L'idéaliste incurable
Paul Robert De La Fauvellerie
Sorti de l'hôpital, je faisais un doigt d'honneur à cette vénérable institution. Dévoyée au nom des laboratoires sur l'autel du dieu Dollar...
Pour autant, je ne voulais pas rentrer chez moi, l'idée me déprimait. Je me rendis donc à la gare prendre le billet de train qui devait me conduire chez ma soeur deux jours plus tard. J'y mettais une bonne partie de mes maigres ressources, vu le prix prohibitif... La SNCF était aussi une institution dévoyée selon moi. Créée pour relier les humains entre eux malgré les distances, elle était devenue une entreprise qui devait générer du profit... Profit! Que je haïssais ce mot! Pourtant, j'avais été (pas longtemps) co-gérant d'une entreprise de services à la personne. Je connaissais les chiffres, leur logique implacable, mais jamais je n'avais mis l'argent avant une personne. Raison pour laquelle j'étais fâché à mort avec l'autre co-gérant... Nous n'avions pas du tout la même façon de penser: j'étais venu pour les rapports humains, il était venu pour le fric. Deux mondes que tout opposait... Il me traitait "d'idéaliste incurable", moi, je me contentais de le traiter de "connard". Tout était dit! J'en avais fait une grosse dépression tout de même, tandis que j'avais déjà des fragilités dues à une enfance et une adolescence particulières (pour être pudique). Ma femme, à l'époque, comprenait ma façon de penser et m'avait soutenu... Mais malheureusement, à force de rêver, je finissais par rêver pour deux... Et c'était là que ça avait cloché entre nous...
J'avais développé une addiction aux médicaments, ce qui m'avait enlevé presque toute l'énergie nécessaire pour reconstruire autre chose... Je me contentais de lectures, de musiques... Non pas que j'étais passif, mais j'avais fait mon deuil de certaines illusions en m'enfermant dans d'autres... Et mes amis, pour la plupart, n'avaient pas compris. L'exalté de service qui était devenu un "loquedu" (selon certains termes qui m'avaient été rapportés), ça en choquait plus d'un... Quand à ma vie sentimentale après le départ de ma femme, elle se résumait à un tour chez des filles de joie que je connaissais bien, de temps à autres... Pas très réjouissant tout ça? Ça dépendait des points de vue... Après l'orage viendrait l'éclaircie... J'y croyais...
Mais ? Il y a forcément un "mais" à la fin de ton texte...
· Il y a presque 6 ans ·Sy Lou
" Nous n'avions pas du tout la même façon de penser: j'étais venu pour les rapports humains, il était venu pour le fric "
· Il y a presque 6 ans ·Cette phrase résume parfaitement l'histoire de ma vie avec le père de mes enfants.
Je ne comprendrais jamais comment peut-on faire passer l'argent avant le reste.
Votre personnage est glauque mais je l'aime bien.
Il a un air attachiant :-)
Lady Etaine Eire
C'est un glauque homme qui essaie de retrouver la vue :-)
· Il y a presque 6 ans ·Paul Robert De La Fauvellerie
:Excellent ! J'adore ! Bravo ! Félicitations ! :-)))
· Il y a presque 6 ans ·Lady Etaine Eire