Lettre aux plus Grands.

Christophe Hulé

Pour info, je vous emmerde, et ce de façon définitive et non négociable.

Vous avez sans doute l'habitude des formules ampoulées, qui flattent votre ego, encombré de palmes académiques, ou autres distinctions subtiles.

Je parie que vous avez jeté à la corbeille cette missive misérable, c'est là votre rôle, et c'est là notre lot.

Les sursauts de l'histoire n'y ont rien fait.

Il faut bien que les petits le restent pour faire sens.

Mon logis est sans doute plus confortable que les descriptions à la Dickens ou Zola, ou encore le sort de Jacquou le Croquant, et je pourrais multiplier les misères.

Je n'ai pas d'arme, chantait Vian, que vous ne devez pas porter dans votre cœur.

Vous êtes l'illustre successeur d'illustres précédents, qui n'ont rien fait de mieux hélas.

La misère est relative sans doute, mais la misère est toujours là.

Ne croyez pas que je mendie quelque piécettes pour mon compte.

J'ai l'orgueil de m'exprimer au nom de cette population dont tout le monde se fout bien.

Pour vous je ne sais pas, vous êtes fraîchement élu, mais vous n'aurez aucun mal à comprendre ma méfiance, je vous parle d'expérience, mais vous connaissez par cœur les antécédents.

Monsieur le Président, pardon de singer plus méritant que moi, si vous abandonnez cette politique nommée « libérale » pour le bonheur de nous autres, qui ne demandent pas grand-chose, vous serez un grand Président qui laissera une trace dans l'Histoire.

Vous n'avez été élu ni par l'Union Européenne, ni par les actionnaires ou les lobbies.

Céder aux pressions ne peut être qu'un aveu de faiblesse.

Ceci n'est pas un manifeste nationaliste, vous l'avez compris j'en suis sûr.

Le peuple n'est pas à craindre Monsieur, il ne demande que le juste dû.

Cette lettre est une bouteille à la mer, comme d'autres l'ont écrite depuis des siècles.

Puissiez-vous m'entendre, et surtout me comprendre.

Pas de formules de politesse d'usage, que vous soyez, Monsieur le Président, au chevet de la majorité qui vous a élu.

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