L'étudiante.

xepox

Disette sexuelle. J’avais arrêté de coucher avec des garçons. Promis juré, le prochain homme avec lequel je m’adonnerai aux plaisirs sexuels sera celui avec lequel qui je passerai ma vie. Ou tout du moins, quelques mois. J’en avais pourtant écumé des chibres. Mais là, stop, je m’étais dit, voyons, tu peux te passer d’un homme pour quelques temps, consacre-toi à autre chose, tes études par exemple. Oui, mes études par exemple. Sauf que j’avais eu la bonne idée de choisir comme sujet de mémoire le sexe sur Internet. Comment joindre l’utile à l’agréable, ou plutôt la frustration à l’érudition.

« Tu penses vraiment que tu vas rencontrer l’homme de ta vie à 24 ans ? Tant qu’à faire redeviens vierge, il paraît que si t’attends 7 ans, ton hymen se reforme. »

J’avais décidé de me confier, et forcément, quand sa meilleure amie a un palmarès sexuel aussi élevé que le nombre d’habitants du Lichtenstein, l’accueil n’est pas forcément encourageant.

« Le Lichtenstein ? J’aimerais plutôt qu’ils en aient le compte en banque. Et puis non, j’ai pas couché avec autant de personnes. S’il y a bien un pays que j’ai conquis par nombre de bites, c’est plutôt le Vatican. »

Sainte Alice, elle avait toujours le mot pour faire grincer les dents et les catholiques. Surtout sa mère, la plus fervente pratiquante qui existe, n’ayant forniqué que pour procréer. Inutile de dire que lorsque elle avait appris que le saint siège de sa fille avait été souillé plus d’une fois par un liquide immaculé, elle avait couru à l’Eglise allumer des cierges et avait longuement et savamment prié pour sa rédemption.

 « Rassure-moi, tu vas tout de même te toucher hein ? S’il te plaît, dis-moi que tu vas te masturber ! »

C’était ma décision et c’est comme si c’était Alice qui en souffrait.

« S’il te plaît, Eglantine, dis-moi que tu vas te masturber ! »

Ironie du sort, il fallait que moi, jeune novice en matière d’abstinence, m’appelle Eglantine. Avec un nom pareil, j’étais plutôt destinée à baiser. Mais non, au contraire, j’avais décidé d’arrêter de coucher.

 « Mais oui, ne t’inquiète pas. J’ai pas fait voeu total chasteté. Bien sûr que je vais me toucher. 

-       Et n’oublie pas que la masturbation, c’est totalement naturel, il n’y a aucune honte à avoir. Même dans la Bible, c’était prévu. Oui bon, certes, Onan a mal fini, mais tout de même. 

-       Encore une fois, je ne fais pas ça pour des raisons religieuses. Sinon, je n’aurai pas choisi les habitudes sexuelles des Français et Internet comme sujet de mon mémoire de sociologie.

-       Franchement, Eglantine, je te le dis, parfois, tu me fais peur. Je ne te comprends pas. Tu vas passer pour la plus libérée des gourgandines devant tout un amphi, alors que de ton côté, tu souhaites redevenir vierge.

-       Arrête avec ça, t’extrapoles trop comme d’habitude. Je ne veux pas redevenir vierge.

-       Non, c’est vrai, tu veux juste être la sœur Emmanuelle de l’orgasme. »

Alors qu’Alice m’assénait cette punchline elle finissait au goulot la bouteille de vin qu’on venait de se partager. J’avais abandonné, enfin à moitié abandonné le sexe, je n’allais pas non plus me décharger de tous mes vices.

« Bon, allez, je rentre chez moi. Merci pour la soirée, mais n’oublie pas qu’il y en a qui bossent demain. » Il fallait qu’elle me le dise tout le temps. C’est vrai que lorsque l’on avait trop tardé dans les études, on se retrouvait avec des amis qui étaient déjà dans le monde du travail. Et alors qu’eux se couchaient comme des poules, je restais seule avec mon insomnie, me levais à midi, et faisais toujours semblant d’étudier. Sauf pour mon mémoire. J’avais choisi ce sujet parce que il m’intriguait. Aussi parce qu’Alice m’avouait qu’elle utilisait souvent des sites Internet pour se trouver des plans cul. Cependant, elle regrettait qu’il n’existe pas d’officiel Grinder pour hétéro. Antoine, notre ami homo, nous avait vanté les mérites de ce site. C’est vrai qu’il n’y avait pas plus pratique lorsque les hormones chauffaient. Se connecter, trouver le mec le plus proche et le plus baisable possible (tant qu’à faire), s’échanger les adresses et passer une nuit torride. Histoire de se vider. Ou de se faire fourrer. Tout dépendait des préférences.

Ça me faisait mal de l’avouer, mais cette conversation avec Alice avait eu l’audace de m’exciter. Un comble, là encore, parler de mon abstinence m’excitait énormément. Bien sûr, je devais le cacher, je ne devais pas montrer que mes cuisses flageolaient, que j’étais prise de frissons, et que mon clitoris grossissait au fur et à mesure où elle m’expliquait que je devais me caresser. Il n’y avait alors pas de moment plus propice pour commencer mes recherches. Ni une ni deux, j’allumais mon ordinateur, et contemplais les délices que me trouvait Google. Bien sûr, en premier, je tombais sur des sites explicitement pornographiques. A l’époque du divin marquis, on parlait des livres qu’on ne lisait que d’une main, à l’heure de l’informatique, il fallait parler des claviers que l’on utilisait que d’une main. Et mes cuisses de continuer à être parcourues de frissons. Par honte ou culpabilité, je regardais à gauche et à droite, par peur d’être surprise. Alors que j’habitais seule dans un studio.

« Je n’ai pas fait vœu de chasteté, j’ai juste décidé de ne plus coucher avec des garçons. Je n’ai pas fait vœu de chasteté, j’ai juste décidé de ne plus coucher avec des garçons. » Méthode Coué pour me persuader que je ne faisais rien de mal. Du moins, rien de contraire à ma nouvelle éthique personnelle.

Je regardais encore à gauche et à droite, cette fois-ci afin d’éviter le regard moralisateur de mon poisson rouge, et enlevais ma mini-jupe. J’étais connectée sur plusieurs sites en même temps. Sur la première page, un site de streaming de vidéos réalisées par les amateurs. Je n’étais pas particulièrement fan de ces sites, mais pour la science, il fallait bien se sacrifier. Dans quelle catégorie allais-je trouver mon bonheur ? Milf ? Interracial ? Lesbiennes ? Novice que j’étais, j’optais simplement pour des vidéos dites normales. Un homme, une femme, un chibre, une chatte. Sur l’autre page, un site sur lequel des libertins pouvaient s’adonner à des plans cam. Dire que je pensais que les plans cam, c’était le truc que l’on faisait à 14 ans quand on s’ennuyait dans sa chambre et que la seule expérience connue jusque-là était celle de sa main. De sa main, par défaut. Je me trompais parce qu’à en croire les annonces qui défilaient devant moi, cette pratique était foisonnante. Sur la troisième page, j’étais simplement sur un site de rencontre lambda, qui avait fait parler de lui récemment à cause de son interface rose et de son concept un peu particulier où c’était la femme qui était le soi disant véritable décideur quand l’homme se contentait uniquement de payer.

Je dispersais mes recherches et mes cuisses s’ouvraient un peu plus. Peu à peu. Comme si de rien n’était, je passais ma main et la frottait discrètement contre mes lèvres, à travers mon string. Afin de ne pas avoir l’autre main oisive, je lançais une des vidéos, tout en me disant que normalement, en tant que femme, si j’agissais selon la morale que l’on m’avait inculquée depuis des années, je ne devais pas être excitée par ce genre de choses. Mais plus j’essayais de me dire qu’il ne fallait pas que je craque, plus les muscles de mon périnée se contractaient. Ma morale pour un orgasme.

La vidéo que je regardais se passait dans un salon de style victorien. Une femme de bonne famille en robe à froufrous et un homme en costume et haut de forme. Une canne à la main. L’époque des plaisirs de la petite oie. La femme qui semblait timide, s’assit sur le canapé. L’homme la rejoignit. Alors que je me demandais comment la scène de sexe allait se dérouler, je passais délicatement ma main sur mes seins, sentant mes tétons se durcir, et mon clitoris grandir. Ma chatte s’humidifiait alors qu’il ne s’était encore rien passé. Et là, comme par enchantement, l’homme guindé se débarrassait de son pantalon et se ruait sauvagement sur la femme dont il déchirait les jupons d’une main experte. C’était ensuite au tour de sa tête de s’enfoncer dans les jupons déchirés pour laper les lèvres de la femme dont la poitrine se gonflait de plus en plus. Un inconnu donnant des coups de langue à une inconnue. J’avais envie de rejoindre cette scène. Mais c’était impossible, il fallait que je me satisfasse moi-même. Je m’enfonçais alors dans ma chaise et plongeait ma main dans mon string. Ma chatte était immergée sous ma cyprine. Je commençais par caresser mes lèvres externes, pour ne pas tout de suite faire exploser le désir. Innocemment, comme s’il s’agissait d’une quelconque partie de mon corps. Puis les cris poussés par la femme de la vidéo me firent démarrer au quart de tour. J’entrais un doigt entre mes lèvres, et commençais à jouer avec mon clitoris. Mon bas-ventre se contractait, mes cuisses vibraient. Alors que dans la vidéo, les rôles s’échangeaient et la femme se jetait goulûment sur la bite du dandy je faisais pénétrer deux doigts dans mon vagin. Pas besoin de sex-toy, je faisais tout à l’ancienne. Mes doigts allaient et venaient dans mon vagin, touchant toutes les parois, les sentant se resserrer autour d’eux. Une main n’était pas suffisante pour me combler totalement. Je jetais mon tee-shirt, et je me retrouvais nue sur ma chaise, palpant mes seins, enfonçant encore plus profondément mes doigts dans mon vagin. Je respirais de plus en plus fort. Les préliminaires de mes compatriotes de jeu étaient terminés. Ils se retrouvaient tous les deux nus, et commençaient une levrette virulente. J’avais aussi envie qu’on me prenne, sentir une bite s’enfoncer en moi tandis que des mains serraient mes hanches, j’avais envie d’entendre un homme me dire qu’il avait envie de me baiser, tout en me demandant de quelle façon il fallait qu’il s’y prenne pour me faire jouir. J’avais décidé d’arrêter de coucher avec les garçons, mais je pensais tout de même à eux quand je me masturbais.

Je me griffais les seins et les cuisses tandis que la Lady se touchait en même temps qu’elle se faisait pénétrer. Je sortais les doigts de mon vagin et les mettais dans ma bouche, léchant avec volupté ma mouille, me délectant du goût qu’elle avait. J’étais de plus en plus excitée. J’avais envie que ce plaisir dure. Dure. Comme la bite du dandy de la vidéo. Changement de position. Lui assis et elle sur lui. Lui serrant le cou de ses mains et léchant ses seins. Je replongeais mes doigts dans mon vagin, et je regrettais de ne pas avoir d’objet à m’enfoncer. J’avais besoin de sentir quelque chose à l’intérieur de ma chatte, quelque chose de plus gros que mes doigts. Mon cœur battait de plus en plus vite, je laissais s’échapper des cris, je jouais de plus en plus avec mon clitoris, ayant envie de me procurer un orgasme. J’avais envie de crier encore plus fort, j’avais envie qu’on me prenne sur mon bureau. J’avais envie de me mettre à quatre pattes. Tous mes fantasmes étaient en ébullition dans ma tête pendant que je continuais à me toucher, jalousant la femme de la vidéo. Puis elle se mit à jouir, criant en même temps qu’elle voulait continuer à être baisée. L’homme insérait ses doigts dans sa bouche et ceux de l’autre main dans son cul. Il la possédait par tous les trous. Elle s’abandonnait à lui et jouissait de plus belle. Lui commençait seulement à sentir l’orgasme monter. Son visage se contractait, des sons sortaient de sa bouche. La femme se touchait les seins et couinait. Je léchais mes doigts et continuais de caresser délicatement mon clitoris. C’est à ce moment qu’il jouit. Après dix minutes de vidéo. Sauf que pour moi ce n’en était pas assez, j’en voulais plus pour jouir.

J’avais oublié que j’étais connectée sur d’autres sites, quand un bruit me le rappela. C’était le site réservé aux plans cam. Je mordillais mes lèvres car je savais ce que signifiait ce bruit. Quelqu’un voulait me voir, il y avait là, ailleurs, un homme qui avait envie de me voir me caresser. Ni une ni deux, j’acceptais, n’étant contrôlée que par mon excitation. J’avais de la chance. Il était plutôt mignon. Un beau brun à la barbe de trois jours, qui indubitablement plaisait autant aux hommes qu’aux femmes. Et il ne s’en cachait pas, il était bisexuel. Mais ce soir, c’était sur une chatte qu’il avait envie de se branler. Je m’approchais de la webcam que j’avais enclenchée pour lui montrer mes seins, lui montrer mes mamelons durs que je saisissais entre mes doigts. Je sortais ma langue et léchais mes lèvres avec volupté. Lui me montrait sa bite, bien dure et bien ferme. J’aurais rêvé qu’elle m’empoigne et s’enfonce en moi. Il passait sa main sur son pubis rasé, attrapa sa verge et se mit à la masturber. Montant et descendant, doucement, puis de plus en plus vite et plus fort. C’en était trop pour moi, je me masturbais depuis assez longtemps déjà et je n’avais plus qu’une envie, c’était de jouir. Je décidai de m’atteler à cette tâche. Je me mis à contracter mon vagin pendant que mes doigts s’y enfonçaient avec plus d’entrain. Avec mon autre main, je caressais mon clitoris de haut en bas, puis de gauche à droite. A l’intérieur de mon vagin, je sentais mon point G se développer. Mes doigts avaient localisé cette zone qui allait me faire exploser. Je remuais sur ma chaise, mimant l’acte sexuel, donnant des coups de rein à l’homme invisible qui me chevauchait. Un cri aigu sortit de ma bouche, et l’homme à la cam appréciait de plus en plus le spectacle, je le voyais se masturber avec un regard vicieux. Lui aussi aurait aimé être dans la même pièce que moi pour me prendre violemment. Et soudain, l’orgasme. La petite mort. J’avais joui très fort. Mes yeux s’étaient fermés, ma bouche s’était ouverte, et j’avais laissé expiré mon plaisir. Je rouvris les yeux et vis que mon orgasme avait énormément excité mon compagnon virtuel, ses mains étant couvertes de sperme. Il me fit et clin d’œil et je coupai la cam.

J’ai décidé de ne plus coucher avec des garçons.

Je n’avais pas vraiment fait l’amour avec quelqu’un ce soir-là, puisque j’étais toute seule dans mon studio, je m’étais contentée de regarder des gens en action, et de me faire plaisir toute seule virtuellement avec quelqu’un d’autre. Je ne m’étais pas vraiment trahie. Pourtant, je sentais que si je racontais à Alice ce que j’avais fait, elle se moquerait de moi et me dirait que j’avais la même volonté qu’un fumeur qui repousse tous les jours la date où il va arrêter.

Ce n’était pas vraiment de ma faute, c’était mon mémoire aussi. Il fallait bien que je teste les choses dont j’allais parler. On ne connaît véritablement un sujet que lorsqu’on l’a expérimenté. Excepté que je doutais que si je décrivais les pratiques auxquelles je venais de m’adonner, j’obtienne une note correcte. Je pouvais toujours espérer d’exciter un minimum mon correcteur qui se serait alors montré lâche sur la notation. Et sur son pantalon. Non, je devais me montrer un peu plus scientifique et détachée.

J’ouvris un nouveau document sur mon ordinateur et écris cette première phrase « Autre temps, autres mœurs : vivre sa sexualité avec son époque. » J’éteignis mon ordinateur et me mis au lit. Nue. J’avais décidé de ne plus coucher avec des garçons, mais je n’avais pas décidé de ne plus avoir de vie sexuelle. Avec ce mémoire, j’allais être servie.

XepoX

  • Pourquoi aller sur un site de cul alors qu'on peut lire ce genre de texte sur WW ? Le son et l'image ne sont pas toujours indispensables pour sentir son pouls s'accélérer. Merde à la narratrice pour son mémoire - y'a vraiment des sujets qui exigent beaucoup d'implication de notre part.

    · Il y a presque 13 ans ·
    Yellow night dream orig

    Cyan Liore

Signaler ce texte