L'immigrée à la chaussure blanche épde 10 suite
lenfant-du-pays
J’ai bien envoyé les morceaux de pangolin dans l’estomac pendant que mon beau-frère jouait tant bien que mal les amoureux. Que je sache qu’il était marié me rendait dingue.
S’il m’avait dit que c’était pour ce genre d’invitation, je ne serais jamais partie avec lui.
Il m’avait demandé de l’accompagner « quelque part », comme le font tous ceux qui ont une double vie. N’ayant rien à faire ce jour-là, je me suis retrouvée dans les forêts de Douala.
Si mes deux coépouses* qui ont toujours été gentilles avec moi, avaient été au courant que je connaissais la maîtresse de leur mari, elles ne me l’auraient pas pardonné.
Bref l’idylle n’a pas duré longtemps. Quand la fille lui a annoncé qu’elle était enceinte et que c’était lui le père de l’enfant, l’amour est immédiatement sorti par la fenêtre !
Quelque part, il avait raison de prendre fuite, car, avec la galère les filles sont devenues très dangereuses, attribuant ainsi 5 pères à un bébé. Chacun ignorant l’existence et le rôle de l’autre. Ainsi ils apporteront chacun à son tour, du lait, des vêtements et la ration de la mère. Que voulez-vous ? Parfois, les hommes méritent bien qu’on les trimbale de cette façon. En cherchant bien, tu trouveras tous les hommes à ses pieds. Par contre, quand une femme est sérieuse, là les hommes sont mauvais. Soit, ils ne se rendent pas compte, soit ils sont bêtes ou encore, ils aiment se faire malmener de la sorte.
Mais aussi, avec quels moyens mon beau-frère devait-il s’occuper de cet enfant ? Il prit un marathon qu’on ne pouvait ne saurait pas qualifier. Ce fut la faim d’une histoire et un bâtard de plus largué dans la nature.
Les deux femmes se débrouillaient en vendant, l’une des bâtons de manioc au bord de la route, l’autre, l’odontol, ce whisky local qui a toujours brûlé nos gosiers. Elle le vendait dans une vieille fourgonnette qui errait dans la rue, abandonnée par son propriétaire depuis des années. Souvent, elles se battaient pour plaire continuellement à leur époux, elles mettaient la table tous les soirs tout en sachant que ce dernier ne rentrera pas.
La première épouse avait un bénéfice d’environ 1000 francs CFA par jour avec lesquels, elle préparait le seul repas du jour. Le bénéfice était insignifiant et minable par rapport au soleil qui lui brûlait la peau au quotidien. Mais ça en valait la peine, sinon on crève…
Merci, j'ai lu l'ensemble des "L'immigrée à la chaussure blanche" avec intérêt, j'aime !
· Il y a environ 13 ans ·Edwige Devillebichot