drame de Madame qui consultait médecins et sages-femmes depuis deux ans et attendait chaque mois que le sang cesse de tâcher ses culottes. Or, Solange était bien placée pour savoir en qualité de lingère, en plus d'être gouvernante, que les culottes de Madame étaient invariablement mouchetées de rouge tous les vingt-huit jours et qu'à chaque fois, Madame gardait plusieurs jours les yeux rougis et le regard triste. Une fois, elle avait entendu Monsieur et Madame se disputer car celle-ci lui reprochait de ne jamais tenir compte de son cycle et de préférer aller s'encanailler à Paris avec sa sœur plutôt que d'assumer son rôle justement les jours où il aurait dû l'honorer plus que de raison. Cette confidence me traversa le ventre si violemment que je dûs m'accroupir, prétextant à Solange un vertige. Je ne supportais pas l'idée du corps de Constance transpercé par ce type qui ne la respectait pas, tout mari et châtelain fût-il ; un homme que je jugeai déjà odieux, vil, mesquin, ne devisant que d'argent et reluquant tous les derrières pourvu qu'ils fussent féminins et prépubères. J'avais vite fait de remarquer ses regards appuyés sur mes seins et mes fesses et ses sourires lubriques quand il me réclamait un fruit ou son journal et attendait que je me retourne pour me mater sans vergogne. Je n'étais pas dupe. Dès le premier jour je détestai cet homme. Ce qui m'affligeait, c'était de réaliser qu'elle sacrifiait sa vie pour ce goujat. Elle semblait pourtant s'en accommoder et lui trouver des excuses mais Constance voyait du beau partout, elle posait un regard franc et naïf sur la vie, se contentant de peu. Lire, écrire, jardiner lui suffisaient. Seul son ventre vide la mettait au supplice. Elle rêvait de fonder une famille nombreuse, s'épanouir entourée d'une ribambelle d'enfants. Elle me l'avait confiée en me questionnant sur mes origines, et je lui avais évoqué alors l'existence de ma fratrie, «  Oh mon Dieu, quelle belle famille et quelle chance vous avez d'avoir six frères et sœurs  ». Elle oubliait, dans sa candeur et son égoïsme de classe, qu'une telle famille, en proie à la paysannerie vivait chichement et que mes parents nous avaient mis au travail très jeunes, sans compter qu'aucune instruction ne nous attendait après l'école primaire. Mon entrée chez les de La Varende avait été une sinécure, un emploi inespéré, une chance pour notre famille.

J'avais passé la journée à servir les invités. D'abord dresser plus de deux-cent assiettes sur des nappes blanches constellées de fleurs des champs, des jaunes, des bleues, des violettes, une féerie de verdure et de petits bouquets entourés de brins de paille confectionnés dès l'aube avec Solange et Richard. Et puis, la relève était apparue, avec tournebroches et cochons, demi-tonneaux de vin par dizaines, roulés par des paysans du coin aux bras puissants et aux visages rougis par l'effort et le Calvados. Nous avions tous plaisanté, buvant déjà le cidre à même les bouteilles, planqués derrière des bottes de paille grandes comme des maisons, certains se bécotant déjà, Solange roulant des pelles à un grand gaillard au teint basané et à la chemise débraillée. Des serveuses avaient été embauchées pour l'occasion, toutes jeunes, vierges, aux corps fluides et fins, aux gestes gracieux, des petites mariées à venir pour les gars d'ici, les gens des bourgs alentours qui venaient donner main forte aux propriétaires de La Huchette, " les Ducs " comme on les appelait au village. Tout ce petit monde des gens de labeur et de cœur, des artisans, des commis, des agriculteurs ou encore des palefreniers ou des jardiniers. Avant que n'arrive le beau monde, le notaire, le médecin, les gens de lettres et les gens de justice, les dames des bonnes œuvres, le curé, les commerçants nantis de Deauville, toute cette bourgeoisie aux mœurs douteuses mais à l'apparence irréprochable, cette faune qui pérorera jusqu'à la fin des années soixante et qui écrasera la jeunesse par son puritanisme et sa morale. Heureusement, arrivera la révolution de mai dix ans plus tard pour donner un bon coup de pied à cette fourmilière.

Parmi ces messieurs, je ne représentais rien d'autre qu'un joli brin de fille qu'on aurait bien troussée, mais la bienséance voulût qu'on n'approche pas le petit personnel du châtelain. Aussi, je passais entre les convives rassurée de ne pas être importunée, si ce n'est par le personnel de cuisine, avec ses réflexions misogynes et ses rires graveleux.

Mais déjà, je n'avais d'yeux que pour Constance qui rayonnait en bout de table, distribuant des sourires et des paroles aimables autour d'elle, riant parfois de toutes ses magnifiques dents en tapotant délicatement son visage, son front et sa nuque de son mouchoir en dentelle en ce jour des premières chaleurs. Car la journée s'annonçait torride jusqu'aux frimas du soir, avant que l'alcool ne vienne chauffer les ardeurs de cette assemblée de petites noblesses intouchables.

Je ne jalousais aucun d'eux, non, seul l'arythmie de mon cœur me surprenait quand Monsieur, une fois ou deux, s'approchait de Madame pour poser sa main sur son épaule délicate et montrer ainsi à tous sa fierté de posséder une femme si belle et si aimable, la reine de cœur de son royaume, provocation jetée aux figures de ces messieurs moins bien nés que lui mais détenant plus grande fortune. Néanmoins, il espérait leur soutirer entre le fromage et le dessert, ou plus tard encore, quand le Calvados fragiliserait leurs défenses, quelques négociations immobilières indispensables à la flatterie de leurs trains de vie. Les heures passant et l'alcool aidant, Monsieur faisait montre d'une allure moins altière et d'un bagout défaillant mais personne ne semblait s'en formaliser, bien au contraire, son attitude avinée autorisait chacun à rejoindre ce relâchement bienvenu. Seule Constance et quelques dames de compagnie restaient dignes et semblaient ignorer la charge dégénérative qui s'annonçait pour la nuit. Il en était ainsi depuis des années, du moins depuis que Madame s'était pliée aux mœurs de Monsieur en contractant un mariage arrangé par sa famille de souche plus modeste, d'embourgeoisement d'avant la Grande Guerre par l'entrefaite du rachat d'une armurerie salutaire. Le père de Constance, avant sa mort, avait réussi le plus beau coup de sa vie en inscrivant sa famille dans une lignée patricienne. Pourtant, seul un patronyme; tout aristocrate fût-il, ne pouvait plus rayonner comme jadis dans ces années d'après-guerre où la modernité annonçait l'ascension des classes moyennes. Mais pour l'heure, Constance était liée à cet homme qu'elle n'aimait pas comme beaucoup de femmes encore au début de ces années de reconstruction où les jeunes filles bien nées épousaient une sécurité financière et abdiquaient devant une liberté qui s'annoncera dix ans plus tard. Seulement, d'enfants, ils n'en venaient pas au manoir et le bel équilibre de l'union des de La Varende se fragilisait d'années en années.

Blanche sait maintenant l'attirance de Louison pour Constance. Elle est entrée dans l'histoire des premiers émois de sa mère. Bouleversée, elle n'ose imaginer tout ce qui suivra, et pourtant il faudra bien se vautrer dans cette douleur inconnue, la biographie de cette mère aux lèvres scellées, cette femme secrète au si lourd passé. Elle ne voit pas encore que l'amour a tout dévoré, tout consumé dès les premières heures de l'arrivée de Louison dans cette maison de Maîtres.

Pour l'heure, Blanche interrompt sa lecture. Elle vient d'enterrer sa mère dans le petit caveau familial. Celle-ci est venue rejoindre son fils René, le frère de Blanche, mort il y a plus de trente ans.

Hier, tous étaient réunis, ses trois enfants, ses trois petits-enfants, ses oncles et tantes, cette famille rustre et soudée, la fratrie de Louison. Ce sont les enfants de la terre, cette terre qui l'accueillit avec son petit frère René, dans une ferme de Beaumont-en-Auge où sa mère les confia à sa sœur Marie-Jeanne à la ferme, car mère et veuve ressemblait fort à mère célibataire dans le début de ces années soixante encore corsetées. Alors, Blanche s'habituera aux bras solides et aimants de sa tante. Du plus loin qu'elle se souvienne, cette fermière au cœur immense la bercera, la lavera, la nourrira du lait de ses vaches, des viandes goûteuses de ses veaux et cochons, de sa teurgoule dont elle raffole encore aujourd'hui et des contes terrifiants habités de sorcières et démons des forêts du terroir, peuplant longtemps ses cauchemars d'enfant. Mais surtout, elle l'aimera sans condition. Puis Marie-Jeanne s'installera chez Louison à la mort de son mari, l'oncle Raoul, l'infatigable paysan, toujours occupé aux champs et à sa laiterie, la plus moderne du pays d'Auge, jusqu'au jour de son attaque cardiaque au lieu-dit Le mal-pendu. Triste sépulture pour ce bon vivant, jouisseur de bonnes chairs et de Pommeau que Blanche craignait et aimait profondément, taiseux mais inlassablement friand des baisers de sa petite Blanquette, comme il aimait la baptiser. Marie-Jeanne se consolera du deuil de son mari en élevant Blanche et René, ses neveux chéris qui remplaceront l'enfant mort-né, le petit Louis, l'inconsolable chagrin d'un couple de paysans rustres aux grands cœurs. Ainsi, à la mort de Raoul, Blanche et René rejoindront Louison leur mère, à Lisieux, où ils vécurent jusqu'à leurs années de lycée, accompagnés de la fidèle Marie-Jeanne qui restera chez sa sœur jusqu'à la mort de celle-ci, il y a quelques jours encore, tenant son rôle d'infatigable intendante et confidente au seuil de ses quatre-vingt-cinq ans.

Blanche se demande si Marie-Jeanne savait. Sa mère avait-elle confié son histoire à sa sœur ? Elle la questionnera, elle désire partager ce cahier avec sa tante, elle ne veut pas s'enterrer seule dans ces aveux et réitérer des années de silence. Et surtout, elle a besoin de consolation, cette révélation est bien trop lourde à porter pour elle seule. Alors elle quitte la pièce, l'alcôve des souvenirs de sa mère et se dirige vers la cuisine où sa tante doit, comme à son habitude, confectionner un gâteau pour ses arrières petits neveux et nièces, encore couchés à cette heure matinale. Car, ils sont tous là, dans la maison de famille, au lendemain des funérailles de grand-mère Louison, les enfants de Blanche, Fanny sa fille, Simon son gendre et leurs jumelles de quinze ans Léa et Marine, Pierre, son aîné, Faustine sa femme et leur petit garçon Clément qu'ils ont attendu si longtemps, tout le petit monde de Blanche, ses amours, sa fierté. Comment pourraient-ils accueillir le secret de leur grand-mère et arrière-grand-mère, comprendre leur aïeule, amoureuse de sa patronne ? Non, Blanche ne peut pas déboulonner Louison du socle familial. Elle a perdu la tête, délirant au déclin de sa vie pour rester le centre d'intérêt de tous, scandaleuse, et s'assurant de rester ainsi une légende pour les siens. A y réfléchir, Blanche se retiendra d'interroger Marie-Jeanne, la pauvre est trop âgée pour recevoir un choc aussi délétère. Louison aura voulu confier à sa seule fille ce qui lui revient de droit. Son héritage maudit.

Désormais, Blanche ressent le besoin de prolonger sa lecture du roman familial. Finalement elle préviendra Marie-Jeanne qu'elle s'absente pour arroser les fleurs de la tombe fraîchement creusée, et cahier en main, s'assiéra à l'ombre du tilleul du petit cimetière de Saint Julien le Faucon, village natal de sa famille paternelle, sur le banc de pierre mousseux, à deux pas du caveau de ses parents et de son frère. Elle veut s'attacher à la terre d'ici, rester ancrer dans ses racines. Mais l'histoire de Louison l'invite à suivre une route étrangère, la terre inconnue du désir d'une jeune bonne plongée dans les tourments de la passion.

Monsieur s'inquiétait de la stérilité de sa jeune femme et s'en était confié au curé qui lui avait conseillé de prier Sainte Colette et de multiplier les rapprochements du cœur de sa femme en délaissant ses habitudes de joueur compulsif. Cette recommandation, qu'il avait tentée de suivre plusieurs semaines, l'avait frustré au point qu'il en ressentit une colère sourde contre Constance. Un enfant, oui bien sûr, mais rien ne devait perturber son rythme à l'agence ni ses heures d'oisiveté. Or, sa femme le contraignait à rester dans sa couche et les petits culs des starlettes de la côte, ou ceux plus mûres des dames de la maison close, commençaient à lui manquer cruellement. Cet homme était donc incapable de jouir du bonheur de posséder une aussi belle personne que Constance, je le devinai alors même que j'étais arrivée chez mes Maitres seulement depuis deux jours. Cet homme ne saura jamais la fortune qu'il possédait alors même qu'il courrait après sans relâche.

Peut-être me juges-tu injuste et crois-tu que mon amour pour sa femme m'empêchait de voir la réalité ? Seulement, cet homme, non seulement salissait mon élue, mais il me salissait moi et le fît tant de fois, que mes souvenirs effacèrent les dates et lieux qui suivirent la première fois, la nuit d'horreur de La Saint Jean de l'année de mon arrivée à La Huchette, quand mon Maitre m'entraîna de force au petit matin dans son antre, la salle de jeux de tous ses plaisirs, même de ceux, sadiques, qui consistèrent à pénétrer violemment, entre billard et comptoir, à grands coups de sa verge violacée, la jeune servante qui se croyait sous sa protection.

Je n'ai plus de mots Blanche, pour te raconter ma haine. Les mots sont restés aphones depuis cette nuit-là, les mots de l'anéantissement de moi-même, la destruction de ma confiance en la vie et surtout dans les hommes. Et si je suis restée malgré tout à subir ce sort, c'est moins par honte que par bonheur de profiter de Constance les jours qui suivirent, cette femme qui m'invitait à tout supporter, tout, sans qu'elle ne sache jamais ce que je subissais. Il me semble qu'en restant, je protégeais aussi Constance de la violence de cet homme et qu'il me restait ainsi un rôle qui empêcha de détruire tout ce que j'étais. Il ne m'avait pas volé tout mon être, et pire pour lui, il m'offrait l'occasion d'aimer extraordinairement sa femme.

Ces lignes, Blanche les avaient lues sans respirer. Maintenant, elle reprend son souffle, traversée par le choc. Elle sait maintenant que le temps est venu d'alterner abattement et violence dans la littérature de Louison, mais aussi, il faut bien l'admettre, un début d'espoir de comprendre l'amour de sa mère pour cette femme, un amour puissant, comme peu d'êtres le vivent dans leurs existences. Elle, elle n'a jamais connu cette ferveur, même si elle reconnait aimer sincèrement Pierre, le père de ses enfants. Bien sûr, elle a vécu le désir des premières années, mais cette folle passion, non, et puis tant mieux. Blanche est une tellurique, une pragmatique. Elle préfère la sécurité de la terre ferme aux turpitudes existentielles, elle est loin de ressembler à cette génitrice, cette nouvelle mère. Alors elle veut retenir la part de son père. Celui qu'elle a à peine connu. Les larmes débordent de ses yeux. Pourtant, elle l'a deviné, son géniteur, c'est lui, l'"Affreux", le violeur, ce monstre, et non pas cet homme gisant au côté de Louison, à deux pas de ce banc sur lequel elle voit sa vie basculer dans l'écriture urgente de sa mère.

Les jours qui suivirent, Constance remarqua ma pâleur. Elle me crût malade et s'en confia à Solange qui lui expliqua que sans doute ma famille me manquait. Le lendemain, au moment du café, après le déjeuner, elle pria Solange d'étendre les draps dans la cour et attendit que Monsieur parte pour m'inviter à m'assoir à ses côtés dans la verrière. Il pleuvait, et les immenses vitres embuées de cette serre luxuriante nous plongeaient dans une ambiance cotonneuse. C'était la première fois que je dévisageais Constance. Je me concentrais moins sur ce qu'elle me disait que sur la texture de ses lèvres qui semblaient aussi douces que des pétales de fleurs. Je rougissais à l'idée d'effeuiller cette bouche délicate, fraiche comme un bouton de rose et rêvais d'y déposer mes lèvres. C'est là que je compris qu'il m'avait laissée intacte pour elle, son monstre de mari, il pourrait tout m'enlever qu'il n'étouffera jamais mon désir de sa femme, et cette pensée me consolait comme si je le rouais de coups. Je crois que c'est là, en cet instant, dans cette verrière, que Constance sût que je l'aimais. Et ma surprise fût qu'elle ne me rejeta pas. Elle me questionnait sur ma famille, mes sœurs, mes frères, et s'il me venait l'idée de leur écrire avant que je ne les revois à la Noel, elle voulait bien m'aider. J'étais en effet presqu'illettrée et profiter de l'instruction de Constance me réjouissait. Tu t'en doutes, j'avais d'autres ambitions, et je voyais là l'excuse idéale de me rapprocher de la jeune femme qui illuminait mes jours au manoir.

Nous prîmes l'habitude de nous voir tous les jours, après l'heure du thé, vers seize heures. J'en garde les plus lumineux souvenirs de mon existence. Constance n'avait que cinq ans de plus que moi, nous étions deux jeunes filles, certes de conditions différentes, mais au fond, nous partagions la même sensibilité, un même enclin pour la nature et aussi l'envie de découvrir le monde. Nous aimions nous amuser et nous retenions les blagues du personnel de maison que nous imitions dans de grands éclats de rire. Et puis, j'avais une grande soif d'apprendre à lire, lire les nouveaux romans dont Constante raffolait. Alors elle me proposa de me lire le roman subversif qui faisait fureur à l'époque, le premier roman de Françoise Sagan, cette jeune fille de notre âge dont tous vantaient le style et la maturité:" Bonjour tristesse". Ce livre incroyablement moderne nous faisait un bien fou et nous suivions les aventures de son héroïne comme si elle fût notre sœur. En somme, Constance étouffait autant que moi dans sa condition de femme. Patronnes et servantes subissions le même joug, la domination d'une société d'hommes. Entre elle et moi, une vraie complicité s'installa, même si chacune s'évertuait à garder son rang, nous étions bien trop formatées pour qu'il en soit autrement. Mais peu à peu, de livres en lettres, de cours d'orthographe en discussions, de promenades en fou rires, j'étais devenue, au cours des semaines qui suivirent, une amie sincère pour Constance. Bien sûr, je ne lui avouais pas mon amour même si nous le partagions tacitement, et bien souvent, au détour d'une lecture ou d'un chemin, j'hésitai à la serrer contre moi et enfouir mon visage dans ses cheveux d'ébène. Je ne lui confiai jamais non plus les assauts répétés de son mari, et je vivais avec cette ignominie au creux de mon cœur et de mon ventre. Mais cette parenthèse enchantée de ma vie seule comptait, et je crois que je vivais grâce à elle, dans une inconstance et une insouciance maladives pour réussir à supporter l'intolérable des heures de l'antre du Maître.

Malgré nos rendez-vous réguliers, je continuais mes ménages mais j'y mettais peu de cœur car mes pensées étaient constamment envahies par Constance.

Solange me détestait et ne savait plus quoi inventer pour me mettre en porte à faux, imaginant les pires mesquineries pour que je perde l'affection de Madame. Elle encourageait mes maladresses, allant jusqu'à casser elle-même des assiettes, rater la soupe ou renverser les pots de fleurs et me le laisser endosser. Seul le maître semblait ignorer la place que Constance m'autorisait désormais au sein de cette demeure, mais cet homme d'un égoïsme crasse restait aveugle aux conspirations et petites alliances de ses gens de maison, et plus grave, à celles de sa femme.

J'ai vécu des jours heureux Blanche, et même parfois de vrais bonheurs quand Monsieur s'absentait pour plusieurs jours. Dans ces moments, Constance était tout à moi, disponible, me réclamant plus que d'habitude, laissant Solange seule maugréer pour toute cette charge pendant que j'accompagnais notre Maîtresse dans son oisiveté. Parfois nous restions allongées dans l'herbe sèche des champs, fatiguées par nos longues marches dans la campagne alentour, et nous observions les nuages se transformer en personnages fantastiques, se désintégrant en quelques secondes en traînes de mariée, dévoilant leurs volutes crémeuses sous nos yeux brûlés par la lumière de l'été. Car Constance m'initiait à la contemplation, l'art de ne rien faire, moi dont le destin était seul tracé pour nettoyer, épousseter, astiquer ou lessiver. Et j'appris à regarder la beauté du monde, les arbres, les fleurs, les animaux, les ciels gorgés d'azur ou noircis par les orages imminents, mais surtout, j'avais tout loisir de contempler la peau de Constance, frôler son bras lorsqu'elle gisait de tout son corps à mes côtés, drapée de sa robe de lin, sa tête délicatement posée sur son étole de soie qu'elle partageait avec moi. Que de fois, ai-je humé son parfum, un mélange de roses et de glycines, enivrant mes sens d'adolescente. Le grain de sa peau réclamait des caresses délicates et je rêvais de caresser sa chair de pêche, blanche et duveteuse. Dans ces moments inoubliables de mon affolement du corps de Constance, je réalisai que ma vie n'était pas destinée aux bassesses des travaux ménagers, usant mon corps prématurément pour des gens méprisants, mais pour jouir de la beauté de ma jeunesse et défier ma joie de vivre dans les innombrables expériences de l'existence.

Constance, elle, était toute à sa joie de polir le diamant brut qu'elle devinait chez moi, derrière mon inculture et ma naïveté de paysanne, la jeune fille avide de savoirs, sur la vie, les livres, la nature et sur toute la palette des émotions. Oui, elle me promettait de m'ouvrir à ce que mon statut m'interdisait de droit, penser, rêver, m'émerveiller. Mais elle ne mesurait pas encore l'intensité de mon amour pour elle. Et surtout elle était loin d'imaginer que ma virginité m'avait été violemment arrachée par son mari et que plus il me salissait, plus je me réfugiais dans la pureté de son cœur et de son regard.

Parce que nous y sommes ma fille, il me faut maintenant te détailler la face sombre de cette histoire, car il faut croire qu'on ne se débarrasse pas aisément de sa condition. Et sans doute, le drame que je vécus me permit de savourer le versant lumineux qu'il me promettait, rester auprès de mon aimée, et la persévérance dont ce porc faisait preuve à me détruire n'avait pas permis de tout annihiler en moi.

Blanche s'oblige à détourner ses yeux des lignes à venir, par pudeur et sans doute déjà par anticipation de la honte du corps souillé de sa mère. Et aussi pour se souvenir de son histoire intacte, sa filiation, la seule qui vaille et qui lui offrait sa stabilité. Mais parce qu'il faut bien se confronter encore et toujours au réel, et puisque sa mère l'y contraint, même morte dans cette tombe à peine fermée, cruelle et lâche, préservée du courroux filial, Blanche reprend fébrile, les mots bleus du cahier.

Les premières lumières de l'aube rougissaient le ciel et je terminais de débarrasser la table sauvagement pillée, jonchée de cadavres de bouteilles, de verres retournés, parfois cassés et reliefs souillant les nappes et serviettes de coton délicat. Même les bouquets finement confectionnés par mes soins avaient été saccagés. Décidément, ces gens ne respectaient rien et ne laissaient derrière eux que mépris et désolation. J'en étais là de mes pensées quand je sentis une présence derrière moi, d'abord une odeur forte d'alcool et de tabac froid, puis la voix du maître provocante et avinée dans mes oreilles. Instantanément, je sentis ses mains me serrer la taille puis soulever ma jupe violemment. Je me mis à crier mais il bloqua ma bouche d'une main en tirant violemment mes cheveux de l'autre, détruisant mon chignon piqueté de pinces florales, offertes par sa femme le matin même alors qu'elle m'avait surprise devant le petit miroir de l'entrée, tentant de me confectionner une apparence coquette à l'occasion de cette si belle fête. J'étais seule, la proie idéale de cet homme libidineux et agressif. Il m'interdit de me débattre, promettant de me renvoyer à mes parents pour vol si je ne le suivais pas docilement. La honte promise à ma famille m'empêcha de réagir. Alors, il me traîna jusqu'à sa garçonnière, son abri où il se terrait pour organiser ses tripots. J'étais tel un morceau de bois, tétanisée, aux prises de cet homme qui me pénétra violemment en me collant contre une table de bridge. Cela me parût durer des siècles alors même qu'il éjacula en quelques secondes, relevant son pantalon et me jeta dehors en me jurant le pire s'il me prenait la folie de parler.

Cette nuit-là, cet homme tua mon enfance et scella ma frigidité. Dès lors, plus aucun homme, même pas ton père, je peux bien te l'avouer aujourd'hui, ne me fit jamais le moindre effet. Ma petite fille, je t'avoue ici ce dont je n'ai jamais osé te dire jusque-là, mais vois-tu, l'heure est venue de me libérer de ce poids qui m'a lestée ma vie entière et si je me confie à toi, c'est parce que j'ai lu récemment que les secrets de famille détruisaient les enfants. Ma Blanche, je sais que tu es déjà avancée en âge, et c'est justement parce que contrairement à moi, il te reste encore des années devant toi, que je veux que par mon poids délesté, ta vie devienne d'autant plus légère, même s'il te faut endurer l'inacceptable. Tu t'en sortiras bien mieux que moi car tu as toujours été la plus forte d'entre nous, depuis toujours, depuis les temps immémoriaux, le temps de tes premiers pas au manoir de La Huchette.

Depuis cette première fois, comme je te l'ai déjà évoqué, d'innombrables autres ont suivi. Le maître n'avait plus besoin de me tirer les cheveux, il me glissait régulièrement un petit papier dans la poche de ma blouse, en fin de soirée, après le digestif qu'il prenait invariablement avec sa femme dans le salon d'été ou d'hiver, et me convoquait à la nuit tombante, à l'heure où les domestiques se retiraient dans leur chambre, pour se rassasier de mon jeune corps.

Cela faisait un an déjà que j'étais au service des de La Varende, et je subissais les assauts de Monsieur en toute impunité; me consolant de l'espoir fou de passer un peu de temps avec sa femme. Comment peux-tu comprendre cela ? Moi-même je ne l'ai jamais vraiment compris. C'était ainsi. C'était ma vie. Je n'avais pas appris à la choisir, en ce temps, mon destin m'appartenait si peu. Il est des tâches qui s'incrustent et ne disparaissent jamais malgré tous les efforts passés à les effacer. Ni Constance, ni cet homme ne sont jamais sortis de ma vie. Inlassablement, je fus leur obligée, la petite Louison, la fille des fermiers de la Pommeraie, en somme, du menu fretin.

Constance était une victime elle aussi. Les femmes bien nées pensaient être libres. Bien sûr, elles avaient le pouvoir de dépenser l'argent de leurs maris et de se dédouaner des corvées ménagères, mais pour le reste, nous partagions le même sort, dépendre du bon vouloir des hommes. En fait, elle et moi nous nous soumettions à cet homme, et je voulais croire que seul son désir d'enfant l'unissait à lui, cette complicité nous rapprochait plus que nous voulions l'admettre. Chaque jour qui passait, mon amour pour elle grandissait car plus le maître abusait de moi, plus j'aimais désespérément Constance, ma Maîtresse, ma Reine. Sa femme. Je savais pourtant que c'était un aller simple vers elle, car il me fallait l'aimer; Blanche, que m'aurait-il resté sinon ?

  • Je suis contente que ça vous plaisie Astrov ! merci

    · Il y a plus de 5 ans ·
    Couverture les interdites  (5)

    lorebleue

  • J'ai lu d'un trait (d'une traite !) ce récit-confession, plongé dans cette très dure époque. Grand merci, Dame ! Je partage !

    · Il y a plus de 5 ans ·
    Oiseau... 300

    astrov

  • Une merveilleuse et émouvante histoire que j'ai dévorée !! Et quelle belle écriture, vous devriez éditer, si ce n'est déjà fait. J'ai vraiment adoré et votre écrit mérite un grand coup de cœur !!!!!!!!!!!!
    Vivement la suite !

    · Il y a plus de 5 ans ·
    Louve blanche

    Louve

    • Merci beaucoup ::):) ça me touche beaucoup, vous pouvez le lire sur monbestseller.com gratuitement

      · Il y a plus de 5 ans ·
      Couverture les interdites  (5)

      lorebleue

    • Merci beaucoup !

      · Il y a plus de 5 ans ·
      Louve blanche

      Louve

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