L.O.F.T

bartleby

5. Broichan

Silas me regarda. Ma chemise et ma jupe étaient sans dessus dessous, il me manquait un escarpin. Il posa brièvement son regard sur ma petite culotte tombée sur mes chevilles. À cet instant, j'eus le sentiment qu'une décharge électrique parcourait tout le long de ma colonne vertébrale. Il s'en rendit compte et détourna les yeux. Je m'assis. Il toisa Le Meccano et dit:

- "Il n'est pas méchant... Faut dire qu'il n'y a pas trop de femelles dans le coin en ce moment, alors forcément... Ça titille... Mais il a compris je pense.

- Merci...

- Pas de quoi. Va falloir être sage. Très sage, maintenant. Tu vas rester ici un très très très long moment parmi nous, alors il s'agira d'être bien obéissante, d'accord ?". Il me parlait comme a un chien, c'était dégradant. Mais il ajouta, en s'accroupissant et en baissant un peu la voix:

- "Fais-toi toute petite. Je ne pourrai pas venir à la rescousse de ta dignité tous les jours. On se comprend bien ?

- Oui oui...". Il se releva et prit un air supérieur.

- "Bon. Je vais t'ouvrir la salle de bain, tu te décrasses. T'as un quart d'heure. Il y a des fringues dans une armoire tout au fond du couloir. Cette pièce là reste ouverte, tu peux y aller quand tu veux". Il prit un air de dégoût et ajouta:

- "Rends-toi présentable pour rejoindre la cuisine, parce que là...".

Il me mena donc jusqu'à la douche. Puis il sortit et la porte émit cet horrible "clic", qui, j'en étais sûre, allait désormais hanter mes nuits. La salle de bain était gigantesque ! Luxueuse, faite d'email bleu, rutilante. Je laissai pousser un "Wouaaah !" d'émerveillement. Je regardai tout de même un peu partout pour voir si une caméra n'était pas branchée quelque part. Apparemment non, mais sait-on jamais. Je pris donc ces 15 minutes. Je me sentais mal, incroyablement mal. Béa ne me verrait jamais revenir. Mais non...! Il était hors de question que je reste moisir ici, dans cette maison de fous. Je me séchai, des tas de serviettes propres étaient mises à disposition. Puis la porte se déverrouilla. Je sortis, enveloppée. Nobody m'attendait. Elle m'emmena jusqu'au dressing.

- "Choisissez, vous n'aurez qu'à mettre ce que vous voudrez. Je pense que vous faites la même taille que celle qui vous a précédée.". Cette remarque me provoqua un haut-le-cœur. J'allais porter les vêtements d'une femme morte sous le coup de feu d'un d'entre eux.

Mes cheveux étaient encore mouillés, mais, suivant les conseils de Nobody, je les avais remonté en chignon. Elle prit le temps de me maquiller soigneusement. Fard marron pour mes paupières, rose fuschia aux lèvres.

- "Cela plaira bien à Broichan". Cela plaira bien... Encore un taré en manque ? Elle me hâta avant de revenir à sa porte. Il y avait un 8 sur sa porte. La mienne portait le nombre 10. À y réfléchir, cela correspondait à l'ordre des crochets dans le vestibule.

- "Les petits plats de Broichan n'attendent pas. Dépêchez-vous !". J'arrivai dans la cuisine précipitamment. Le dit Broichan avait dressé une table, dans le plus pur style rustique. Les serviettes portaient un anneau en osier. Elles étaient brunes et les verres étaient des petits ballons qui ne demandaient qu'à être remplis de vin rouge ou blanc. À côté des assiettes, il avait allumé deux chandelles. Une rose blanche semblait s'épanouir dans un petit vase fin. Il m'apparut tout sourire et s'essuya les mains sur son grand tablier. Il me dévisagea, bouche grande ouverte:

- "Oh ! Mon Dieu ! Ce que vous êtes belle ! Votre robe est terrible ! Sexy et tout, ohlala !

- C'est Nobody qui m'a conseillée de...

- Elle a bien fait, alors. Oui, c'est parfait, belle jusqu'aux boucles d'oreilles ! Mais je manque à tous mes devoirs. Asseyez-vous donc !". Le bonhomme m'apparut plutôt jovial. Il coïncidait parfaitement avec l'image que je pouvais me faire des cuisiniers : rondouillard, avec de grosses mains et sourire rayonnant. Ses yeux pétillaient de malice. Au premier regard, il détonnait totalement avec le reste des pensionnaires du loft. Expressément, il demanda:

- "Vous buvez ?

- Euh... oui un peu.

- Je vous ai préparé une blanquette de veau. Vous m'en direz des nouvelles !". J'adorais ça moi, la blanquette de veau. Mais je n'avais absolument pas envie d'y toucher. Parce que je ne voulais pas leur donner raison sur la façon dont ont m'avait traitée depuis mon arrivée. Ma captivité. Je sentais cependant l'odeur parfumée de la viande et mon ventre laissait échapper quelques gargouillis révélateurs. Derrière Broichan, la fumée s'échappait au dehors par un oscillo battant. Je le fixai deux secondes.

- "Ce n'est pas la peine d'y songer" dit-il sèchement en posant la marmite entre nos assiettes. J'eus un mouvement de recul sur ma chaise. De nouveau je pris peur. Il baissa immédiatement la voix:

- "Attendez, non, ce n'est pas ce que je voulais dire... C'est juste que moi-même j'ai réfléchis à cette éventualité, mais c'est impossible. Je suis comme vous. Moi aussi je voudrais quitter cet endroit !"

Trouvai-je un allié tout à coup ? Il poursuivit:

- "Je ne suis pas là depuis longtemps, mais j'ai bien compris que les anciens ont cessé d'espérer leur libération, comme si ils n'avaient plus de raison de partir. Le Meccano, peut-être, qui est là depuis 2 ans, mais sinon...

- Pourquoi êtes-vous retenus ici ? Pourquoi nous enferme-t-on ?

- Je n'en sais rien, personne ne le sait. Peut-être que nous ne le saurons jamais. Ceux de la chambre 1 et 2, éventuellement. Nous sommes logés par ordre d'importance dans nos chambres. C'est étrange ici. L'atmosphère est pesante et... vous avez entendu n'est-ce pas ? Ils ont tué tout à l'heure ! C'est terrible ! Et commis en toute impunité ! Ce n'est pas la première fois ! Pourtant, tout semble tourner, comme au sein d'une famille parfaite. Moi, je leur fait la tambouille chaque jour depuis 9 mois. Je cuisine, c'est tout. Ils m'ont choisi pour ça. Simplement, il y a toujours ce silence qui plane et nous restons là dans l'ignorance, le dépit, la colère et la tristesse. Le silence, juste le silence... Je ne devrais même pas en parler. Bon allez... Buvons un verre". Il prit une bouteille de blanc dans le frigo et saisit un tire-bouchon posé sur le comptoir américain, déboucha la bouteille avec un quasi professionnalisme.

C'est à ce moment que je me mis à pleurer. Il me rejoint et me prit dans ses bras.

- "Ne pleurez pas, jolie demoiselle, posez-vous, respirez calmement. Allez, mangez un peu. Il faut vous remplumer, vous êtes toute maigrichonne ! Il faut prendre des forces. Faites-moi plaisir, prenez votre fourchette.". Ce que je fis, un peu de baume au cœur. Il réussit à me soutirer un sourire.

- "Soyons amis. C'est important, ici. On se sentira moins seul vous et moi. Nous nous connaissons à peine, mais sachez que j'ai beaucoup d'affection pour vous. Vous semblez être une adorable femme. On tomberait très vite amoureux...".


  • Aucun commentaires ? je me lance alors : bonne écriture, prenante, mais je n'aime pas. C'est trop glauque pour moi.

    · Il y a plus de 6 ans ·
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    Marcus Volk

    • Oh mince alors : (

      · Il y a plus de 6 ans ·
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      bartleby

    • c'est mon seul avis Bart, concernant la trame, je ne sais pas trop où tu veux en venir, l'idée est bonne, juste que c'est trop glauque pour moi - mais j'aime ton écriture.

      · Il y a plus de 6 ans ·
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      Marcus Volk

    • C'est juste quelqu'un qui se fait enfermer. Là, elle découvre qui est avec elle. Ce n'est pas si glauque.., tu es bien sensible

      · Il y a plus de 6 ans ·
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      bartleby

    • J'ai vécu trop de choses... Je n'aime pas les enfermements contrains...

      · Il y a plus de 6 ans ·
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      Marcus Volk

    • Je suis désolée, vraiment. Je ne voulais pas te heurter. Le mieux, alors peut-être est de ne plus continuer à lire cette série.

      · Il y a plus de 6 ans ·
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      bartleby

    • J'y ai pensé. Mais non. A cause du style.

      · Il y a plus de 6 ans ·
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      Marcus Volk

    • C'est très flatteur. Alors, au prochain épisode !

      · Il y a plus de 6 ans ·
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      bartleby

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