Les orages, c'est comme le beurre de cacahuète.

animah

Les orages, c'est comme le beurre de cacahuète. On aime ou on déteste.


Quand on aime, on aime depuis l'enfance parce qu'on entendait pas, nous, un bruit fracassant et on ne trouvait pas les lumières effrayantes. On écoutait un roulement de tambour détonnant, on regardait ces lignes lumineuses fissurer le ciel et disparaître dans le noir. On trouvait ça magique, même si on nous disait de ne pas regarder parce que ça abîmait soit disant les yeux. Bien sur, et quand on louche on peut rester coincé comme ça tout notre vie, ils disaient.


En fait j'ai toujours aimé les orages, ils s'arrangent souvent pour tomber quand je suis à la fenêtre. Les nuits d'été, les fortes pluies, l'odeur de la terre humide et le grondement lumineux des éclairs qui tombent on ne sait jamais où.

Je ne sais pas pourquoi, ça me bouleverse, j'ai l'impression qu'ils sortent de moi, ou bien qu'ils s'adressent tout particulièrement à moi. Il y a peut-être la dedans quelque chose d'égocentrique, mais le tonnerre me soulage. C'est comme si toute la colère que je n'arrive jamais à exprimer se matérialisait enfin.

J'aime les orages parce qu'ils ne sont pas que forts, menaçants et graves. Quand on sait les voir, je veux dire, vraiment les voir... Ils sont profondément émouvants. Ce sont des cris qu'on ne comprend pas, un peu comme les miens que personne n'entend jamais. De poignantes plaintes, une mélodie tumultueuse incroyable qui frappe à nos fenêtres.

Quand j'étais petite, je n'entendais pas ça. J'entendais juste le rythme, je comptais jusqu'à l'apparition d'un éclair pour savoir s'il était loin de moi. C'est drôle, je n'avais pas encore vu la métaphore, ça ne servait à rien d'essayer quantifier le danger, la peur ne l'évite jamais. L'éclair tombe où il tombe et puis c'est tout, un jour ça sera peut-être sur moi.

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