L'interruption
albane-soren
"Mange" m'a t’on dit, "Mange" me dit-on.
Me voilà sur ma chaise, sans l'ombre d'une envie,
Refusant chaque bouchée, son canot de survie,
Assommée de morale... sans un mot, sans un hâle.
"Il le faut" pour mes os, mon esprit ou mon ombre,
Calorique, tu pénètres, m'investis, me fatigues.
Vaisseaux et cellules, impatients dans leurs bulles,
Attendent l'élixir, papillonnent de désir.
Mais je ne peux t'Adorer, même venu du Délice,
Chaque parcelle, molécule, enzyme ou bactérie,
Chaque ardeur accueillie bien au creux de mon ventre,
Te nourrit, te condamne, inconscient, vers la Vie.
Là, ma main et la tienne, à travers l'abdomen,
J'imagine notre vie, nos prairies, notre Eden,
Ô Jeunesse trop fragile, malheureuse, assassine,
J'ai choisi ma survie, t'en laissant le poison.
Ame errante, ton scalpel, congédiée par curetage,
Sur le fleuve des dilemmes, annonce mon long Naufrage.
Un sujet délicat, un texte très dur et très fort ou l'amour point malgré l'inéluctable.
· Il y a plus de 12 ans ·Yannick Darbellay