Les trois vœux
paratge
Lors d'errances nocturnes, j'accostais un génie
Qui, indéniablement, attendait ma venue.
« Présente-moi trois vœux » dit-il en mon déni
Car je ne croyais pas en ses propos tenus.
Pour le mettre au défi, j'agréais sa requête
Et lui soumis trois choix qui me tenaient à cœur,
Car depuis bien longtemps, ils tournent dans ma tête
Sans que je puisse, un jour, en devenir acteur :
« Je voudrais que les hommes vivent en liberté.
Je voudrais qu'il y ait un peu plus de justice
Et je voudrais enfin, bien plus d'égalité. »
Il éclata de rire avant que je finisse :
« Ah ! Vous autres humains, que vous êtes tordus !
Je suis là, devant toi, et tu doutes de moi,
Mais tu t'es entiché de ces causes perdues
Qui n'existent qu'en toi, humain et tes émois. »
Comme il me vit surpris par ses allégations,
Le génie m'invita à nous asseoir un temps
Afin de m'expliquer pourquoi ses négations,
Et pourquoi son fou rire, pourquoi je rêve autant.
« La liberté, mon cher, n'est que de l'illusion.
Elle exige autour d'elle qu'il y ait un carcan
Pour bien la contenir, dompter ses effusions,
Car sans contrainte à bord, la vie perd son piquant !
Tu peux, si tu le veux, te goinfrer comme un porc
Chaque jour de ta vie, si tel est ton désir,
Mais cette liberté détruira ton beau corps
Qui sera libre aussi, de t'en faire mourir.
La justice à son tour, n'est rien qu'une chimère.
Elle n'est rien d'autre au fond, qu'une forme de confort
Où vous vous blottissez, trouvant la vie amère,
Et si l'un a raison, forcément l'autre a tort.
Il n'en est rien en fait. Un lion qui dévore
Une biche aux abois, ne fait que se nourrir.
Vous le trouvez injuste pour le pauvre herbivore,
Alors qu'un équilibre le fauve doit tenir.
Enfin, l'égalité qui vous paraît si chère,
Est comme ses consœurs, une vue de l'esprit
De vos penseurs bruyants, déclamant de leur chaire
Qu'on doit donner aux pauvres ce qu'aux riches l'on prit.
Pour illustrer la suite, je choisis les enfants
Car ils n'ont pas encore la rancœur des adultes,
Leur âpreté au gain qui les rend si méfiants
Et jouent sans se soucier dans un joyeux tumulte.
Crois-tu donc qu'un enfant de vos riches pays,
Choyé par ses parents à chaque anniversaire
Soit l'égal d'un indien qui déjà obéit
Aux ordres d'un patron et travaille par terre ?
Tu vois mon pauvre ami, tu as mal fait tes vœux...
J'aurais pu t'entourer d'or et de jolies femmes,
Te rendre la santé si tu étais fiévreux,
Aussi dans tes affaires allumer une flamme,
Mais tu m'as demandé ce qui n'existe point.
Dis-toi bien que si moi, génie de mon état,
Ne puis te le donner, moi le grand gobelin,
Qui donc y parviendra sans se moquer de toi ? »
Joli fable bien écrite, jolie fable idéaliste…
· Il y a plus de 9 ans ·(… par terre) juste un espace. A bientôt et merci pour tes si belles phrases
nyckie-alause
Merci beaucoup. Je fais de mon mieux :)
· Il y a plus de 9 ans ·Merci pour la faute ^^
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