L'homme sans nom
zouzou--2
Un homme marche dans une ruelle sombre,il titube ses mains grasses se reccrochent à un portillon en bois pour ne pas s'écraser sur le sol,en voulant se redresser,ses ongles griffent la porte et la douleur insoudaine lui donna un râle de plaisir.Il erre depuis des jours entiers dans la ville et le seul souvenir,reste un bâtiment creusé de briques rouges dont les fenêtres étaient murées par de gros panneaux de bois lacérés par des inscriptions illisibles.La quête de cet homme perdu dans des lieux inconnus,va le mener dans une tourmente inévitable,son esprit vidé par des pensées obscures le laisse seul dans la nuit,il ne se rappelle plus de son identité,il n'est plus rien.
Au cours de son aventure,il croisera Véra,une jeune prostituée occasionnelle qui sera retrouvée morte sous un pont,son chemin sera parsemé de vies entrecroisées,un vieil homme ,ancien bluesman,l'aidera dans son désespoir puis viendra Bob,un paumé en mal de vivre qui profitera de la situation ensuite il trouvera dans Glasie,un apaisement de courte durée.L'histoire de cet homme sans nom,va traverser le courant de sa vie sans se retourner,en laissant derrière lui,des traces encrées dans ses veines,arrivra t-'il à surmonter ses démons qui le rongent insidieusement.
La nuit est arrivée tardivement,un vent léger vînt frôler les feuilles frémissantes du grand chêne de la place Saint-Georges,un souffle chaud se déversa sur les âmes du quartier.Les silhouettes se dissimulaient dans l'obscurité,elles envahirent l'esplanade puis s'éparpillèrent dans la nuit.Seul sur un banc,un homme portant une large liquette retombant sur un pantalon en velour noir,restait immobile pendant plusieurs minutes puis il se pencha ,la tête dans ses mains et se mit à gémir.Une pression lancinante lui martelait les tempes,elle pénétra si violemment dans son crâne qu'il faillit hurler de douleur,toujours la même souffrance avec une sensation que sa tête allait exploser,ses mains devinrent puissantes,désireuses de broyer ce visage qui lui était devenu étranger,elles s'incrustèrent dans sa chair et comme à chaque fois,à l'extrême de l'insupportable,lachèrent prise.Il observa ses mains rapeuses,chaque battement de son coeur semblait s'infiltrer,se faufiler dans ses paumes,il ressentait des tiraillements qui se propageaient tout le long de ses phalanges.
Il se redressa pour se caler contre le banc et ferma les yeux.La froideur de la nuit le réveilla,d'un geste vif il remonta le col de sa chemise puis s'allongea en repliant les jambes,l'épuisement l'envahi et sombra dans l'oubli.
Il entendit un murmure qui devint plus persistant,l'intonation se faisait forte,il résista quelques minutes mais lorsque une main vint se poser sur son torse,il ouvrit les yeux.Un jeune vêtu d'un jean délavé et d'un polo noir,l'observait:
-Hé mec,si tu veux je te vends cette gabardine,chaleur garantie,bon elle n'est pas nickel mais en tout cas,elle peut te servir et aussi si tu ve..........
-Casses toi,j'ai besoin de rien dit-il en le dévisageant.
-Oh cool Frédy,c'est juste pour te di.............
-Frédy???d'où tu sors ce nom.
-Ben,je sais pas moi,c'est écrit sur ton bras gauche.
Il se leva subitement et observa son bras,un tatouage récent dévoilait ce prénom entouré d'épines,il frotta énergiquement l'inscription en s'acharnant sur cette chair meurtrie comme pour effacer toute trace de son passé mais la douleur s'intensifiia tout le long de son bras et de rage,il envoya valser la gabardine.
-Ben,t'es malade mec,faut te faire soigner,tu te frottes la peau comme un dingue,y a un malaise ou quoi?
-Dégages,je ne te le dirais pas deux fois.
Le jeune resta planté face à lui,mit sa main dans la poche du pantalon et ricana tout prés de lui.Il sortit un cuter et lui hurla:
-Eh mec,tu vois ça,si tu veux je peux m'amuser sur ton autre bras.
Frédy,tel était son prénom apparemment,se releva et dans un élan de violence extrême lui arracha la lame qu'il dirigea vers le visage du jeune,en lui disant:
-Et toi mec,tu veux une fermeture éclair sur ta joue,balafré de mes deux.
Le clignotement de l'enseigne d'un café,illuminait par intermitence le parc,des lueurs froides se déversaient sur les arbres,les feuilles virevoltaient et se déposaient au grés du vent sur la place.En ouvrant les yeux,il découvrit les lumières feutrées des lampadaires qui semblaient monter la garde,son regard fut attiré par une clarté étrangère et c'est en se redressant qu'il hurla.Il porta ses mains à la tête,la douleur etait lancinante et tenace,elle se creusait dans ses veines et irradiait son crâne.Dans un relâchement incontrôlé,son bras se posa sur le banc en frôlant un tissu rigide,il se pencha et vit la gabardine,pliée en deux à côté de lui.
"Ce n'était pas un rêve",pensa t'il et en regardant son tatouage,il réalisa que tout était réel.Un bruit de ferraille résonna dans la nuit,il semblait se rapprocher lentement,Frédy détourna la tête,une silhouette se dessinait dans le brouillard,elle avançait péniblement puis peu à peu devint plus distincte,une petite femme emmitouflée dans un manteau beige usé par le temps,se trainait en poussant un vieux chariot en fer.Ses cheveux blanchis par les années,reposaient sur ses épaules,une grosse écharpe rayée,encerclait son cou et une énorme croix pendait sur son manteau.
-C'est difficile de circuler depuis qu'ils ont mis des graviers,dit-elle en le regardant.
-Il vaudrait mieux marcher sur le trottoir,il me semble répondit Frédy.
La vieille dame stoppa net,mit ses mains sur les hanches et dans un essoufflement saccadé,lui chuchotta:
-Sachez,Monsieur que l'envie m'avait trottée dans la tête mais si je me résigne à déambuler sous les reverbères,je serais livrée à leur clarté et peut-être qu'un jeune voyou viendra me dépouiller,alors non merci je préfère encore mieuxx les cailloux.
-Mais là vous circuler dans le noir,c'est encore plus dangereux.
-Personne ne peut voir un escargot dans la nuit enfin!!! dit-elle doucement.
Un "escargot" pensa t'il,l'image d'un gastéropode tirant un chariot en pleine nuit,le fit sourire mais ne voulant pas désaprouver ses propos,il lui dit:
-Biensur,je comprens mais cette charge que vous poussez,me semble trop pénible tout de même.
-Ecoutez moi,cela fait des années que je la pousse et puis toute ma vie est dedans dit-elle en lui montrant le chariot.
Frédy s'avança lentement et se pencha pour regarder le caddy,il apperçut une petite boîte noire entourée d'un ruban rouge qui était coincé entre deux grosses pierres,il regarda la vieille dame en disant:
-Toute votre vie dans cette petite boîte,mais pourquoi ces pierres?? dit-il intrigué.
-C'est pour la caler et qu'elle ne se renverse pas,sinon ils vont se reveiller,attendez je vais vous montrer.
Elle se pencha péniblement et déposa la boîte au creux de sa main,avec une extrême prudence elle détacha le ruban et ouvrit le boitier:
-Je vous présente mes parents dit-elle en souriant.
Il baissa la tête et vit deux escargots collés l'un à l'autre qui étaient posés sur du coton,il comprit qu'elle avait perdue la raison.
-Bon,c'est pas le tout,je dois vous laisser,la route est longue dit la vieille dame en refermant le boitier puis elle s'agrippa au chariot et disparut dans le noir.
Tout semblait irréel et absurde,il s'approcha du banc pour récupérer la gabardine et se dirigea vers le carrefour qui menait au centre ville.Les feux tricolores reflétaient des lueurs vives qui éclairaient brièvement le trottoir.Frédy se confondit dans la nuit,il rasait les murs d'un pas incertain et tourna sur la droite en s'engageant dans une ruelle quand une voix l'interpella:
-Vous ne trouvez pas que la ville est triste ce soir,heureusement que le Jack's club est ouvert mais il ne reste plus grand monde à cette heure ci.
Il faisait trop sombre pour identifier cette voix alors il se détourna,elle était là serrée dans une robe en cuir rouge et des bas résilles,elle portiat un petit sac noir accroché à son bras.Elle avait la beauté de sa jeunesse,des cheveux d'un blond satiné encadrés un visage d'une douceur inouie,de grnads yeux en amande et une bouche fine et rosée.Un collier de perles pendait sur sa poitrine,il remarqua aussi un scarabé noir,épinglé sur le col de sa robe;
-C'est un souvenir de ma mère,dit-elle en baissant les yeux.
-Les souvenirs peuvent rester cachés pour mieux ressentir leur présence dit Frédy en s'appuyant contre le mur.
-Je sais pas,enfin!!! vous habitez le quartier,je ne vous ai jamais vu