Les sages.

Christophe Hulé

Les sages ne seront jamais ceux que l'on croit.

Qu'ils soient vieux ou jeunes, quelle importance ?

Les sages savent l'essentiel, qui peut nous rendre heureux ou nous anéantir.

Les sages sont-ils érudits, de ceux qui vous en mettent plein la vue ?

Qui font de grandes phrases et des moulinets avec les bras.

Les sages parlent tout bas, ne font pas de phrases compliquées.

Peu importe leur métier, ceux-là ont tout compris.

Ils n'ont pas leur place au cénacle.

Ils ne répondent qu'à ceux qui veulent vraiment savoir.

Le bon sens, évidemment, mais surtout la générosité de ceux qui ont vécu le pire.

Les sages sont humains et répondent aux humains.

Ils savent tout des faiblesses que l'on traîne et que l'on cache.

Toutes les puissances destructives et vaines n'y feront rien.

Les sages prêchent un credo ringard : «Aime et respecte l'autre ».

Évidemment, c'est pas vendeur.

Un bon commercial ne vous dira pas autre chose.

Votre « produit »n'est pas « bankable » .

On ne vous paie pas pour faire Hare Krishna.

Alors au boulot! Et soignez le « Powerpoint », nos clients n'ont rien à faire des rêves ou autres élucubrations.


- Et vos produits Monsieur, sont-ils sensés nous rendre plus heureux ? ».

- Là je dois en référer au responsable de ma gondole, même si je doute que cela soit dans ses compétences.

- Alors pourrais-je parler au Maître des gondoles ?

- Pas sûr qu'il ait la réponse non plus.

- Si je comprends bien, personne n'est responsable de rien !

- J'ai bien peur qu'il faille viser plus haut Monsieur, si vous en avez les moyens.

Même si vous pouviez payer les honoraires d'une armée d'avocats, vous me comprenez n'est-ce pas ?

- En attendant j'insiste pour voir le Grand Patron.

- C'est un peu délicat, puis-je en connaître le motif ?

- Ce sera entre lui et moi.

- Monsieur, permettez-moi de vous dire que c'est un peu plus compliqué.

- Je vois, votre patron délègue aux subalternes les litiges.

- Eh bien Monsieur, à moins de venir d'une autre planète, vous devriez savoir qu'il en est partout ainsi.

- Alors je demande à voir la Secrétaire de Direction, dans un premier temps.

- Désolé Monsieur, en congé de longue durée, pour avoir côtoyé sans doute, et trop souvent, des clients de votre acabit.

- Vous m'insultez en plus, il vous en cuira !

- Je me permets ici d'outrepasser les limites que m'impose mon statut. Vivez-vous seul, avez-vous perdu votre emploi ou toute perspective d‘avenir ?

- Je ne vois pas le rapport !

- Moi je le vois Monsieur.


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