L'intérieur du galet

rechab

Lorsque le flot s'épuise,
Et qu'on peut franchir de la rivière,
Son lit clair, sans crainte d'être emporté,
Je pensais qu'il était possible, en brisant un de ces galets,

Que leur peau recouvre des entrailles, un gemme
où se cachent cavités et cristaux,
à la façon d'un oeuf , ou de ces améthystes,
refermées sur leur carapace.

Une circulation mystérieuse,
un secret, un "être abstrait".
Doué d'autonomie, clos sur lui-même,
comme de ces cloportes,et leur armure.

Mais le galet, ne livre que le semblable.
Habité par l'inertie.
Sa nudité lisse et ronde, portée sur l'extérieur,
N'est qu'un intérieur qui s'expose.

Un pur contenu, sans contenant,
sinon la forme,
Celle, modelée des usures,
de sables, de glaces et de pierres

Enfanté d'autres roches, dévalées de l'amont,
vers de liquides couloirs .
Des nuits épaisses,habitées de truites
et de gardons, aux furtifs passages.

Les herbes ne fissurent pas le jour.
Le galet prend l'apparence de ton sein.
Il lui manque quelque part le battement du pouls.
C'est ce que trahit son poids de matière .

J'ai cherché au-delà du lit,
Et du brancard de boue,
Sous les joncs pensifs
De quoi reconstituer une paire.

Mais nulle part,
Je n'ai trouvé le semblable,
Les mêmes cristaux, et encore moins,
Le grain de ta peau.

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RC - nov 2014

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