L'inconnu

lorine

   Je me souviens encore très bien de cet instant lointain. Un grand soleil illuminait la ville. La première chaude journée après un hiver rude. Dans le centre-ville, sur un petit pont fleuri– alors que je profitais des premiers rayons du printemps – je vous ai croisé.

  Vous étiez beau, tellement beau. On dit qu'avec le temps, on ne se souvient plus des visages et qu'ils finissent par n'être qu'un vague souvenir sans forme ni saveur. Vous savez quoi ? Je vois encore le votre dans ses moindres détails. Vous aviez un visage si fin, si doux, si gracieux, presque féminin. Je me souviens de vos lèvres, elles étaient très fines. Vous aviez dû vous blesser. Une petite coupure encore bien nette rougeoyait sur le coin inférieur gauche de votre bouche. Votre nez était fin, vos cheveux étaient blonds et chatouillaient votre front. Votre démarche était assurée et votre corps élancé. Je me souviens des détails discret. Un grain de beauté sous l'œil droit, une main parsemée de traits d'encre, une tâche de naissance sur le cou.

   Mais ce qui m'a le plus marqué, ce sont vos yeux. Ils étaient grands, bleues et brillaient de vie, d'émotions multiples. Vous n'imaginez pas tous ce que j'ai pu voir à travers ce miroir de l'âme. Ils m'ont touché alors que votre visage était neutre et pensif. Votre regard, perdu dans ses limbes rêveuses, j'en ai rêvé bien longtemps. Je n'ai rien oublié de tous ça, à part la manière dont vous étiez vêtu. Ça n'a pas d'importance.

   Et puis vous m'avez dépassé et moi j'ai continué mon chemin, sans même me retourner. Et pourtant vous m'avez marqué. Ça fait un an maintenant et – si je ne rêve plus de vous toutes les nuits – j'y pense encore souvent.

   Pourquoi je ne vous ai pas arrêté ? Je ne crois pas au coup de foudre. Détrompez-vous, je ne suis pas malheureuse en pensant à vous, juste nostalgique. Je pense à vous comme à une œuvre d'art qui m'aurait touchée, comme à un éclair de beauté éphémère ou comme à un paysage libre et sauvage de mère nature. Je ne sais pas qui vous êtes, d'où vous venez et je ne cherche pas à vous retrouver. En fait, avec le temps, j'en suis même venue à douter de votre existence. C'était tellement fugace et je vous ai tant rêvé.

   Et même si je n'attends rien et que ma vie actuelle me convient, j'espère secrètement vous recroiser, à chaque fois que je traverse ce petit pont de fleurs, au milieu du centre-ville.

  • En fait, ça ne m'est pas arrivé personnellement. C'est une chanson qui m'a inspirée ce texte. Je ne me souviens plus du nom (en plus j'étais ado quand je l'ai entendue la première fois) mais c'est une femme qui croise un homme et qui en deviens obsédée et je l'ai réentendu , il y a pas longtemps, et j'ai écrit dessus. J'aurais bien mis le titre de la chanson mais je m'en souviens plus du tout !

    · Il y a plus de 9 ans ·
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    lorine

  • tu le recroisseras un jour sans t'y attendre...ton histoire est tellement belle et quoique qu'un rien douloureuse.
    ca m'est arrivé 2x..j'attends la 3eme avec impatience pour pouvoir l arrêter ...tiens nous au courant!

    · Il y a plus de 9 ans ·
    Papillon

    branche

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