L'OEUF ou LA POULE

Hervé Lénervé

Qui des deux vint le premier ?

§ 2

Bon, je n'ai pas fait beaucoup d'émules lors de ma première prestation, m'en fous, j'en remets une couche.

  

***

 

Question philosophique par excellence : Qui de l'œuf ou de la poule est venu le premier ?

Mais avant que de répondre « bruillantissimement » à cette délicate et épineuse question, je voudrais préciser la différence entre la philo et les Sciences.

Les deux ont le même Sujet d'Etudes, à savoir : comprendre le Monde dans lequel nous vivons,  au sens le plus large du terme.

Par contre, les Méthodes d'investigations policières diffèrent.

Un, la philo utilise une méthode introspective, c'est-à-dire, rechercher, parmi ses pensées, des réponses en respectant des liens de cohérence, d'où la naissance de la dialectique. Logique aristotélicienne (à ne pas confondre avec son école péripatéticienne et encore moins avec la pratique « prostituéïcienne ») : deux prémisses amenant à une conclusion généraliste (syllogisme). Maintenant tout le monde connait la portée limitée de l'exercice :

Tout ce qui est rare est cher,

Or un cheval à un sou est rare,

Donc un cheval à un sou est cher. (Sophisme)

Deux, les Sciences utilisent une méthode expérimentale, maintenant il est des sujets revêches qui se plient difficilement aux expériences. L'homme en son intégralité en est un. Pour cette raison la psychologie va le morceler en fonctions, tels : la Mémoire, l'Apprentissage, la Motivation, les Activités cognitives, etc…

Si un chercheur pour comprendre l'humain le morcelle en morceaux, ce n'est pas un psychologue, c'est un psychopathe et il faut se méfier des charlatans dans ce domaine.

Mais revenons à la question fraiche du jour.

Donc, pendant que les philosophes tournaient en rond, en s'interrogeant sur la survenue initiale de l'œuf, duquel nait la poule ou de la poule, qui pond l'œuf, des biologistes, de leurs côtés, trouvaient le premier principe du vivant : La complexité biologique ne peut évoluer que du plus simple vers le plus compliqué. (Teilhard de Chardin qui était un paléontologue distingué et un jésuite patenté, no body is perfect.) Sur cette Terre que l'on croit nôtre, car on prend le droit de la maltraiter, il n'existe pour le vivant que deux cellules. Les cellules végétales, dites autotrophes, car elles puisent leur énergie directement des photons du soleil et les cellules hétérotrophes qui doivent manger des végétaux ou des animaux pour assurer leur métabolisme.

Or pour les biologistes, les cellules végétales sont beaucoup plus compliquées que les cellules animales, because la transformation de l'énergie photonique  en molécules ATP (adénosine triphosphate, genre de petit accu, qui peut casser sa queue phosphate pour libérer de l'énergie, puis devenue ADP (byphosphate), elle revient au garage pour se faire re-charcher.) Ceci demande la possession d'une usine métabolique hâchement compliquée. Bon, de toute façon, ce sont les biologistes qui nous disent cela et nous, couillons de la Lune que nous sommes, on est bien obligé de les croire, autrement autant croire à l'existence de Dieu et là tout est réglé, puisque dans un registre de croyance, le postula « Dieu Existe » ne peut être remis en question et comme il a créé tout ce qui nous entoure avec nous au milieu, pauvre Pierrot lunaire de la Plume que nous sommes, dans le même temps, parce qu'il lui en restait un peu, du temps à perdre, la méthode devient ici, magique. Mais pourquoi pas ? Dieu a tous les droits et ceux qui croient en lui, n'en ont pas moins. Le tout étant de savoir dans quel registre on se situe quand on parle, se disait l'aveugle au bord de la falaise.

Donc, pour être clair, les scientifiques se trouvaient devant la même énigme que les philosophes.

Un, une cellule animale, plus simples, devaient venir en premier.

Deux, elle ne trouvait rien à manger, embêtant, donc elle repartait dans les limbes de la non-existence.

Trois, on n'était dans la même merde que les intellectuels du chapeau.

Jusqu'au jour où un biochimiste, tout petit, rappelons son mon pour le grandir un peu, Oparin, s'appelait-il à ne pas confondre avec Opardeux qui était son frère, émit l'hypothèse que de la nourriture, sur Terre ou plus exactement sous l'eau, aurait pu être stockée, apportée par des météorites nourricières, sympa les météos. C'était bien beau, tout cela, mais ce n'était qu'une hypothèse parmi bien d'autre. (Ils appelèrent cela la « panspermie » honnêtement, je ne sais pas trop pourquoi, peut-être parce qu'ils pensaient avoir la permission « d'hypotéser » n'importe quoi ?  Or, un autre biologiste, Stanley Miller, pas Russe celui-là, mais bien américain, comme pas nous, fit une découverte de labo assez impressionnante. Dans une sphère, il recréa les conditions initiales de la Terre d'il y a bien longtemps, bien avant que nous soyons nés, si, si. Il émit des décharges électriques dans sa sphère pour remplacer les violents orages qui déchiraient le ciel en ces temps reculés et obscures et que recueillit-il après un certain temps de décharges ? Non ! Pas un bébé. Quel est le couillon qui a dit ça ? S'il ne se dénonce pas tout de suite, je préfère tout arrêter maintenant…

Personne ? Okay, alors, adieu !

 

FIN

 

Bon ! J'arrête de faire ma starlette et devant l'insistance de mes fans virtuels et pourquoi n'en aurais-je pas ? Je reprends.

Alors que Miller aurait pu trouver un peu n'importe quoi, au bout d'une semaine d'électrocution de sa sphère. Il recueillit entre autres, des acides aminés, molécules primitives de la composition du vivant. Ces petites molécules ont la propriété de s'accrocher entre elles, comme les wagons d'un train pour créer des macromolécules qui finiront par constituer l'abruti qui viendra faire du bruit avec sa tondeuse le dimanche matin sous vos fenêtres.

Miller avait en sa possession les éléments du vivant comme le maçon collectionne les briques pour en faire une maison. Il ne lui restait plus qu'à les agiter dans ses mains, pendant quelques centaines de milliers d'années, pour obtenir un pavillon de banlieue dernière génération. Bien sûr j'entends d'ici les arguments des théologiens de tous poils et de toutes obédiences, s'écrier : « Faux ! Sans un plan, sans un architecte, aucune maison ne sortira jamais des mains du maçon. Il faut un déterminisme pour créer la Vie. Une intelligence, tient divine, au passage, ça les arrange. »

Bon, admettons ! Maintenant, il est une phrase du biologiste George Wald, (que d'américains ici-bas), qui me plait bien : « Avec le temps, l'impossible devient possible, le possible probable et le probable virtuellement certains. » Bien sûr quand il parle de temps, ce n'est pas celui où nous sommes suspendus devant un feu rouge à attendre le vert si on est motorisé, le rouge si on est « pédestrisé », mais celui qui se compte en milliers de milliers d'années. Lire « Le Hasard et la Nécessité » de Jacques Monod, biologiste français et oui ! Il y en a aussi dans notre Douce France, pour les amoureux et les rêveurs, dans notre Puissante Patrie pour les chauvins et les militaires !

Bien, il va être temps que j'essaie de retomber sur mes pattes avec cette démonstration qui commence à battre de l'aile, donc résumons.

Sur Terre, la vie serait apparue avec des unicellulaires simples (les animaux hétérotrophes) elles auraient trouvé de la nourriture sous la forme de petites molécules dans la soupe primitive des océans, seraient ensuite apparues par évolution des unicellulaires plus complexes (les végétaux autotrophe).

Donc si on en revient à la métaphore de l'œuf et de la poule, l'œuf est indéniablement venu le premier, à moins que vous considériez qu'une poule est plus conne que son œuf. (Je sais que le QI de la poule ne frise pas les cimes, mais quand-même.)

La prochaine fois nous verrons le processus intellectuel de la Poule qui fonctionne par essais et erreurs. Ainsi nous serons pourquoi les poules n'arrêtent pas de traverser devant les roues des voitures et celui qui répondra, si elles traversent, c'est pour aller de l'autre côté, sera hors sujet.

 

Salut, les scienteux !

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