Lesbienne d'elle

Elle était d'une beauté fracassante. Je repense à la fumée s'échappant de ses lèvres dès l'aube. Ses cheveux bruns flottant dans un avenir incertain promettaient des nuits passionnées au goût d'abandon de l'autre. Elle affichait sa nudité sans pudeur. Elle vivait par ce qu'elle avait comprit que la mort arrivait toujours trop tôt. Elle faisait partie de celles qui n'ont peur de rien, les effarouchées, les révoltées. Celles qui me faisaient voyager, pupilles contre pupilles, haleines mélangées et seins caressés. J'étais lesbienne d'elle. Lesbienne de son âme pourpre, de ses lèvres bleutées dans la nuit noire. J'étais lesbienne de son corps et de son cœur égoïste. J'étais lesbienne d'un jour, lesbienne toujours, d'elle.

Son regard ébène avait un tel effet sur moi. Comme une comète qui atterrit dans un miroir. Deux rencontres spatio-temporelles, deux rencontres improbables qui s'opposent et se calcinent à tour de rôle. J'étais lesbienne de ses courbes de femmes. Lesbienne de l'odeur de sa peau. Chaque pore m'inspirait. Elle était ma muse et ma tortionnaire.

Elle m'enjôlait, et je m'amusais à la retenir dans mes bras lorsqu'elle partait rejoindre d'autres corps.

Je savais qu'elle n'appartenait à personne et que l'aimer était vain. Mais que peut-on bien faire lorsque l'amour est ancré dans la chevelure de l'être aimé ?