Les larmes du diable
beau-de-lair
Synopsis :
Marc est commercial, il parcourt la France au volant de sa blanche et fumante vieille guimbarde, enchaine les heures d’autoroute, les repas gras, les mauvais vins, et les hôtels minables.
Il est affublé de costume bon marché bien trop grand et de cravate qui laisse paraitre un mauvais gout évidant, la raie sur le coté, la gomina en excédant et l’éternelle blonde au bec.
Il n’a ni femme ni enfant, du moins il en presque sûr…
Les études « pas eu le temps », il trouve le salut dans la lecture (l’équipe®, tiercé magazine®…).
Ce soir-là âpres une harassante journée peuplé de sourire emprunté et de bobard digne de la foire au boudin, il arrive tard dans cette ville qu’il ne connait pas.
Il cherche son hôtel sur le plan à la lumière des phares qui apparaissent et disparaissent au rythme de la circulation, une pluie glaciale ruissèle sur son visage buriné, il a faim, soif et froid.
Son gros doigt se pose enfin sur la rue tant recherchée.
Texte :
-Hôtel des 4 vents, putain c’est de l’autre coté de la ville !
En voiture ! Il traverse la ville, une cité de province sombre et sans âme où quelques enseignes bariolées s’agitent, les rares passants courbent le dos sous l’averse.
-Soir m’dame j’ai réservé une chambre pour deux nuits au nom de Marronnier.
La réceptionniste est une quinquagénaire au regard vide et aux rides marqués, qui cache son embonpoint sous une improbable robe en laine digne des plus grandes heures de l’enseigne DAMART®.
-Marronnier deux nuits en demi-pension, là par contre il est trop tard pour manger.
Marc insiste, la voiture est dans le parking et les quelques troquets croisés sur le chemin ne l’inspirent pas vraiment.
-Vous ne pouvez pas me trouver une bricole, n’importe quoi un sandwich avec une bière, un truc réchauffé…
-Montez vos bagages je vais voir ce que je peu vous trouver, c’est la chambre 17 au premier l’escalier est à votre droite.
La chambre est revêtue de papier peint à motifs « printemps au pays de Candy » elle est minuscule et défraichie, il pose sa valise sur une chaise au vernis craquelé et en sort son pull fétiche qu’il passe pour se réchauffer.
Après les 15 secondes nécessaires à l’inspection de ses 12 mètres carrés d’inconfort, il redescend.
- il reste de la blanquette si ça vous va on vous la réchauffe.
-Parfait
- Bon allez vous assoir dans la salle au fond, vous voulez boire quelque chose ?
-Un pichet de rouge, un grand !
La blanquette avalée et deux pichets de rouges en guise de dessert il remonte dans sa chambre.
____
Deux heures du matin, Marc réveillé par les vapeurs du carré de vigne® ne dort pas, il est à la fenêtre enroulé dans une couverture sentant fortement l’antimite, il fume sa cigarette en rêvassant.
Soudain il remarque de l’autre coté de la rue par une fenêtre éclairée, une femme qui se tient debout en faisant de grands gestes tels un moulin fouetté par le vent.
Un cri, un bruit sourd puis plus rien, la lumière est éteinte.
La porte de la maison s’ouvre, on distingue à peine une masse sombre qui s’enfuie dans la nuit en un éclair.
-Houlà ! C’est quoi ce bordel.
Que faire ? Après tout je n’ai rien vu pis je ne veux pas d’emmerde moi.
Sa lâcheté prenant rapidement le pas sur son mince côté héroïque Marc retourne se coucher.
Le sommeil ne vient pas et la scène tourne en boucle dans ce qu’il lui reste de cervelet.
Et si elle était morte ? Et si elle agonise…
Fais chié tant pis j’y vais, marc ramasse ses frusques dispersées sur le sol et descend, il traverse la rue, arrive devant la baraque, la porte est entrouverte, il marque un temps d’arrêt.
Si elle est sèche y vont croire que c’est moi, je vais passer trois plombes chez les poulets…
Il se ravise et retourne sur ses pas, mais quel con j’ai pas pris mes clefs.
Marc reste devant la porte de l’hôtel à contempler la façade en grognant.
Une voiture arrive tous feux éteints, d’un bond très incertain il se cache derrière les poubelles.
Un vieux break marron s’immobilise devant la maison et deux hommes descendent, ils regardent partout.
Marc à peur il grelote de froid et sa cachette de fortune le dissimule mal.
Quelques minutes passent ils redescendent avec ce qui semble être un corps qu’ils chargent en hâte à l’arrière de la voiture.
Un des hommes traverse.
-Y m’ont vu !
Marc se relève, cours, l’homme le suit.
Les idées se bousculent dans l’esprit de Marc, je ne sais même pas où aller, je ne tiendrais pas trois minutes en courant, je vais me faire dessouder…
Il tourne à la première ruelle, glisse se rattrape, le bruit des foulées de son poursuivant se rapproche.
Il débouche sur un parc, enjambe la barrière et s’enfonce au travers d’un immense dédale de végétations.
Son souffle est court les branches lui griffe le visage, tout à coup il aperçoit une immense canalisation en béton, il si jette et se roule en boule.
Il attend tel un gibier acculé sans bouger, les secondes sont interminables, puis finalement quelques minutes plus tard il sort la tête. Rien ! Un miracle !
Et maintenant que faire on doit surement être à sa recherche, il ne peu pas retourner à l’hôtel, la police ? Où, comment…
Après avoir fait quelques pas, une immense douleur lui traverse le crâne, il s’étale de tout son long.
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J’entends du bruit, mais j’y vois rien je suis mort ?
Marc émerge péniblement dans une pièce sombre il ne peu pas bouger, il est attaché, bâillonné et saucissonné comme un gigot du dimanche, un gout de sang dans la bouche et les cloches de Pâques en guise de fond sonore intracrânien.
La porte s’entrouvre, une masse sombre apparait. Marc lève la tête et la porte se referme avec fracas.
Les heures passent son esprit bouillonne, son cœur bat fort, la douleur au sommet du crane s’accentue.
Qu’es que je vais devenir y vont me buter c’est sûr !
La porte s’entrouvre une nouvelle fois; deux hommes attrapent Marc et le trainent sans ménagement jusqu’au coffre du break marron aperçu plutôt.
Contact, marc est recroquevillé, entouré d’objet divers et d’un bidon d’huile qui fuit, il est balloté en tout sens et ses liens l’empêche d’amortir les chocs, c’est un enfer de peur, de noir, avec des relents de gasoil et de lubrifiants.
La voiture s’immobilise, le coffre s’ouvre, une forêt, un trou, on l’enterre vivant.
La terre lui recouvre bientôt le visage, la respiration presque impossible, le dernier soupir approche.
____
11H
Toc, toc, toc
-M’sieur vous êtes encore dans votre chambre ? M’sieur ?
Berte la femme de ménage des 4 vents introduis son passe dans la serrure, le loquet tourne et elle découvre la chambre vide la valise ouverte et les clefs sur la commode en kit.
-Madame Plantier la chambre 17 il n’y a personne et les affaires son encore là avec les clefs !
-Je n’ai pourtant vu personne ce matin au petit déjeuner.
-Ah bon ? Attendais je vais appeler sur le portable du monsieur.
-Ça sonne, mais ça ne répond pas.
-Attendons un peu on avisera à midi.
12H15
-Toujours rien et le téléphone sonne dans le vide Berte, je vais appeler la gendarmerie, la dernière fois que c’est arrivé le type été en cellule de dégrisement chez eu.
…
Stop ou encore ?