Lettre à un disparu
alexandra-basset-9
Je t'ai cherché partout. Dans les gares et les aéroports, au lever de la nuit et à la tombée du jour, dans les bars glauques et les restaurants chics, au bord des rivières et dans le souffle du vent, aux sommets des montagnes et dans les eaux profondes, dans les stations-services et les grands magasins, sur les aires d'autoroutes, les chemins de traverse, au milieu des vignes et dans les forêts vierges, sous les roches volcaniques et dans les ruines antiques, sur les larges boulevards et au détour des ruelles...
Et finalement, c'est au cimetière que je t'ai trouvé. Il ne restait rien de ce que tu avais été, en lieu et place, une plaque funéraire terne et grise.
Alors, je t'ai écrit une dernière lettre, pour te dire tous ces mots que je me suis si longtemps interdits, tous ces mots que je n'ai pas dits, que je me suis refusée à dire, qui ont obstrué ma gorge durant tant d'années, tous ces mots qui m'étouffent et font qu'aujourd'hui, je deviens parfois muette, pour te préserver...
On n'accable pas les morts, on me l'a bien souvent répété, ça ne se fait pas. Alors, je me suis étranglée avec tous ces mots.
J'ai cru qu'un jour, tu reviendrais, et que je pourrais te les rendre en personne. Seulement, cela fait longtemps que j'attends, et ces mots m'encombrent, alors aujourd'hui, je te les rends. Je n'ai d'autre choix, pour reprendre mon souffle, que de te rendre enfin ce qui t'appartient.
J'espère que tu as entendu.
Brel: "celui qui reste se retrouve en enfer".
· Il y a environ un an ·Christophe Hulé
Exactement... Du moins pour un temps
· Il y a environ un an ·alexandra-basset-9