L'île de beauté

Fiona Hauberdon

Il était une fois à l'Ouest, une histoire merveilleuse qui allait s'achever sur l'île de beauté.

Elle s'en va doucement mais surement, la brise,  comme un ballon qui s'envole tout la haut dans le ciel. Elle est pourtant rafraîchissante, voire nécessaire, sous ce soleil de plomb. Deux mèches de cheveux, qui s'étaient détachés de son chignon, encadraient le visage de Mia. Et la jeune femme marchait, traînant ses sandales usées dans le sable doux de la plage. Elle longeait la côte depuis maintenant deux heures, et des gouttes de sueur s'étaient formées telles des perles sur sa peau lisse. Dans l'eau, si bleu si claire si profonde, elle pouvait apercevoir son reflet. Le chant d'oiseaux sauvages, le bruit des criquets et le souffle de la mer raisonnaient dans sa tête semblable à une mélodie. La jeune femme s'arrêta un instant prise de fatigue, et se laissa tomber dans le sable aride et chaud les bras écartés sur le sol, la bouche sèche grande ouverte. Il lui brûla instantanément la peau ce qui lui fit regretter son geste et elle se releva prise de douleurs. Son corps était rouge, c'était de sa faute après tout, elle ne se protégeait jamais du soleil croyant toujours qu'en s'exposant elle pourrait finir avec une peau mate. C'était un espoir utopique, de la même manière que l'on espère trouver un oasis dans le désert. Mia, intrépide et déterminée ne voulait pas cesser de marcher. Elle se décida à reprendre la route et continua de marcher tout en admirant les montagnes de roches et de verdure qui contrastaient avec les eaux turquoises. "C'est magnifique!" lui dit-elle, mais elle ne répondit pas. Elle faisait la tête depuis qu'elles étaient arrivées sur l'île parce que Mia n'avait pas voulu louer un guide pour visiter. Elle s'était justifiée auprès d'elle en lui disant que le meilleur moyen de visiter un endroit est de le découvrir par sois même. Mais rien à faire, Aurore rechignait dans son coin, laissant sa jeune maman faire la conversation à un mur. Elle en avait marre de marcher, elle voulait aller s'allonger au bord de la piscine et faire une sieste mais Mia en avait décidé autrement. " Écoutes Aurore on est venu ici parce que tu me l'as demandé donc tu vas arrêter de faire la tête c'est clair ! " . Aurore ne répondait pas. "Le cancer est une connerie" elle se répétait inlassablement dans sa tête. Elle était fatiguée et avait faim mais elle n'osait rien dire à sa mère bornée, qui n'aurait pas compris. L'enfant se sentait prise au piège, obligée d'avancer, mitraillée entre le désir de souffler et celui de faire plaisir à sa mère. "Où-est ce qu'on va ? " elle demanda à Mia. "Je ne sais pas, mais on y va ! " répondit-elle heureuse que sa fille finisse par parler. "Génial, on marche sans destination, de mieux en mieux ! " continua de râler la fillette. Mia s'arrêta essoufflée et se retourna vers Aurore. Elle attendit que la jeune fille se rapproche d'elle et se baissa au niveau de sa taille. Elle plongea son regard dans les grands yeux bleus d'Aurore et attrapa sa petite main dans la sienne. "Ce n'est pas la destination qui importe, tout est à propos du voyage." Une larme naquit aux coin de œil lorsqu'elle s'adressa à sa fille. Elle avait peur. Elle ne voulait pas qu'elle la quitte, que tout s'arrête d'un coup, à cause d'une saleté de maladie. Elle ne voulait pas que sa fille soit seule dans cette situation. Aurore, dont les cheveux blonds volaient autour d'elle sentit son cœur se compresser. Sa mère faisait tout pour lui faire plaisir, elle l'avait emmenée jusqu'ici car c'est le seul endroit du monde qu'elle souhaitait voir, et maintenant la fillette culpabilisait de voir sa mère souffrir à cause d'elle. "Je ne veux pas que l'on soit séparer, je ne veux pas que ça arrive, j'ai peur de cette maladie." dit l'enfant. Mia pressa la main d'Aurore, fort, tellement fort qu'elle sentit le pouls de la petite, tambouriner contre son poignet. Il était impossible qu'on lui enlève sa fille. Leur venue en Corse avait une double raison qu'Aurore ignorait. La marche dans le sable devait mener à l'hôpital le plus réputé d'Europe, l'Eldo. "Ce n'est rien ma chérie, tu verras tout va bien se passer, je te le promet. Ne t'inquiètes pas" essaya t-elle de la calmer tant bien que mal.  "Maman" la coupa Aurore en reniflant. Et à travers la gorge nouée de sanglots, elle ajouta " Je ne veux pas que tu meurs." 


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