Les villes

Simon Raket

A 16h, au bord de la piscine, les villes d'Europe se retrouvaient pour boire le thé,

 Discuter,

et manger des têtes de nègres, des crèmes au beurre et des javanais.

Y avait, Lisbonne et Barcelone, les deux vielles bonnes a moitiés folles qui regardaient Paris et Rome se la péter

Paris parlait trop fort, comme elle le fait a chaque fois d’amour de luxe et d'élégance, comme un chien aboie.

Les autres évidemment rigolant du lifting dégringolant de la vieille pute en Chanel enchaînée dans ses chaînes de chez cartier

Mais tout le monde la laissait parler, pardi

comme par un drôle de respect, et puis

Paris sans verve et sans mépris ne serait, sans doute, Plus Paris

Bruxelles, déguisée en métropole essayait tant bien que mal de perdre son accent flamand pour parler comme une capitale,

 tandis que Rome elle se taisait, tant a l'intérieur on s'engueulait

Rome en vielle impératrice regardait glisser ses baronnes sur la pente lisse du temps, Qui elle n’avait jamais pu la tuer

À 16h, au bord de la piscine passaient entre les tables, asservis, zélés et affables, des serviteurs noirs et arabes.

Exotiques esclaves qui quitte a se briser les reins devaient s'assurer, corps et biens,

Que l'Europe ne manque de rien.

Seulement l’histoire ne s’arrête pas là...

Toutes ces villes, mangeant des gâteaux à la crème,

attendais le retour de leur mari.

Leur seul et unique mari, le grand maître du harem

Qui portait hiver comme été, sur sa belle gueule de beau jeune homme, un beau costume très bien coupé, et un drôle de chapeau de cow-boy.

Durant la nuits elles se faisait sauter, chacune a leur tour,

bon gré mal gré d’ailleurs, et puis au petit jour,

il partait faire la guerre puis plus tard revenait pousser ses charentaises sous la table du souper.

Mais elles étaient folles de lui.

Folles de sa force si jeune et de l’argent qu’il avait, puis s’était pas vraiment le bagne, tant qu’elles faisaient ce qu’il disait.

Derrière les hautes grilles, derrière les hautes haies qui bordaient la piscine, une révolte sourdait.

Toutes autres villes, toutes celles qui n’imaginaient même pas le goût de la crème anglaise attendaient, dans un silence de glace, pour pénétrer de force dans le restaurant.

Le hurlement déchiré des villes affamées se fit entendre comme un long bruit de tonnerre et les portes et les grillages de fer de la piscine cédèrent...

Mais la guerre n’eut pas lieu.

Car lorsque les villes faméliques pénétrèrent dans la pâtisserie,

Les villes d’Europe étaient déjà mortes, d’hyperglycémie.

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