L'île verte : Chants 3 & 4

Sébastien Bouffault

3 - L'aventure

 

Tu as tout à gagner.

Lève-toi doucement

Et ouvre les volets.

Tu vois, le monde est grand !

 

Oublie-toi, oublie-toi,

Ne réfléchis pas trop.

Pour la première fois,

Aie l'esprit en repos.

 

Tu n'es de ta misère

Que le seul responsable.

Ne jette pas la pierre

À tous les incapables.

 

Redonne-toi confiance,

Tu es quelqu'un de bien

Et mets fin aux souffrances

Qui te minent en vain.

 

Une nouvelle page

Dans ta vie s'est ouverte :

De nouveaux paysages

Dans ta plaine déserte.

 

Tout est à découvrir,

Rien n'est à redouter.

Tu as connu le pire,

Tu ne peux plus tomber.

   

Regarde ce soleil,

Il a ouvert ta lune

De paix et de merveilles,

Plus une peur aucune.

 

Il est là, généreux,

Te montre le chemin.

Il t'offre un ciel tout bleu

Et de beaux lendemains.

 

Il n'est jamais trop tard

Pour vivre une autre vie,

Rayer de sa mémoire

Ses doutes, ses soucis.

 

Tu vas beaucoup apprendre

Et ton expédition

Va te faire comprendre

Que nous avons raison.

 

D'autres lieux, d'autres gens,

Tout sera inconnu.

Jette cartes et plans,

Ton vieux monde n'est plus.

 

Tu as fait tes valises

Et passes le quai.

Au large des balises

Dansent par un vent frais.

  

4 - la mer

 

Tu t'en vas sur la plage

Ferme les yeux, écoute

Le vent et les nuages

Font pleuvoir quelques gouttes.

 

Les vagues sur le sable

Crépitent en  mourrant,

Symphonie inlassable,

Bercée par le courant.

 

Ces monstres gonflés d'eau

Arrivant de si loin

Finissent en rideaux

Insignifiants et fins.

 

D'autres vagues, moins mûres

S'en vont se fracasser

Sur cet immense mur

Que forment des rochers.

 

Des bateaux vont au large.

Sous le fin horizon

Semblent perdre leur charge,

C'est que le monde est rond.

 

Bientôt ce sera toi

Qui sur un tel navire

Passera les détroits,

Pour ton plus grand plaisir.

 

Au-dessus de ta tête

Planent des goélands.

Il règne un air de fête

Dans ce ciel pluviotant.

 

Mais au loin on confond

Bleu-ciel et bleu marine,

Les cieux sont si profonds

Et la mer est câline.

 

Tu t'approches à présent,

Enlèves tes chaussures,

Et trempe tes pieds blancs

Dans l'écume si pure.

 

L'eau te paraît glaciale

Mais tu attends un peu.

Elle est loin d'être sale,

Elle est limpide et bleue.

 

Au retrait de la vague,

Tu crois que tu avances,

Que ton esprit divague,

Énigme de la science !

 

Mais tu reviens enfin

Après un long moment.

Au plaisir une fin,

C'est le commencement !

 

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