L'île verte : Chant 15

Sébastien Bouffault

 15 - La transformation

 

En voyant ces portraits

Que la lueur éclaire,

Tu te mets à pleurer

Et tu comprends, amer,

 

Que dans ta vie durant

Tu n'as pensé qu'à toi,

Toujours te lamentant

Sur ton sort, tes émois.

 

Mais qu'ont été les Autres ?

Tu ne les as pas vus.

Tu as été l'apôtre

D'un « Ego » trop pourvu.

 

Tu t'effondres par terre

En criant ton malheur.

Une intense lumière

Jaillit et te fait peur.

 

Elle est éblouissante,

Tu ne peux la fixer,

Elle est réconfortante

Malgré l'intensité,

 

Porteuse de chaleur

Dans ce grand souterrain.

Puis de vives couleurs

Percent ces murs d'airain.

 

Tu te relèves alors.

Tu es dans une église.

Tu te dis « je suis mort » !

Et prie avec hantise.

 

Tu as chaud, tu es bien

Et tes larmes ont séché.

Tu te sens très serein

Dans ce haut-lieu sacré.

 

Tu pousses alors la porte,

Tu es devant chez toi !

Deux bons gros chats t'escortent

Dans leur joli patois.

 

Tout cela fut un rêve ?

Non, tu n'as pas dormi.

Ce voyage est la trêve

D'un esprit endormi.

 

Tu recrois en l'Amour

Grâce à cet être exquis

Disparu un beau jour

Sur une île, sans bruit.

 

Tu n'es plus seul au monde,

Mais vas former la ronde

Pour le bonheur d'autrui,

Et pour vaincre l'oubli.

 

 

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