Lily et les Juniliens

qiyan

Lily voulait parler à un Junilien.

Sur Netrus, la nuit, il n'y a pas un bruit. Les cratères bullent tranquillement leur lave rosée projetant sur le sable craquelé une douce lumière rouge orangée. Alors que le jour, les étoiles ont la taille de soleils qui virevoltent dans l'air en s'enfonçant dans l'épais rideau noir du ciel, à cette heure, il n'y a plus un astre pour éclairer la planète lointaine.


C'était la fin de l'après midi, Lily s'était allongée pour la sieste sur un rocher moelleux. Tandis que les volcans illuminaient ça et là les quelques promeneurs qui s'attardaient sur Netrus, Lily observait le ciel et sa multitude de planètes dont elle avait appris le nom à l'école. Junile et Rafton étaient les plus proches.


Pendant les vacances, les habitants de Rafton venaient par grands groupes se balader sur Netrus y observer les splendides cratères et s'y reposer à l'ombre des soleils dans les grottes frigorifiées. Mais, jamais les habitants de Junile ne daignaient faire du tourisme dans cette région. Certains de l'école de Lily s'étaient vanté d'avoir épié des Juniliens sautiller de rochers en rochers aux alentours des lacs de neige au sud. Mais, aucun de ces voyeurs n'avait pu leur adresser la parole.


Lily avait entendu beaucoup d'histoires sur les Juniliens. A Netrus, on disait qu'ils étaient des êtres fourbes et orgueilleux dont les mouvements d'humeur avaient des conséquences climatiques effroyables. Leur planète dramatiquement inondée par endroit et terriblement asséchée dans d'autre devait être la preuve de l'expression démesurée de leurs tristesses et de leurs colères. Ils étaient plus gros et plus rouges que leurs voisins de Rafton et les cinq oreilles autour de leur tête leur permettaient d'entendre le son des étoiles lorsqu'elles parlaient entre elles. Leur langage devait changer à chaque anniversaire ainsi portaient-ils sur leur huit doigts d'imposants anneaux symbolisant leur âge.

Lily rêvait de rencontrer un Junilien, elle avait tant de questions à leur poser. La petite fille voulait savoir pourquoi leur planète scintillait au rythme des vents de la galaxie, elle se demandait s'ils connaissaient d'autres univers et s'ils avaient voyagé au delà du ciel noir.


Depuis le début des vacances scolaires, elle passait ses nuits à scruter le ciel en espérant qu'un objet volant se déplace de Junile à Netrus. En prévision, elle avait réuni toutes ses économies et acheter un traducteur de langues. Grâce à cette machine, il lui suffisait d'entrer l'âge du Junilien et la traduction se faisait automatiquement.


Ce soir là, un petit vaisseau blanc en forme de boite à chaussure s'avançait vers Netrus. Tout droit venu de Junile, l'engin se posa devant la grotte où Lily s'était refugiée. Elle était tout excitée à l'idée de voir sortir le visiteur. Alors que la porte s'ouvrait, Lily sortit sa machine et attendit de voir le nombre de bagues. L'extraterrestre se montra, il avait en effet cinq oreilles autour de la tête et huit doigts mais dans ses yeux et au coin des lèvres, une gentillesse paisible et une bienveillance surprenante. Six bagues. La petite fille tapota son message d'accueil.


« Uonyung guing lin! -Bienvenu cher voisin- fit la machine.

- Blefta répondit le touriste.

- Merci traduisit la machine.»


D'un coup l'appareil se mit à grésiller en vibrant de toute part. Le Junilien et Lily ouvraient grands leurs yeux et, sans prévenir, le traducteur se stoppa net. Lily était dépitée, elle ne pourrait poser aucune de ses questions. Elle décida alors d'abandonner le traducteur et de partir se promener avec le visiteur dans la région volcanique. Son nouvel ami semblait ravi de voir les paysages en sa compagnie. A la fin de leur grand tour, avant de redécoller vers sa planète voisine, il s'arrêta et agita ses huit doigts sur un bout de bois. Il le tendit à Lily et repartit.

La petite fille avait ensuite fouillé toute sa chambre pour retrouver son vieux dictionnaire de langue. Mot à mot, elle traduisit le message.

« Merci pour ce joli circuit. Tu es la bienvenue sur Junile Ville, 8 voie des Arcanes. Carlos. »

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