L'hiver est là
[Nero] Black Word
Étais-je ici ? Ou étais-je ailleurs ? Ou que je puisse être, il faisait froid. Un souvenir me vint, un simple mot : l'hiver.
Dans ma tête défilaient des images, des paysages. Tous différents et pourtant reliés comme des points de coutures par un fil. Un fil conducteur qui les unissait dans un seul but, un seul cheminement, formant ce défilement incessant, oppressant.
Je voyais la neige. Je la voyais apparaître dans le ciel, comme une douce pluie d'étoiles. Je la voyais danser avec une légèreté monotone, une légèreté lasse, une légèreté froide. Elle descendait lentement, caressant le paysage de toute sa hauteur, glissant sur les horizons à travers le vent, avant de se poser et disparaître dans son lit blanc.
Aussi blanc que ces murs. Blanc avec de léger reflet, parsemé de formes carré. Aussi blanc que le plafond et le sol qui les accompagnaient. Une pièce de carrelages parfaitement propre, parfaitement froide. La propreté de ce blanc dissimulait bien mal le gris qu'elle désirait faire oublier des regards. Un gris évocateur d'un froid capable de percer la chaleur vivante de crocs de glace.
De la glace, réduit à l'état d'un cube creux, à trois reprises. Ils dansaient dans un liquide bleu en ce cognant au milieu d'un anneau de verre d'une grande profondeur, retenant en lui ce mélange. Les cubes de glace, le liquide bleu l'anneau de verre. Tous dégageaient une atmosphère froide, que ce soit posé sur une surface de boit lisse, étreinte par une main inconnu, embrasser par des lèvres chaleureuses, caresser par une langue curieuse et joueuse. Ce cocktail portait un nom évocateur à cette atmosphère : iceberg.
Il y en avait beaucoup, des centaines, des milliers. Ces icebergs avaient formé une étendue infinie de glace. Une surface encerclée d'autres icebergs, elle était ainsi couronner de piques de glaces pointés vers le ciel. Ce paysage était un partage de trois bleus. Un bleu profond pour l'eau de l'océan, un bleu plus clair pour le ciel et, nichée entre eux, la forme d'un bleu noyé de blanc. Un désert blanc, parfois glissant, sur le quel le soleil ne pouvait être qu'un reflet. Un reflet blanc perçant.
Perçant comme cette lumière. Cette lumière braquée sur vous, cette lumière qui ne laisse pas de place aux ombres, cette lumière qui est la pour percer les secrets de votre être. Elle se reflète sur des murs blancs, sur des personnes en blanc, sur des objets blancs, le tout dans un monde blanc et propre. Ces personnes analysent votre corps mis à nu, cherchant ses défaillances. Ils restent derrières une armure blanche, froide, faite de tissu, de plastique et de sang-froid. Au milieu de ces lumières blanches.
Blanches comme cette surface rectangulaire, seulement interrompue par une bien plus petite surface de la même forme. Cette dernière s'amuse à disparaître, à se rendre invisible, à chaque seconde. Cette petite forme est noire comme une nuit sans étoile, perturbant la page blanche qui laisse émettre une certaine luminosité. La petite forme noire s'acharne, réclame mon attention. Elle souhaite être une coulée de liquide noir qui s'étend, qui inonde ce blanc. Elle aimerait y laisser des dessins, d'autres formes, au rythme varié d'une commande interprétée par un duo de mains. Elle désire être l'instrument d'une expression artistique. Je le désire moi-même, je désire l'aider à faire disparaître cette surface blanche. Tout ce blanc que je voyais, aussi blanc que la neige.
Très beau. Quelques petites fautes à corriger :)
· Il y a environ 10 ans ·dreamcatcher
Les fautes sont un véritable fléau plus enragé que l'hivers !
· Il y a environ 10 ans ·Merci. =)
[Nero] Black Word
une superposition de thème comme des feuillets d'écriture saupoudrées de "neiges". Frimas de toutes vos visions sous une écriture divinement douce et superplanante. j'ai beaucoup aimé. Et je vous en remercie.
· Il y a environ 10 ans ·elisabetha
Ce fut un plaisir, particulièrement celui du plaisir de quelqu'un qui me lit. =)
· Il y a environ 10 ans ·[Nero] Black Word