Loin du réel

franekbalboa

Quelque part au loin. Son visage fait semblant mais au loin. Que s'y passe-t-il? On voit quelque chose comme une plaine désolée, un endroit désertique poussiéreux, délaissé, quelque chose qu'il cache loin des autres, dans son appartement froid, dans dans son cœur, dans ses côtes. Il fait semblant pour avancer. Ou plutôt pour ne pas reculer. Il fait même des rencontres, mais chaque fois qu'il semble y avoir un truc, une chappe de plomb vient démolir son maigre espoir, la cape de glace vient de nouveau enserrer son cœur. 

Glacial, oui, il peut l'être, surtout quand son physique ne veut pas suivre sa tête. Le sang coule le long d'un torse trop éprouvé. Aura-t-il un jour la chance d'aimer ? Il n'y croit plus depuis tant de temps. Il ne semble même plus vouloir faire semblant, de jouer à ce jeu sale, ce jeu ingrat, où celui qui gagne n'est pas celui qu'on croit, où celui qui perd est celui qui se perd, celui qui perd pied, qui, horrifié, se laisse entraîner, se laisse traîner, par cette passion, cette envie, cette saleté. 

Le cœur se refroidit après chaque épreuve. A croire qu'un jour il gèlera. Assurément, du moins, lui le croit. Un jour peut-être, il sera de glace, et à ce moment là surgira celle qui pourra prétendre tenir sa main et se laisser emmener. Ce type n'a rien à prouver, et tout à prouver. Ce qui est sûr, c'est qu'il est bien éprouvé. Son sang ne coule plus comme il faut, son cœur ne bat plus sous les flots, le tumulte de l'émotion, la peur du vide, l'euphorie d'un évènement, la tristesse d'un soupir. 

Les vannes sont fermées, les yeux desséché, le cœur gelé, son état est critique, et sur cette plaine poussiéreuse, il déambule, sans aucune idée de ce qu'il fait ici, comme étouffé, asphyxie d'un homme qui aimerait vivre, mais la vie n'est pas tendre et le balotte, elle ne lui laisse rien, pas de répit. Il se dit que c'est la leçon. L'âpreté de la leçon lui laisse un goût désagréable. N'a-t-il pas suffisamment appris ? 

La vie lui répond avec un nouveau défi, celui de se reconstruire, il ne le voit pas encore, il ne le comprend pas encore, il a les yeux fermés sur ce qu'il a devant lui, son âme s'est égarée aux confins des émotions, déboussolée et abîmée, flétrie et desséchée, il la retrouvera. Peut-être. 

En attendant, le vent souffle de nouveau, il le sent à peine sur sa peau. Il s'est allongé sur ce sol plein de poussière, le vent balaye la plaine, bientôt il sera englouti par ces nuages, il sera seul, et à l'abri, sous un tas de poussière, dont personne ne se soucie, évidemment, il sera soulagé, mais bien triste, parce qu'aucun ne devinera sa présence, aucun ne se souciera de sa conscience. Sa conscience continuera de s'user sous les vents poussiéreux de cette plaine désolée. 

Il sera bien loin du vrai, déconnecté, il l'est déjà, il semble croire que non, mais il l'est en effet. Peur du vide. Si proche mais si loin. Près du rien, loin du tout. Et quand on lui demandera ce qu'il y a, il sourira en répondant:

"Rien du tout..." 

  • Des plaines désolées à explorer, des vents à écouter. Peut-être des mots à mettre à la place de ce "rien du tout". Quelle est la couleur de celui-ci?

    · Il y a presque 5 ans ·
    Chat lunettes soleil

    lamandine

    • Poussiéreux et glacial probablement. D'une couleur sombre assurément.

      · Il y a presque 5 ans ·
      Djinn

      franekbalboa

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