Les Yeux d'Helsinki

alice-h

"Ce que je veux dire c'est qu'elle avait des yeux où il faisait si bon vivre que je n'ai jamais su où aller depuis." R. Gary

Tu étais aventurier, jusqu'à la rencontrer. Capitaine de ton propre navire, avant qu'il ne chavire.

Emprisonné par sa beauté aussi glaçante que ses eaux, elle a fait de toi un marin échoué :

n'aspirant plus qu'à vivre sous les cieux d'Helsinki toutes ces idylles que tu n'avais pas osé commencer.

Le chant  de Copenhague n'a rien pu faire. Resté de bronze face à sa sirène,  ton cœur a fondu sous la clarté mélancolique des yeux d'Helsinki.

Forteresse imprenable, elle a pourtant déjà cédé à d'autres que toi.

Parcours délicatement, prudemment, ses collines et ses creux, alors peut-être, la méfiante, te laissera-t-elle découvrir ses archipels insoupçonnés. Là où le ciel rejoint la mer, comme deux corps qui se retrouvent pour une nuit prématurée, bien plus longue que le jour.

Et si tu parviens à la conquérir, elle laissera tomber sa robe de neige, pour que tu laisses tes empreintes sur elle.  

Dans ses bras, tu te laisseras bercer  par la douceur d'Helsinki, où la vie est amortie.

Mais au solstice d'été quand ses eaux auront fondu, elle ouvrira grand ses paupières. Elle resplendira, et toi tu partiras. Car, les yeux d'Helsinki, tu les préfères gris. Tu repartiras sur la mer de ses larmes d'amoureuse éplorée. Et déjà tu la regretteras.

Dans ta Chapelle du Silence, résonnera encore son souffle.

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