Liens de papier

Christophe Vagant

Texte écrit en 30 minutes avec Ophélie Joh et François Chabert au cours d’un apéro littéraire érotique de Flore Cerise sur le thème de la punition sexuelle. Mots imposés en italique.

   Elisabeth suivait Stanislas comme une chienne battue. Jamais elle n'avait mis les escarpins dans un quartier si populaire. Jamais elle n'avait imaginé devoir aller dans un bar aussi glauque. Stanislas la poussa aussitôt vers les marches qui descendaient vers les toilettes du bar. Il en émanait des effluves infâmes dont-elle n'osait imaginer la nature, mais qui annihilaient la riche fragrance de son Chanel N°5. Elle bascula légèrement sur le ciment nu d'une marche qui s'effritait sous ses escarpins vernis. Elisabeth dut saisir la rampe souillée au risque de tâcher sa robe Chanel et son carré Hermès.

   « Avance petite putain ! » cracha Stanislas en la poussant plus bas, chaque marche comme une étape de plus dans la déchéance. Les odeurs d'excréments et d'urine - il n'y avait maintenant plus aucun doute - lui saisirent la gorge. Aux murs des graffitis vulgaires et des numéros de téléphone. « Je m'étonne de ne pas voir ton numéro ! » lança Stanislas narquois, avant d'ouvrir la porte des urinoirs et de l'y pousser d'une chiquenaude. « Jeune bourgeoise en manque suce grosses queues gorgées de foutre. » Voilà une annonce qui devrait te convenir !

   Elisabeth, horrifiée par l'odeur, aurait préférée être dépourvue de tout sens olfactif. C'était comme si l'urine, et tout ce qui peut sortir du corps humain, lui rentrait dans la moelle jusqu'au plus profond des os. Stanislas se pencha pour prendre le désodorisant à la menthe qui se trouvait au sol. « Tiens, ça c'est du parfum pour toi, salope ! » ricana-t-il, puis il l'aspergea de partout. Elisabeth, humiliée, ne sut que dire.

   Stanislas ne s'arrêta pas là. Il prit un rouleau de PQ  qu'il déroula pour lui lier les poignets ensemble en disant « Ah qu'ils te vont bien ces jolis bracelets de menottes. Tu n'as pas intérêt à les déchirer ! ». Enfin, il prit une bonne boule de papier, cracha dessus, et la lui enfonça dans la bouche. Elisabeth se sentis tellement coupable à ce moment-là qu'elle se mit à pleurer. Son mascara Guerlain lui coulait encore sur les joues quand elle entendit un homme descendre les escaliers. Il passa devant elle et pissa juste à côté ! Des projections d'urine maculèrent un peu plus sa robe Chanel. Il lui ria au nez avant de s'en aller.

   « De toutes façons, t'es qu'une pute ! cria Stanislas, c'est tout ce que tu mérites ! » Il lui déchira sa robe et elle se retrouva les fesses nues contre le sale mur froid. Si elle n'avait pas été bâillonnée, elle aurait imploré son pardon, mais là, c'est un autre aveu qui s'imposa à son esprit : « Baise-moi ! »

Elisabeth était tendue comme jamais, entre appréhension et excitation. Ses jambes flageolaient, son cœur battait. Elle était partagée entre l'horreur et un plaisir coupable qu'elle tentait de réprimer à tout prix. Que faisait Stanislas ? Pourquoi était-il parti ? Elle le comprit lorsqu'elle vit le premier homme descendre l'escalier. Non ! Il n'oserait pas ! Le pisseur ! Derrière lui, deux autres types. Stan ! Je t'en supplie ! Non ! Tu ne peux pas faire ça ! Elle était exposée, nue, impuissante avec ces satanés liens de papier. Elle aurait aisément pu se débattre, s'enfuir, mais elle était comme paralysée.

   Stanislas, avec un sourire satisfait, descendait derrière le petit groupe. Il dit simplement : « Allez-y, elle est à vous. C'est une pute. Servez-vous ! »

   Exposée, indécente, humiliée, elle se remémora la fessée déculottée qu'elle avait reçue à l'âge de onze ans par son grand-père ; la honte qu'elle en avait ressentie, mais aussi ce plaisir intense et coupable. L'homme semblait hésiter. Il n'oserait pas, il l'épargnerait. Mais d'un mouvement brusque il sortit sa queue. Pas très grosse mais raide, impatiente. Elle tressaillit. Comme mus par un signal, les deux autres dévoilèrent leur sexe dans leurs mains. Stanislas souriait toujours. Le premier homme avança sa main. Brutalement, il la plaqua sur sa vulve. Elle étouffa un gémissement. Le plaisir affluait. Brutal, intense, humiliant.

   « Ecarte ! » La voix de Stanislas était calme et impérieuse. Elle écarta les cuisses et ferma les yeux. « Ouvre les yeux ! ». Elle obéit servilement pour découvrir le sexe de cet homme se présenter entre ses lèvres intimes, pousser, glisser tranquillement, si tranquillement dans sa chatte. Elle cria son plaisir étouffé. Les autres se branlaient. Stanislas énonça lentement « C'est bien Elisabeth, tu as expié ta faute. » Il s'approcha d'elle, lui ôta son bâillon. Elle soupira un merci. Il l'embrassa. Elle l'avait trompé ; elle avait été punie. Sa faute était lavée. Dans son esprit, Elisabeth se demanda si elle n'avait pas envie de recommencer à fauter.

  • Violent ! Efficace ! Je parle du texte, évidemment...

    · Il y a environ 10 ans ·
    Couv2

    veroniquethery

    • Je suis pour ma part moyennement convaincu par ce texte. En trente minutes, nous n’avions pas le temps de faire dans la fioriture, mais son côté machiste me dérange un peu. Je regrette que nous n’ayons pas eu l’idée inverse, celle d’une femme qui se vengerait de l’infidélité de son conjoint en le soumettant aux turpitudes d’une bande de lesbiennes cuir…

      · Il y a environ 10 ans ·
      Ecriture2

      Christophe Vagant

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