L'Homme-cycle

vionline

Je ne viendrai pas en conquérante
Encore moins en tant que prétendante.
Du mariage, un aboutissement pour certaines,
Je m'en fiche pour ma part ! Sur le sujet, sereine.

Je ne viendrai pas pour te passer la corde
Au cou, ni pour semer la discorde
Et tout gâcher entre nous.
Ni arme, ni haine, ni courroux.

Je ne mendierai pas ton amour. Je ne te ferai pas l'aumône. J'aspire juste à être de bonne compagnie, une sympathique Dame de Carreau à défaut de Cœur.
Que tu souhaiteras revoir. Un peu. Parfois. Souvent. Peut-être.

Mais je dois t'avouer, autant être honnête,
J'ai vu en toi plusieurs facettes et cela fait longtemps
Que je compose avec elles, du moins avec Eux
Ce qui me rend confuse et perdue.
Ces troubles, je ne les subirai plus.
Parce que je prendrai les devants. Finies les questions.



Parce qu'hier, en m'endormant, l'esprit empli de toi, j'ai remarqué,
A tort ou à raison,
Que je fonctionnais, avec toi, que tu fonctionnais avec moi

D'une manière bien étrange.


Tu es un cycle. Un homme, réglé sur le cycle de la nature et de la vie.


Aube et matin, midi et après-midi, soir et nuit


Je m'éveillerai, avec ou sans toi, jeune homme,
Tu pianoteras déjà sur ton portable, ta tablette,
J'entendrai peut-être le vacarme de la machine à café,
Qui n'aura fonctionné que pour toi.
Ou bien, en ouvrant les yeux,
Ton nez se frottera déjà au mien,
Alors je t'ouvrirai mes bras
Pour que tu poses ta joue contre mon sein
Et que tu t'y reposes.
Murmures, souffle, tu te rapprocheras peut-être
Il faudra se serrer dans ce lit. Aurait-il subitement rétréci ?

Le matin arrivera et je te retrouverai
Télé, musique, écriture, cuisine, va-et-vient.
Si tu le désires, je te laisserai en paix, avec toi seul.
Si tu m'invites, nous jouerons, parlerons et rirons.
Duc, à ta guise.


Midi. Ton âge avance, jouxtant le mien.
Cuisinons ?
Je goûterai à tes plats ou aux nôtres, en échangeant,
Comme des amis de longue date, confidents et amis.
Tu parleras de voyages, ceux que nous avons faits,
Ceux qui restent à venir pour nous créer de nouveaux souvenirs.

Après-midi, je regarde tes rides, ta barbe grisonnante. Je souris.
Heureuse de te retrouver.
Je serai en retard, s'il faut qu'on se dépêche pour prendre la route,
Tu râleras, par habitude: "Qu'ont donc les femmes à ne se préparer,
Qu'au moment où je prends mes clés de voiture ?".
Si la casa, qui aura préféré nous retenir sur le canapé,
Nous impose son moelleux confort,
Je tenterai, si tu as les yeux fermés, attiré par Morphée,
De te prendre la main. De doucement t'éveiller,
Mon ami qui sans doute s'ignore.


Le soir, hasardeux, verra notre retour de ballade.
Quel âge peux-tu bien avoir ?
Ou bien nous accuserons l'ennui, gentiment,
Qui nous a retenu dans l'appartement.
Tu estimeras, moqueur, que c'est de ma faute.
Sans doute. Cela me fera rire.
A n'en point douter, tes yeux changeront
Comme cela arrive souvent, soudainement.
19h ? 20h ?
Je sentirai proximité, puis frôlements,
Des gestes allant vers moi,
Feignant la maladresse.
C'est ainsi que tu m'approcheras,
Lentement, en prenant le temps,
Cherchant l'intimité.

La nuit deviendra intemporelle.
J'attendrai, à corps défendant, ces instants fugaces
Où j'aurai l'impression d'être plus que désirée,
Tu as ce don: comme un unique aveu, un mot, peut-être un seul.
Sera murmuré à mon oreille que tu prendras
Langoureusement contre ta langue,
Tu chuchoteras, moqueur, que c'est de ma faute.
Que moi seule t'ai provoqué.
"Pas le choix, je ne pouvais que te prendre dans mes bras.
Que te prendre".
Sans doute. Je sourirai. En silence.
Délicieusement consentante.

Et le matin reviendra...

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