L'image du bonheur

aile68

Savoir pourquoi on a envie de pleurer, de rire, trouver la clef qui tourne dans la serrure, celle qui nous ouvre la terre entière. Continuer sur la voie de la patience, faire les choses en temps et en heure, avec l'assurance de la sagesse. Se demander pourquoi la nuit tous les chats sont gris,  c'est parce que tant d'êtres cachent leur étrangeté dans la lumière blafarde des rues populaires, les différences entre les gens s'effacent dans le bruit des verres qu'on entrechoque. Avoir l'impression de happer le sens de l'existence en une fraction de seconde, laisser cette dernière s'échapper comme une étoile filante, du sable entre nos doigts, comprendre enfin que ce n'était qu'une illusion. Au moment où l'on refait le monde, de jour comme de nuit, des êtres solitaires subissent les heures, les secondes comme de longues journées de pluie. Où est-on, où va-t-on dans nos humbles demeures? Que sont ces maisons cossues, ces signes extérieurs de richesse dans les beaux quartiers du centre ville? Passer tranquillement, longer sereinement ces beaux palaces ou avec la rage dans le ventre. C'est là qu'on se rend compte ce qui nous manque vraiment, pourquoi on a envie de pleurer, de rire certains soirs quand on rentre chez soi. On se laisse aller à la dérive devant la télé qui rit ou qui pleurniche niaisement, on se jure qu'on y arrivera, que ce n'est pas toujours une question de temps. Et avant que le temps passe encore et encore, tu te regardes dans la glace cherchant à happer encore l'image du bonheur.

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