L'Heure

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L’Heure. Toujours la même. Toujours cette même aigreur, à cette heure, l’Heure.
Elle me prend et m’entraîne, l’écriture tourmentée de ma mélancolie.
Et c’est l’Heure de mettre de côté mes devoirs pour mes droits, puis de saisir la plume comme un meurtrier empoigne son arme, comme un amoureux désespéré embrasse l’âme éteinte à jamais ; sans prévenir, avec la détermination étonnante de celui qui n’a plus rien à perdre.

Les mots ne sont pas ma drogue, ni un moyen de me consoler de ma médiocrité. Ils pleuvent dans mon esprit et je ne sais où les mettre. Ils virevoltent et s’accouplent dans ma tête, de leur libre union chaque jour naissent des phrases. Je les laisse s’enlacer au dehors, dans un monde cruel. Je demeure leur créatrice, je suis responsable, malgré tout ces petits anges maladroits finissent par voler de leurs propres ailes.

Il est l’Heure de perdre la notion du temps, il est l’Heure que s’affirment les murmures, que crient les soupirs. Le soir, la nuit s’est avancée, je n’ai plus rien à dire, trop de choses à penser, des ouvrages à ouvrir, des lignes à ingurgiter, j’ai le dégout de m’immerger dans ces inutilités. Et ma voix intérieure est là pour me rappeler : « Respire ». Alors je laisse galoper les lettres, sans regret.

L’Heure du Regret, le grand, le beau, viendra bien assez tôt quoique trop tard. Je maudirai le dépit qui me force à chanter mes pensées par mes doigts, je pleurerai cette volonté effacée et cette vie envahie par le dépit.

Je continue à vivre sans aucun respect, poursuivants des objectifs lointains, des rêves broyés par la certitude de l’incertitude. Mon être semble résolu à détruire les attaches qui me relient à l’univers viable, s’enlisant dans une folie choisie ; il fuit.


(Merci d'avance pour votre note et votre avis, j'en ai besoin pour avancer)

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