Les vieux fourneaux

Hervé Lénervé

« Les vieux fourneaux » c’est « Les vieux de la vieille » en plus jeune.

Ça discute sec dans un EHPAD, des conditions sanitaires.

-         Rien à foutre de leur couvre-feu à la con ! Je ne l'ai pas respecté pendant l'occupation allemande, je ne vais pas le respecter à mon âge.

-         De toute façon Maurice à 21 heures, tu dors déjà depuis longtemps.

-         Je mettrais le réveil.

-         De toute façon, tu ne pourras pas sortir, les portes sont fermées la nuit.

-         Mais qui nous enferme, merde ! Nous ne sommes pas condamnés.

-         Si à court terme, pour les plus résistants. Autrement, c'est la directrice qui ordonne la fermeture.

-         Putain, mais c'est de la collaboration avec les boches ! Demain, fais-moi penser à la tondre l'autre facho.

-         Je te signale, au cas où la nouvelle ne serait pas parvenue jusqu'à tes oreilles, que Paris a été libéré.

-         C'est une bonne nouvelle, ça ! Il y en avait marre de parler allemand tout le temps.

-         Tu parles allemand, toi ?

-         C'n'est pas compliqué, il suffit de gueuler le plus fort possible en postillonnant et en tapant sur la table.

-         Ah ! Je me demandais pourquoi les Allemands se trimballaient toujours en trimballant une table avec eux ? Ce n'est pas très pratique comme langue.

-         Les tables Henri II sont solides, on peut bien parler avec elles, mais il faut être quatre pour les déménager.

-         Comme pour les cercueils pourtant on ne parle pas avec un cercueil. Ce serait peu respectueux de frapper sur un mort.

-         Il y a des tables Ikea en kit, facile à transporter.

-         C'est de la merde ! Tu dis « bonjour » et il faut ressortir le manuel pour la réassembler.

-         Il faudrait inventer une table mobile, une tabmobile ! Ils l'ont bien fait pour le Pape qui ne peut plus marcher debout.

Les fridolins, y sont forts en gueule, mais ils ne valent rien en tires.

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