Les interviews imaginaires d'Yfig - Bernard Poivrot

yfig

Bernard Poivrot interviewe Yfig ... hic !


 BP : (d'un air de profondeur analytique et sur un ton dogmatique)

 Yfig, vous n'avez aucune formation littéraire, vous n'avez jamais été édité pour la bonne raison que vous n'avez jamais rien écrit et pourtant on vous retrouve à squatter des forums de ci de là où vous donnez votre opinion sans que nul ne vous la demande.


 Y : Oui, et alors ?


 BP : (un peu moins sûr de lui)

Eh bien j'espérais que vous nous expliqueriez les raisons qui font qu'on vous retrouve ainsi sur des sites ou des forums qui ne vous ont rien demandé ?


 Y : Est-il donc nécessaire de se justifier pour participer à ces sites qui demandent seulement que l'on s'y inscrive, mais n'exigent ni diplôme ni passeport ni visa.


 BP : (visiblement embarrassé)

Cela ne nous éclaire guère sur vos motivations, sauf si elles se résument au fait qu'on ne vous demande qu'un pseudo pour vous enregistrer.


 Y : Vous me cherchez ou quoi ?


 BP : (très visiblement agacé)

Vous ne voulez pas répondre ou vous ne savez que répondre ?

 

Y : (met son doigt dans son nez, puis se gratte l'oreille. Puis il va cueillir la crotte au bout de son oreille et se la fourre dans la bouche).

Votre question est-elle assez intéressante pour que ça vaille la peine que je réponde ?

 

BP : (écoeuré par le geste et le verbe)

Si vous répondez à toutes mes questions par une autre question, cela risque d'être stérile.

 

Y : Oui, voilà, ça c'est une bonne question !

Non, je ne suis pas stérile, j'ai trois beaux enfants, un chien, un chat et des poissons rouges.

 

BP : Vous faites le malin !

 

Y :Vous ne me croyez pas ?

 

BP : (se tourne vers son assistante avec un air courroucé)

J'essaie une autre question, mais si ça continue, j'arrête.

(s'adresse à moi)

Donc, vous intervenez sur des sites littéraires, pouvez-vous nous dire ce que vous en attendez ?

 

Y : Pas grand chose, disons que je passe un peu le temps et que je cherche à me faire des relations virtuelles.

 

BP : quel est dans tout ça le rapport à la littérature ?

 

Y : Oui, vous avez raison, de ce point de vue les forums sont très décevants, on y lit beaucoup de blabla et peu de littérature. Mais il y a parfois de bonnes surprises, des textes intéressants et rares, des textes confidentiels, de petits bijoux que presque personne ne lit car ils ne rentrent pas dans une forme acceptable par les boutiques.

 

BP : (semble légèrement mieux, mais reste vigilant)

Qu'appelez-vous boutique ?

 

Y : Tous les points de vente où sont commercialisés les écrits.

 

BP : Donc, les librairies, les rayons livres des supermarchés … (il s'interrompt sans que l'on sache exactement pourquoi).

(après une pause …) Et la forme acceptable ?

 

Y : Les mots, qui forment des phrases, qui forment des textes, ne peuvent être vendus en vrac comme dans le rayon légumes de votre magasin préféré. Ils nécessitent d'être préalablement imprimés sur des feuillets qui eux-mêmes sont dûment reliés ….

 

BP : (commence à se tortiller sur son siège et m'interrompt sans tambour ni trompette)

Vous n'allez pas nous réinventer le livre !

 

Y : Eh bien justement, je me disais que nous pourrions y réfléchir.

 

BP : (perplexe et dubitatif)

?

 

Y : Pourquoi ne proposerions-nous pas au grand public des textes à assembler, des feuilles à reconstituer, voire des mots à relier …

 

BP : (visiblement découragé)

Vous ne croyez pas que vous allez vous payer ma tête plus longtemps ….

(Il se lève et semble vouloir achever l'entretien …)

 

Y : Monsieur Poivrot

 

BP : (s'arrête puis repart)

 

Y : Vous ne voulez pas connaître la fin ?

 

BP : (s'arrête et se retourne ver moi)

S'il y a une fin elle est déjà passée !

 

Y : Oui, mais vous parlez de votre fin, moi, je parle de la mienne !

 

BP : Elle ne m'intéresse pas.

 

Y : Vous avez donc perdu toute curiosité, vous êtes à classer dans les vieilles chaises.

 

BP : (sensiblement touché)

Vous ne m'aurez pas avec de telles ‘nouilleries'.

 

Y : Et si j'y mets un peu de ketchup ?

 

BP : Combien ?

 

Y : Votre prix est le mien.

 

BP : (reviens vers moi avec un air vénal)

Vraiment ?

 

Y : Vraiment.

 

BP : (il inscrit un montant sur son bloc note)

 

Y : OK.

 

BP : Très bien, puisque nous partageons certaines valeurs, continuons l'entretien.

Vous envisagez donc, mon cher Yfig, d'apporter un souffle nouveau à la commercialisation de la littérature ?

 

Y : Oui, j'aimerais y revenir, plus tard, après que nous ayons, ensemble, donné une définition commune au mot ‘littérature'.

 

BP : Mais certainement, que proposez-vous ?

 

Y : Un concept nouveau, l'abandon de la référence aux textes et aux auteurs pour nous concentrer sur l'expression artistique véhiculée par le texte, un peu comme celle véhiculée par un tableau.

 

BP : J'avoue ne pas très bien vous suivre, mais si vous précisiez ?

 

Y : Non, j'en suis là de ma réflexion.

 

BP : Très bien ….. (silence gêné …..) et de quoi allons-nous parler ?

 

Y : Nous pourrions parler littérature ?

 

BP : Oui, mais encore ?

 

Y : Nous pourrions parler de moi.

 

BP : Ben je veux bien, mais vous n'êtes pas très intéressant.

 

Y : Oui, je sais mais vous en aurez d'autant plus de mérites : mettre en valeur quelqu'un qui n'a rien à proposer est un fantastique exercice pour un présentateur de votre réputation.

 

BP : Alors essayons.


Yfig, comment vous situez-vous dans la littérature ?

 

Y : Je me situe très exactement à l'épicentre des styles et des mœurs des anciens et des modernes. Si je voulais utiliser un cliché, je dirais que je suis la nouvelle littérature.

 

BP : Oui, mais en vous basant sur quels écrits ?

 

Y : mais en me basant sur l'ensemble de tous ces articulets que j'ai déposés de ci de là, cahin-caha sur internet.

 

BP : vous prétendez donc que la nouvelle littérature se situe sur internet et que vous en êtes le Pygmalion ?

 

Y : Je vous remercie de cette référence à cette icône de la littérature ancienne qui permet de démontrer la cohésion entre le passé, le présent et l'avenir, puisqu'effectivement je prétends donner à cette vieille dame qu'est la littérature de papa un nouveau souffle, une vitalité éteinte, une respiration un langage un vocabulaire, une voix, une culture, une intelligence … (je suis interrompu par : )

 

BP : Oui, bon on a compris !

 

Y : … une éducation, des sentiments, des …

 

BP : ZZZZZZZZZZZZZZ

 

Y : des émotions, du mouvement, des allégories ….

 

BP : ZZZZZZZZZZZZZZ

 

Y : EH ! SI CA VOUS INTERESSE PAS FAUT L'DIRE !!!

 

BP : Oh pardon, je m'étais assoupi !

Mais, dites-moi, Yfig, il me semble difficile de se faire une idée synthétique de votre œuvre si elle s'étend en milliers de petits posts disséminés à l'encan sur la toile ?

 

Y : Monsieur Bernard, sans défi rien de neuf ne peut arriver, regardez Christophe Colomb, Margaret Thatcher, Bruno Dupond, Jacques Dupuis, Michel Roulle ….(je suis interrompu par : )

 

BP : Michel quoi ?

 

Y : Roulle

 

BP : Ah ! ?

 

Y : Vous ne connaissez pas ?

 

BP : Sissi, je n'étais pas sûr d'avoir bien ouï !

Et pour conclure ce super interview, n'auriez-vous pas quelque scoop qui fasse une bonne chute ?

 

Y : Justement, je voulais vous annoncer que je travaille au tout premier « roman éparpillé ». Je vais écrire mes chapitres sur divers sites internet et les lecteurs devront reconstituer par eux mêmes mon récit, je pense que ce sera passionnant.

 

BP : (bâille) Oui, sûrement.

 

 

Cet interview est paru sur le webzin : "Culture - littérature - et agriculture dans les champs et les prés de notre beau pays" édité par les paysans de France et de Navarre et du Calvados réunis. Bernard Poivrot, à cette occasion, a été intronisé comme membre ‘odorifique' de la ligue de ceux qui boivent avec un doigt dans la narine.

 

Depuis cette interviewe historique, Bernard Poivrot a écrit un livre qui est une compilation de ses tweets sur tweeter … plagiat !

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