L'ombre des jours
joowe
Jeanne, campée devant la vitre, telle un vigile vacillant, s’efforce à deviner quelques signes de vie à l’horizon. Depuis de longues heures, elle ne scrute qu’une herbe trop verte et des arbres trop sages pour ne pas être nés et avoir grandis au gré de la nature. Ces yeux clairs, de s’être oubliés si longtemps devant ce paysage inerte, ne voient plus que le reflet d’une pâle lumière sous quelques traces laissées là par un chiffon timide. Que lui importe, appuyée au radiateur, elle s’efforce de tenir debout, elle attend. Il n’y a que là, elle en est certaine, où quelque chose peut se passer, c‘est son unique espoir insensé et obsédant comme tout ce qui l‘entoure, comme cette chambre à qui elle tourne ainsi le dos pour essayer de l’oublier.
- Madame Guerdac, voulez vous bien vous coucher, dépêchez vous ou je vous attache!
Mais Jeanne n’a pas entendu, ses paupières se sont seulement fermées un instant comme pour balayer une image un peu trouble.
Des mains rudes et pressées la poussent et la bousculent, son corps se jette ou s’effondre sur son lit de solitude. Quelques bruits métalliques et les mêmes mains installent fermement les barrières. Ses yeux cherchent encore la fenêtre et s’embuent de quelques larmes.
- Il est trop tard, il ne viendra plus.
Ses mots confiés aux murs blancs se sont perdus comme tant d’autres. Des pas résonnent encore dans les couloirs de l’hôpital mais ils ne viendront plus jusqu’à elle avant que le sommeil n‘engourdisse ses craintes.
Désolée Brigitte, je suis "malvoyante" selon l'expression à la mode et l'utilisation des grosses lettres agace ou surprend certains alors je les rétrécie, c'était pas une bonne idée, merci de ton commentaire, à l'avenir,j'ajusterais différemment.
· Il y a environ 14 ans ·joowe
J'aime cette concision qui dit tout. Mais Joowe, pitié pour les yeux qui vieillissent.
· Il y a environ 14 ans ·brigitte--2
j'aime vraiment le style, encore bravo
· Il y a environ 14 ans ·lapoisse