Les rédac du dimanche
aile68
Le dimanche après-midi avec ma soeur on faisait les rédac du petit frère, le prof aimait mais c'était toujours un peu court pour lui, alors un jour on a fait une rédac de cinq pages, un petit roman fleuve, un policier avec une intrigue à couper le souffle et des meurtres à tous les coins de pages. C'était osé, ça nous a valu une remarque humoristique du prof "Attention aux balles perdues", j'ai trouvé ça sympa, il nous a mis 13,5 sur 20, pourquoi pas 14? Je ne sais pas. C'était un prof qui partait à la retraite à la fin de l'année, on l'a su grâce à la fille du proviseur qui était dans la classe de mon petit frère. C'était un peu sa fiancée, ils s'aimaient bien tous les deux mais ce n'était pas encore le temps des baisers, ils n'avaient que onze ans. Elle s'appelait Antoinette, autant que je me souvienne elle avait tout le temps le sourire aux lèvres, elle était heureuse de vivre, pourtant le proviseur n'était pas du genre sympathique, si vous voyez ce que je veux dire. Sa sévérité intimidait même les troisième dont je faisais partie. Un jour, il a mis huit heures de colle à un élève rebelle, on le voyait en salle de permanence en train de faire des exercices de math et des rédactions à caractère moral. On le plaignait tous, sauf le délégué de la classe qui disait qu'il l'avait bien cherché, on n'était pas d'accord avec lui, mais au fond de moi je savais qu'il avait raison, l'autre déléguée, c'était moi et je défendais les élèves de la classe quand ça n'allait pas. Ils me disaient que plus tard je devrais faire des études d'avocate, moi, je n'avais pas la vocation pour cette profession, je ne savais d'ailleurs pas quoi faire. J'étais attirée par le français mais je ne voulais pas l'enseigner, je me sentais plus attirée par les possibilités littéraires que la connaissance de la langue française m'offrait. Je nourrissais au fond de moi le désir d'être écrivain, mais je ne voulais pas galérer, être à la recherche d'une idée de roman toute ma vie. En attendant je faisais les rédac de mon petit frère avec ma soeur, ça reste un bon souvenir pour moi, le plaisir que je ressentais à faire ces rédactions était comme un doux cocon qui nous maintenait bien au chaud, rien, ni personne n'aurait pu nous faire de mal, on traitait les sujets de rédac comme nos amis, les mots, les idées me venaient parfois telle de la guimauve tendre et moelleuse au parfum chimique des bonbons de l'enfance qui durait encore.
J'imagine sans peine le plaisir qui était le tien à écrire ces rédac à quatre mains :)
· Il y a environ 4 ans ·Sy Lou
Ah les rédac du CES! J'aimais ça!
· Il y a environ 4 ans ·aile68
A l’époque, les vocations comme les professeurs, étaient moins accessibles :o)
· Il y a environ 4 ans ·daniel-m
Et elles auraient dû le rester! :o)
· Il y a environ 4 ans ·aile68