L'humaniste et l'automate

Jean Claude Blanc

Drôle de progrès! inspiré par Georges Duhamel médecin et philosophe

                         L'humaniste et l'automate

Le sage longuement prostré

Menton collé sur son poignet

Sur son rocher, stoïque, rivé

Imaginait sa destinée

 

Un humanisme éclairé

Par les plaideurs d'Antiquité

Ne déléguant à l'objet

Que basses besognes, sans intérêt

 

Et puis son bras s'est prolongé

D'outils pratiques, pour moins bosser

Rendre le travail plus aisé

Prélude d'un monde mécanisé

 

Mais plus les siècles ont avancé

Les instruments modernisés

Ont pris le pas sur nos idées

Au point même de s'imposer

 

Les progressistes de tout plumage

En ont saisi les avantages

Si bien qu'on n'a plus le courage

De compulser nos beaux ouvrages

 

Le poète sorti du néant

Jamais de suite, de son vivant

Déjà bien beau, qu'il puisse léguer

Ses bouts de vers, à pérenniser

 

Certains déclament le passé

Et d'autres flattent les avancées

Moi je refuse de m'enrôler

Dans le présent, suis arrimé

 

Je veux tout seul m'initier

Comprendre, juger et critiquer

Prendre mon temps, et me poser

Pour ausculter, la société

 

J'exècre tous les fanatiques

Illuminés, et diaboliques

On a bien vu le résultat

Rayé de la carte, Hiroshima

 

Je n'ai pas l'âme d'un intégriste

Vais pas prêcher, St Barthélémy

Tous au bûcher les hérétiques

Mais me méfier des scientifiques

Une minute, s'arrêter

Tout compte fait, pas satisfait

Car notre marche au progrès

Est devenue, course effrénée

 

L'outil est ce qu'on en fait

Objet servile, à moduler

Si l'on se laisse contaminer

Technologie va diriger

 

L'intelligence a ses vertus

Aussi ses tics farfelus

La technique, son incarnation

Le libre arbitre, sous condition

 

Parfois, j'envie les animaux

Qui ne cherchent la perfection

Que dans leurs dards, dans leur peau

N'ont pas besoin, de nos potions

 

On est victimes de nos conquêtes

Sans les humains, y'aurait pas de guerre

Notre belle Terre, serait en fête

Mais on fait tout pour lui déplaire

 

On ne compte plus les automates

Plus de chéquiers, ni de stylos

Tu tends ta carte, ton numéro

Dans ton cerveau, ça fait de la place

 

On appelle ça, la régression

On ramollit notre raison

Platon, Socrate, des illusions

Les automates sont en action  

 

Le contempteur, a le beau rôle

Il se balade sur les deux pôles

Un coup en bas un coup en haut

Juste milieu, sa parabole

 

Sans le génie, pas de création

L'homo-sapiens, humanisé

A pour devoir harmoniser

Equilibrer science et raison

 

Il est grand temps de s'inquiéter

Générations de gens pressés

A chaque instant faut innover

Faut s'arrêter, pour déguster

JC Blanc  décembre 2021   (hommage à Georges Duhamel) médecin, philosophe qui prenait le temps d'examiner du regard son malade, aujourd'hui nos carabins, en un quart d'heure vite fait plongés dans leur ordi, vous réclamant machinalement votre carte qui elle lui est vitale…

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