L'Espérou - Chap 10

marivaudelle

Il est un peu tard pour aller se rafraîchir les fesses dans la rivière, c'est quand même à une bonne demi-heure !
Mais tu as raison, ma Cath, l'endroit est charmant et invite à la rêverie… et à la rêverie de petites folies !
S'il fait beau demain, on y retournera de bonne heure, avant les randonneurs du dimanche.
 
Notre foutue éducation… cette hypocrisie instituée en règles de bienséance… ces blocages sur ceci ou cela…
Il m'avait dit un jour, non, il m'a écrit : « Aime-toi et tu aimeras le plaisir… Mais laisse-le venir à toi… »
Je le voudrais tant et tant, mais je n'y parviens pas, et au fond, je n'en ai pas le droit.
 
- « Tu es stupide, Marie, ‘'je peux pas, j'ai pas le droit…''
Toi et moi avons si souvent parlé de nos rêves, de nos envies de femme…
Oui, je sais, on n'est jamais allé dans ces… fantasmes, justement çà n'en a jamais été, tout le contraire… et alors ? »
 
- Ce que je voudrais tant lui dire, Catherine, je crois que tu le sens,
Ce que je voudrais lui faire comprendre sans avoir besoin de le dire:
 
[ tu as donné naissance à une autre femme, je te l'ai dit, je te le répète et aussi longue soit ma vie, je t'en serai reconnaissante, redevable…tu m'as appris à me regarder, à m'apprécier, à ne pas toujours me critiquer moi-même…
Tu m'as donné la fierté de moi-même…Tu as rencontré une oie blanche, pleine de phobies, de tabous, sans aucune confiance en elle…
Oui, tu m'as parfois vexée, en me disant que j'avais l'air d'un sac mal fagoté, que je n'étais pas soignée…mais tu ne m'as jamais reproché de n'avoir aucune expérience en amour…
Au contraire, tu as su me donner confiance, tu as su me faire aimer mon corps…
C'est toi qui m'as dit que tout pouvait être beau en amour, et qu'alors, entre un homme et une femme, rien ne pouvait être vulgaire…C'est encore toi qui as senti la honte que j'éprouvais… dans ces moments fous de complicité irréelle…et pourtant si présente entre toi et moi… c'est toi, toi seul, et tu dois en assumer la responsabilité qui m'as… plongée dans ces jeux merveilleusement fous…]
- Tu es un peu folle, ma chérie, tu as envie et tu recules, tu rêves et tu te l'interdis.
Mais tu n'as pas tort sur un point, tu es parfois mal fagotée, pas assez soignée ni coquette. Tu vas t'occuper de ton minou broussailleux pour commencer!
Allez, viens, on va boire !
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