Les Moules-Frites
Fleuriste Manchot
« — J'ai toujours trouvé ça étrange, déclara Alfred* avec une pointe de nervosité.
— Les moules ? releva son ami, curieux. C'est l'un des trois mystères que porte la nature, tu devrais le savoir.
— Et les scarabées alors ? philosopha le premier. Quand on y pense, ce sont des espèces de tanks avec des ailes.
— C'est vrai, souligna Alphonse*. Mais j'ai toujours trouvé que leur démarche manquait de fantaisie. Entends-moi bien, je veux dire par là qu'ils pourraient voler sur le dos, par exemple, pour se protéger des attaques venant du sol.
Son ami prit une mine interloquée, qu'il troqua au bout de quelques secondes pour un air pensif avant d'afficher une moue de méfiance.
— J'entends bien, mais en même temps ils seraient vulnérables aux attaques venues du ciel.
— Oh ! s'exclama le second dans un ricanement. Tu sous-estimes leur armure abdominale ! J'imagine qu'à leur échelle, cela équivaut au moins à une cotte de mailles !
— Tout à fait, avoua Alfred avec respect. Leur seul point faible est évidemment leurs ailes.
Alphonse le regarda plusieurs minutes sans réagir avant de répondre.
— Oui.
— C'est d'ailleurs pourquoi ils arborent cette armure amovible qui permet de les abriter.
— Eh bien, reprit Alphonse, qu'ils volent à l'endroit ou à l'envers, la menace reste la même… alors pourquoi pas ?
— Pourquoi pas quoi ?
— Quoi pas quoi ?
— Quoi ?
— Quoi « quoi » ?
— Quoi « quoi quoi » ?
Alphonse secoua la tête d'incompréhension.
Les deux jeunes hommes se regardèrent pendant plusieurs secondes, attendant chacun de l'autre une bouée de sauvetage pour se sortir de cet océan d'incompréhension qu'avait entrainé leur discussion.
Ce fut finalement Alfred qui reprit la main en exposant ses impressionnantes connaissances sur les coléoptères :
— Tu savais que les scarabées se servaient de la lumière de la Voie lactée pour se diriger ?
— Évidemment pouffa Alphonse avec fierté. J'ai tout lu des travaux de Marie DACKE.
— Ils sont vraiment en avance, tu sais… souffla Alfred avec une pointe de désespoir. Ce genre de souffle qui souligne toute la douleur d'être un homme, l'ampleur de la réflexion de la conscience, la vie, l'univers et une pointe d'oignon.
— Les scarabées ? tenta Alphonse pour se raccrocher à la conversation.
— Non, le coupa son interlocuteur avec un regard troublé. Les Suédois.
— Ah, s'exclama l'interlocuteur suscité. Tu sais, je les confonds tout le temps.
— Les scarabées ? tenta Alfred pour se raccrocher à la conversation.
— Non, le coupa son interlocuteur avec un regard troublé. Les pays nordiques.
Ah, s'exclama l'interlocuteur suscité avant de marquer une longue pause.
— La Belgique, c'est en suède ? demanda soudain Alphonse, pris d'un doute terrible.
— Non.
— Mais c'est un pays du Nord, non ? tenta de se rattraper ce dernier.
— C'est dans les pays bas, je crois.
— Comme l'Espagne ? hasarda encore une fois celui-ci.
— Non l'Espagne est en bas sur la carte, mais ce n'est pas un pays bas, lui expliqua patiemment son ami.
— Alors quel rapport avec la Suède ? se questionna-t-il.
— Eh bien, c'est au nord.
— L'Espagne ?
— Non, la Suède.
— Ca je le sais.
— Alors pourquoi tu me poses la question ?
— Mais je n'ai pas posé la question.
— Ah.
— Il y a des scarabées, en Belgique, tu penses ? demanda Alfred.
— Je n'en sais rien, surement, répliqua Alphonse, avouant son manque de connaissances en entomologie belge.
— Tu savais que les insectes frits avaient un goût de poulet ?
— Tu as déjà goûté ? demanda son ami avec un intérêt soudain.
— Non.
— Alors qu'est-ce qui te dit que ce n'est pas le poulet qui a un goût d'insecte frit ?
— Bonne question, remarqua-t-il. Tu crois que c'est la friture qui donne ce goût ?
— Je n'en sais rien, tu sais quel goût ont les insectes avant d'être frits ?
— Non, avoua Alfred, je n'y ai jamais goûté.
— Et des patates crues, tu as déjà goûté ? Il parait que ça a le même gout qu'une pomme si tu te bouches le nez.
— C'est vrai ? releva son interlocuteur avec appréhension.
— Je n'en sais rien, je n'y ai jamais goûté.
— En tout cas, ça n'a pas le même goût que les frites.
— Et les pommes frites alors ?
— Les pommes de terre frites, tu veux dire ?
— Non les pommes, mais frites.
— Je n'en sais rien, je n'y ai jamais goûté.
— En tout cas c'est beaucoup moins protégé que les scarabées.
— Les pommes ?
— De terre, oui. Comme les vers.
— Quels verres ?
— De terre. Comme les pommes.
— Ah, s'exclama Alfred avant qu'une idée ne lui traverse l'esprit. Oui, d'ailleurs les frites sont plutôt molles.
— En effet, remarqua soudain Alphonse.
— C'est ça que je trouve étrange : de manger des frites molles avec des moules dures.
— Ah ! s'exclama Alphonse à son tour. C'est parce qu'il faut les ouvrir.
— Les frites ?
— Non, les moules.
— Tout s'explique, conclut Alfred. »
Et les deux amis purent terminer leur repas, désormais froid.
* Les noms ont été changés pour des raisons de santé publique.
ça ressemble à du Hervé, ton texte !!
· Il y a plus de 3 ans ·Louve
Ne dis pas ça ! Tu vas lénervé ! :)
· Il y a plus de 3 ans ·Fleuriste Manchot
C'es t une hérésie culinaire que d'ajouter des oignons dans l'Univers ! Ca lui donne un goût d'égouts. :o))
· Il y a plus de 3 ans ·Hervé Lénervé
Quel dégoût !
· Il y a plus de 3 ans ·D'aucun pourrait voir les oignons comme des fleurs qui s'ouvrent à la cuisson, mais les coléoptères ne sont pas des butineurs.
Fleuriste Manchot