L'île verte : Chants 9 & 10
Sébastien Bouffault
9 - La rencontre
Un soir où tu es triste,
Où ce qui était beau,
En devenant artiste
Se transforme en lambeaux,
Où ton amie la lune
Qui t'a tant consolée
Disparaît sous les dunes
Où se met à voler,
Ce soir-là tu La vois,
Et ne peux pas y croire.
Elle est là, dans les bois,
Une ombre dans le noir.
Tu La suis, elle fuit
Et tu entends ses pas
Mais soudain, plus de bruit.
Est-elle encore là ?
Dans le noir tu avances,
Butes contre des souches.
Tu cherches sa présence
Elle est un peu farouche.
Tu La perds, La retrouve
Tu La vois disparaître !
Elle est telle une louve,
Magicienne peut-être.
Soudain pris de vertige,
Tu tombes à la renverse
Et tout ton corps se fige.
Tu sens comme un averse
Couler contre tes joues,
Tu te réveilles alors
Elle t'attend, debout,
Elle a des cheveux or.
Elle te tend la main
T'aide à te relever.
Tu es comme un gamin,
Ne peux rien prononcer.
Son visage t'inspire
Un prodigieux respect.
Elle a les yeux saphir
Et d'un ange l'aspect.
Elle vit sur cette île :
Tu ne l'avais pas vue.
Tu sembles bien fragile
Face à cette Inconnue.
C'est un autre langage
Très doux et très sensuel.
De ton cœur le tangage
Est un vibrant appel.
10 - Ai
Elle est tombée du ciel,
A mis fin à tes peurs,
Phobies existentielles,
Te fait croire au bonheur.
Ses yeux sont très profonds,
Tu ne peux échapper
À ces doux reflets blonds
Sur sa peau si bronzée.
A tout ce qu'elle dit,
Tu souris bêtement
Pour signifier un « oui »,
Puis te serres les dents.
Tu lui fais voir la carte
Que tu as dessinée,
Lui montres les pancartes
Que tu as fabriquées.
Elle parait sensible
À tous ces beaux efforts.
Ton île si paisible,
Après un tel trésor
Te rend bien trop nerveux.
Cet endroit est magique,
Tu deviens amoureux :
C'est vraiment fantastique.
N'est bonheur que ce qui
Est vécu par plusieurs.
Dis adieu à l'ennui,
Fini longues torpeurs,
Par ce mystérieux lien
Te voici attaché
À ce corps féminin
À ce teint si doré
Qu'il cache de tes yeux
Les rayons du soleil.
Son parfum délicieux
Et ses lèvres vermeille
T'attirent n'importe où.
Tu n'as d'autre mission
Que de baiser son cou :
L'effet de la passion.
Est sur toi surprenant.
Des espoirs ressurgissent
Du passé, du néant,
Des sourires fleurissent,
Masquent de leurs pétales
Tes si vieilles souffrances
Que tu croyais fatales.
Tu vis ta délivrance !