Les militants et les autres.

- Alors jeudi tu fais grève ?

- Pourquoi, c'est obligé ?

- Pas du tout, libre à toi de te faire bouffer.

- Oui alors moi les grèves « fourre-tout » je dis que ça sert à rien, sauf à gagner un retrait sur salaire.

- Tu n'as pas l'âme d'un militant, c'est sûr.

- Je n'ai jamais prétendu le contraire, à chacun ses talents.

- Mais ouvre les yeux, ça pète dans tous les sens, le climat, le pouvoir d'achat, les entreprises qui ferment, après nos paysans la « mode des suicides », comme disait l'autre abruti, va gagner les petits commerçants, rien que de penser à tout ça, ça m'épuise.

- Ménage-toi mon vieux, c'est bien ce que je disais, une grève fourre-tout.

- Tu ne penses qu'à toi !

- Ben évidemment, si je devais lister ceux qui pensent à moi, ça prendrait pas des plombes.

- Tu es cynique et méchant.

- Eh ben, pour un militant je te trouve bien naïf, t'aurais dû te faire moine ou curé.

- Nos camarades …

- Oh la la, en plus tu t'es trompé de siècle.

- T'es qu'un couillon !

- Je suis sensible à l'argument, j'espère que tu ne prends pas la parole aux meetings.

- Non, je suis trop timide.

- Crois-moi, c'est une bénédiction dans ton cas.

Camarades, pour l'occasion, nous avons demandé à Arlette d'animer la soirée.

Même si Notre Sainte fuit les feux de la rampe, elle n'a aucunement renoncé au Grand Soir.

Bon, vous les faites tous ressortir des Champs pour ensuite les faire entrer, suis-je clair ?

Aux dernières nouvelles, la convergence des luttes n'a pas eu lieu, les GPS Coréens ont dysfonctionné.

- Brigitte, on est quel jour ?

- Tu le sais très bien mon minet, on est la veille.

- Putain !

- Allez, détends-toi, plus que 4 ans à tenir. On en a bien profité quand même, tu es trop négatif !

- Monsieur le Président, êtes-vous prêt pour l'exercice d'exfiltration ?

- Euh, je veux que Brigitte soit avec moi.

- Mais, sauf votre respect, ce n'est pas prévu dans le protocole.

- Rien à foutre, démerdez-vous, vous êtes payés pour gérer les imprévus non ?

- Bien entendu Monsieur le Président, nous allons briefer nos gars.

Le net aura au moins permis le retour aux bonnes vieilles corporations.

Comme pour le palio à Sienne, on a ressorti les drapeaux, les symboles et les costumes.

Les compagnons et francs-maçons, les confréries de toutes obédiences, ou autres sectes, ont envahi les rues de Paris ou d'ailleurs.

Les Saints Patrons sont portés dans les défilés, on  renoué avec les fêtes médiévales et les foires.

La crise de l'énergie aura réhabilité les bonnes vieilles torches.

Les vieilles Provinces ont supplanté le mille-feuille, retour aux paroisses, des abbés aux évêques.

Les néo écolos ont relancé l'élevage des percherons, quitte à en baver, les socs de charrue, les anciennes presses à raisin, les ânes et les aurochs, enfin la liste serait trop longue.

José Bové a été élu au premier tour, qui ressemble à Astérix ne pouvait que gagner.

On a retrouvé le climat d'autrefois et le cycle des saisons.

La France est redevenue rurale et raisonnable.

- Et Manu, tu te réveilles, tu as crié dans ton sommeil !

- Désolé mon cœur, j'ai fait une saloperie de cauchemar.