L'humaniste et l'automate
Jean Claude Blanc
L'humaniste et l'automate
Le sage longuement prostré
Menton collé sur son poignet
Sur son rocher, stoïque, rivé
Imaginait sa destinée
Un humanisme éclairé
Par les plaideurs d'Antiquité
Ne déléguant à l'objet
Que basses besognes, sans intérêt
Et puis son bras s'est prolongé
D'outils pratiques, pour moins bosser
Rendre le travail plus aisé
Prélude d'un monde mécanisé
Mais plus les siècles ont avancé
Les instruments modernisés
Ont pris le pas sur nos idées
Au point même de s'imposer
Les progressistes de tout plumage
En ont saisi les avantages
Si bien qu'on n'a plus le courage
De compulser nos beaux ouvrages
Le poète sorti du néant
Jamais de suite, de son vivant
Déjà bien beau, qu'il puisse léguer
Ses bouts de vers, à pérenniser
Certains déclament le passé
Et d'autres flattent les avancées
Moi je refuse de m'enrôler
Dans le présent, suis arrimé
Je veux tout seul m'initier
Comprendre, juger et critiquer
Prendre mon temps, et me poser
Pour ausculter, la société
J'exècre tous les fanatiques
Illuminés, et diaboliques
On a bien vu le résultat
Rayé de la carte, Hiroshima
Je n'ai pas l'âme d'un intégriste
Vais pas prêcher, St Barthélémy
Tous au bûcher les hérétiques
Mais me méfier des scientifiques
Une minute, s'arrêter
Tout compte fait, pas satisfait
Car notre marche au progrès
Est devenue, course effrénée
L'outil est ce qu'on en fait
Objet servile, à moduler
Si l'on se laisse contaminer
Technologie va diriger
L'intelligence a ses vertus
Aussi ses tics farfelus
La technique, son incarnation
Le libre arbitre, sous condition
Parfois, j'envie les animaux
Qui ne cherchent la perfection
Que dans leurs dards, dans leur peau
N'ont pas besoin, de nos potions
On est victimes de nos conquêtes
Sans les humains, y'aurait pas de guerre
Notre belle Terre, serait en fête
Mais on fait tout pour lui déplaire
On ne compte plus les automates
Plus de chéquiers, ni de stylos
Tu tends ta carte, ton numéro
Dans ton cerveau, ça fait de la place
On appelle ça, la régression
On ramollit notre raison
Platon, Socrate, des illusions
Les automates sont en action
Le contempteur, a le beau rôle
Il se balade sur les deux pôles
Un coup en bas un coup en haut
Juste milieu, sa parabole
Sans le génie, pas de création
L'homo-sapiens, humanisé
A pour devoir harmoniser
Equilibrer science et raison
Il est grand temps de s'inquiéter
Générations de gens pressés
A chaque instant faut innover
Faut s'arrêter, pour déguster
JC Blanc décembre 2021 (hommage à Georges Duhamel) médecin, philosophe qui prenait le temps d'examiner du regard son malade, aujourd'hui nos carabins, en un quart d'heure vite fait plongés dans leur ordi, vous réclamant machinalement votre carte qui elle lui est vitale…
Superbe! Merci!
· Il y a presque 3 ans ·Laurent Cacciatore