Les maux qui guérissent
paratge
Dans des gouffres entiers de silences épais
J'entassais en secret les blessures de l'âme
Pour rester digne et froid. Combien je me trompais
En trainant ces rancœurs, ces doutes et ces blâmes.
J'étais toujours serein. Une belle façade
Masquait tous mes tourments, le feu dont je brulais
Tout au fond de mon cœur, voilant le temps maussade
Qui régnait au-dedans, pendant que je hurlais
D'un mutisme étranglé, les larmes et les plaies
Qui déchiraient sans fin, l'esprit et les entrailles.
Mais je ne montrais rien. « Le roc » ils m'appelaient
Tant j'étais dur au mal et ardent au travail.
La roche s'est fendue au soir d'une querelle
Qui révéla l'erreur de mon comportement,
Car le plus beau cadeau que j'offris à ma belle
Fut compris à l'envers, ou du moins, autrement.
Je fus bouleversé par cette ambivalence
Car je ne pensais pas qu'elle puisse exister.
Mon cœur pendait, sanglant, tout au bout d'une lance
Que je m'étais plantée en voulant résister.
La souffrance à son comble a crevé les parois
Que je pensais pourtant, parfaitement étanches
Et son déferlement gonfla mon désarroi
Au point que de mes yeux, jaillirent des avalanches.
Il m'a fallu parler, mettre mon cœur à nu,
Parfois dans des sanglots, mais rompre le silence
Qui pendant des années mes élans a tenu.
Et je m'ouvris enfin, livrant des confidences.
L'éruption apaisée, je croyais gésir là,
Comme un bateau vidé, couché sur une plage,
Mais je me sentis mieux et la vie m'appela
Et me dit qu'un discours vaut mieux que de la rage
Que l'on enfouit profond, mais qui toujours revient.
Depuis, je ne peux taire ce qui au fond, me choque
Et je me sens vivant, si possible terrien
Parlant à cœur ouvert pour fuir les équivoques.
Une superbe leçon de vie, admirablement narrée ! La fluidité et l'aisance de vos vers néo-classiques en soulignent admirablement la profondeur !
· Il y a plus de 9 ans ·Florent Michel
Merci beaucoup Florent, je suis très touché par votre compliment.
· Il y a plus de 9 ans ·paratge