liste 12 : "matril"

Florence

"méfie toi, l'araignée qui te piquera se trouve souvent là où tu dors paisiblement" etienne delcroix

MATRIL, le géant de l'industrie charcutière se retrouvait une fois de plus traîné dans la boue par les tribunaux. Il écopait de larges amendes, qu'il payait rubis sur l'ongle ; L'état était content et comme à chaque fois tout rentrait dans l'ordre, sans trop faire de vagues.

Mais la vague, cette année là prit des allures de tsunami.

Le taux de cancers digestifs, multiplié par deux malgré les mesures prophylactiques du gouvernement, avait été relié de manière irréfutable au géant de la viande.

Ce n'était pourtant pas les cyborgs , employés à la chaîne de la gigantesque usine, qui avaient condamné les pratiques habituelles de gavage, de surpopulation animale, les procédés de fabrication ou d'abattage . Les robots ne trahissaient pas leur patron contrairement à ces connards d'écolos végétariens , épicuriens à deux balles et autres empêcheurs de tourner en rond qui avaient à l'époque dénoncé en caméra cachée les horreurs découvertes en interne.


Le PDG de MATRIL était bipolaire, c'était un fait connu. Dans ses phases maniaques, il avait des idées géniales. Sa dernière en date, source de profits mirobolants, était l'incubation accélérée.

Son équipe de chercheurs avait démontré que l'animal pouvait être tout à fait comestible sans être doté de pattes, ce qui était une première étape, mais également sans yeux, sans sexe et sans cerveau.

Des tentatives de diversification amenèrent également le groupe à concevoir des cyclamens safranés à deux tête et des vaches à 12 pis pour booster la production, mais les prototypes crevèrent

Face à une vision prophétique si noire, qualqu'un osa enfin se dresser, un avocat anglais du nom de burton.

Bien que sa vie fut abrégée par un accident funeste, (...)

les resaux sociaux du monde entier relayèrent et amplifièrent son appel. La population affirma son ras le bol par de nombreux actes de résistance : boycot de la viande, manifs à grande ampleur, destructions d'emblèmes symboliques, contre- propagande sur internet. Oui des alternatives existaient, oui le lobbying organisé était une force puissante et pouvait mettre MATRIL à genoux ! Et bien que le combat dura plusieurs années, les usines du magnat fermèrent les unes après les autres.

Petit à petit, de mignonnes petites coopératives et élevages en plein air firent leur apparition sur tout le marché et remplacèrent les sites proscrits.

Laissant encore passer quelques quinzaines d'années, Matril racheta une a une toutes ces petites unités sous le nom charmant de CARACOLE, ce qui sonnait frais comme un petit poulain en liberté...

D'une patience à toute épreuve, le groupe indémontable savait que la vague verte passerait. Les gens commençaient à se plaindre du prix de la viande, les sensibilités s'émoussaient, d'autres sujets de préoccupation plus urgents ,plus gravissimes avaient supplanté la question de la maltraitance animale. Le terrain était propice à un come back en douceur. Après tout, s'ils voulaient leurs steak avec des pattes ils en avaient le droit...le client est roi.

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