Le goût des nuages

anton-ar-kamm

Le petit Casimir ne rêve jamais. Le Marchand de rêves saura-t-il l'aider ? Concours Lunii - Un garçon, une cité volante, un marchand de rêves, une télévision sans écran

Casimir était un petit garçon qui détestait aller dormir. Et alors qu'il couchait chez Mamie ce soir-là, on pouvait entendre :

- Je n'ai pas sommeil !

Mamie sourit :

-Et pourquoi donc ?

- Je ne rêve jamais !

- Il faudrait en parler au Marchand de Rêves. Il saurait quoi faire.

- Qui c'est ?

- Il distribue les rêves à tout le monde. Il aurait sûrement une solution à ton problème. Il habite dans le ciel, dans une cité volante.

Elle sortit une fiole de sa blouse.

- C'est une potion magique. Grâce à elle, tu pourras le rencontrer.

Elle déposa deux gouttes sur sa langue.

- Et maintenant, passe une bonne nuit.

Seul dans sa chambre, Casimir avait un peu peur. A quoi pouvait ressembler ce personnage ? Il bailla plusieurs fois. Il se sentait de plus en plus léger, comme une plume. Soudain, il constata qu'il ne touchait plus son matelas. Extraordinaire ! Il volait !

Il quitta sa couette aussitôt et s'envola par la fenêtre. Il monta si haut dans le ciel que la maison de Mamie devint un petit point perdu parmi d'autres.

Il dépassa les nuages et, très vite, il aperçut la cité du Marchand de Rêves : un château suspendu à des milliers de ballons ! Un peu impressionné, Casimir voltigea jusqu'à une fenêtre pour y jeter un œil.

A l'intérieur, un personnage grand et maigre se tenait recroquevillé sur un tabouret en bois. Il regardait ce qui ressemblait à une télévision sans écran.

Casimir poussa le battant, pénétra dans la pièce et s'approcha.

- Bonjour, vous êtes le Marchand de Rêves ?

L'être sursauta et déplia sa carcasse. Plus grand qu'un adulte, il portait un costume si petit que ses chaussettes et sa chemise en dépassaient.

- Tu m'as fait peur, je ne t'ai pas entendu arrivé. Tu es Casimir, n'est-ce pas ?

Devant la surprise du garçonnet, l'être reprit :

- Je suis le Marchand de Rêves. Je connais la terre entière.

- Eh bien moi, dit Casimir, je ne rêve jamais. Pouvez-vous m'aider ?

- C'est embêtant. Je vais t'apporter mon aide.

Il s'approcha de la fenêtre, glissa deux doigts dans sa bouche et siffla très fort. Un petit nuage s'approcha. Le Marchand de Rêves en attrapa un morceau pour le tendre à Casimir.

- Regarde ce nuage, à quoi te fait-il penser ?

- Je ne sais pas.

- Ton problème est là. Le secret des rêves est de laisser faire son imagination. Essaie encore.

Casimir observa le nuage.

- Je sais ! On dirait une glace à la vanille.

Le Marchand de Rêves l'encouragea.

- Là, on dirait des pépites de noix de coco !

Enthousiaste, Casimir mangea le petit nuage. C'était froid, doux avec un délicieux goût de vanille et de noix de coco. Il se régala.

- Très bien, le félicita le Marchand de Rêves, maintenant le deuxième exercice !

Ils s'approchèrent de la télévision sans écran.

- Voici ma télévision et nous allons la regarder ensemble. Ferme tes yeux et imagine ce que tu souhaiterais regarder.

Casimir imagina une aventure avec des chevaliers, au cours de laquelle il devait sauver une princesse. Mais alors qu'il allait pourfendre un dragon, une voix le happa en dehors de l'histoire...

… pour se réveiller dans sa chambre, Mamie près de lui. Il était revenu de chez le Marchand de Rêves. Sautant au cou de Mamie, il dit :

- J'ai rencontré le Marchand de Rêves ! J'ai mangé un nuage, et il avait un goût de glace à la vanille, et après on a regardé une télé sans écran et j'ai sauvé une princesse et...

Casimir reprit son souffle et Mamie eût un petit sourire malicieux et satisfait.

Depuis ce grand voyage, plus aucune nuit ne fit sans rêve pour Casimir.

Et il avait juste suffit pour ça d'un peu d'imagination.

Signaler ce texte