L'huître et le marteau.(1)

J'ai connu mon premier amour grâce à Jacques Demy et Les parapluies de Cherbourg. Un mélodrame chanté sur fond de guerre d'Algérie et où les sentiments amoureux étaient plus forts que la construction de la Ve République: j'étais du même avis, plus préoccupé par ma quéquette et mon indépendance que par les mitraillettes et la souffrance.

Nous étions sur la fin d'année scolaire, et Madame Flute,  notre professeur de chant (oui je sais ça ne s'invente pas), avait programmé cette sortie cinéma avec l'argent des rois dans les brioches et du Nutella sur les crêpes. Pour sécuriser notre accompagnement, elle avait joint à l'invite notre professeur d'histoire-géographie, Monsieur Pet (qui lui, s'inventait toujours des rages de dents pour calmer ses maux de ventre). Autant vous dire que tous deux avaient des petits surnoms dans la cour de récréation: Panpan et Cucul... parce que flûte de pan et pet du cul (oui je sais, fallait s'y attendre).

Panpan était belle comme Catherine Deneuve et Cucul était... ben comme la praline: il semblait toujours niais et déprimé, telle l'amande gâtée sous un sucre inverti. Sa culture sur les évènements passés l'empêchait de sourire et géographiquement parlant, l'augmentation de la population sur le littoral l'angoissait, que bientôt selon lui, dans l'arrière-pays ne resterait plus que des vaches aux pis ternes et quelques cochons à la queue en forme de cubi. On disait de Monsieur Pet qu'il buvait beaucoup entre les repas, que ce n'était que par haleine qu'il mâchait des Hollywood et non pas pour un quelconque souvenir Américain comme le prétendait sa hiérarchie.

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