L’été s’est jeté dans l’hiver

Valérie Girault

L'été s'est jeté dans l'hiver. Pour un dimanche seulement. Alors, j'en ai profité. J'ai avalé cette journée comme un verre d'eau fraîche, assoiffée de soleil, de lumière, et de chaleur. Pas un nuage. Seulement le crépitement des pommes de pin, joyeuses elles aussi de réchauffer leur carcasse dans cet hiver détrempé. J'ai marché pour faire le plein de sensations. Trois heures passées sur mon sentier favori. Trois segments : sentier, plage, forêt qui forment un triangle isocèle en or. Un sentier abrupt pour démarrer, où je dépose ma colère. Après, viennent la plage et ses badauds. Mais ils ne sont qu'une vague silhouette car j'ai depuis longtemps quitté leur monde. Je fais tache d'huile avec mes bâtons de marche et mes vêtements synthétiques. Mais, j'en souris ; j'ai déposé les armes. Le dimanche après midi, les sportifs font la sieste dans leur banquette. Ils ont occupé le terrain le matin et laissent la place aux autres : les familles, les amoureux, les fêtards, les retraités… Et puis, je ne fais que passer. Je n'appartiens à aucun des deux camps. En décalage perpétuel, j'ai trouvé la bonne allure. La forêt m'appelle. Mais juste avant, je survole une portion de macadam. J'y trouve l'élan nécessaire pour rejoindre la forêt abandonnée de tous. On lui a préféré la plage. J'achève ma balade triangulaire et je rêve de partir jusque Compostelle aller/retour en passant par les étoiles.

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