LES PASTEURS DE LUMIÈRE

" Il y a des êtres qui justifient le monde,
qui aident à vivre par leur seule présence. "

Le Premier Homme ( A. Camus )

Dans la vallée au loin, tout là-bas, bien au delà des gros nuages à la soyance si doucement immobile, il est des collines de galets de verre aux teintes aimables et graciles, aux transparences tendres et délicates, au dépoli chaud et laiteux.

Au coeur de chacun d'entre eux sont enfouis des souvenirs absolus, des histoires drôles ou pas, des ailes d'oiseaux migrateurs, des lits défaits, des cendres de papillon, des rires étouffés, des soleils bienfaisants et des larmes échouées ...

Des senteurs d'aiguilles de pin parasol et de mimosas en fleur, des odeurs de bois brûlé, des barques fugitives, des ricochets paresseux, des échos malicieux de tant de baisers perdus et des reflets de bienveillance.

Mille et un milliards de milliards de trésors amassés par les corps sereins des voyageurs discrets, pèlerins de l'autre monde.

Et tous ces bouts de verre patiné, aux angles émoussés, adoucis, lorsque la lune montante sourit aux ténèbres bleutées et les éclaire de ses caresses diaphanes, c'est toute une voie lactée de balises célestes qui aide les passants éphémères à trouver leur chemin.

Ainsi ils illuminent de petits flambeaux précieux en nos mémoires.

Et dessinent dans nos yeux des étoiles somnambules

Des parterres de feux follets

Des sentiers de lumière

Des cadeaux vivants

Pour l'éternité.